Dans un monde où la surconsommation est encouragée à tout prix, deux repenties du Marketing ont délaissé des postes prestigieux pour prendre un virage surprenant. Valérie Vedrines, avec sa lettre ouverte contre l'écoblanchiment, appelle à une régulation plus stricte des déclarations environnementales des entreprises, une initiative cruciale pour maintenir la confiance des consommateurs, et soutenue par plus de 90 représentants du milieu des affaires.

Parallèlement, Fauve Doucet, via une campagne avec le Partage Club s'oppose à la consommation excessive du Black Friday en proposant une alternative plus responsable: Pour le Black Friday, n’achetez pas, empruntez!.

black friday

Ces initiatives visent à ouvrir un débat essentiel sur le rôle de chacun dans la société et l'impact direct de nos actions sur la planète, prônant une nouvelle ère de responsabilité sociale.

Le Black Friday au Canada: chiffres et réalités
Comme le mentionne un récent article de Retail Insider, on oublie souvent que Black Friday a été adopté par les détaillants canadiens seulement autour de 2009. Avec la crise financière, les grandes chaînes américaines ont imposé des soldes du Black Friday à leurs divisions canadiennes, puis les détaillants d’ici ont suivi. Aujourd’hui, il ne s’agit plus uniquement du Black Friday. Nous avons maintenant les offres du pre-black friday, Cyber Monday, Giving Tuesday, pre-Boxing week, Boxing week, etc. Amazon a même innové cette année en ajoutant des offres promotionnelles dès le mois d’octobre pour ravir le maximum de parts de marché.

Malgré l’augmentation de la pression financière dans les foyers canadiens, ceux-ci ne prévoient pas diminuer leurs dépenses cette année pendant cette période promotionnelle1. Cette période peut être très destructrice au niveau environnemental. Juste en Angleterre, en 2020, Black Friday a participé à l’émission de 429,000 tonnes d’émissions à effets de serre liées aux livraisons, représentant 435 aller-retour entre Londres et New York2. En plus de la production et l’emballage, 80% des items achetés au Black Friday sont jetés après quelques usages ou même après aucun usage. Aux États-Unis, les déchets augmentent de 25% entre le Black Friday et le Nouvel An2.

Les dessous du marketing et de la publicité :
Que se cache-t-il derrière les stratégies de vente du Black Friday? «En tant qu'ancienne Vice-présidente de grandes entreprises de commerce de détail, je peux affirmer que chaque aspect du marketing est minutieusement orchestré, explique Valérie Vedrines. Lors de campagnes telles que celles du Black Friday, rien n'est laissé au hasard: la fréquence des offres, l'escalade des messages publicitaires, les compteurs à rebours astucieusement positionnés, la palette de couleurs des courriels, ou encore la taille et l'emplacement des boutons d'action incitative. Ces éléments sont conçus pour transformer chaque promotion en une opportunité apparemment incontournable. L’objectif est que le pouvoir de la remise éclipse le besoin réel du consommateur. Les achats se font alors non pas par nécessité, mais par réaction à un prix qui semble réduit et attractif. Nos stratégies de communication visent à encourager l'achat impulsif, éloignant les consommateurs de la réflexion et de la décision mesurée. Il est temps de reconnaître et de remettre en question ces tactiques, pour favoriser une consommation plus consciente et alignée sur des valeurs environnementales et sociales.»

Derrière les campagnes séduisantes du Black Friday se trouve aussi une autre réalité moins glamour. La pression pour stimuler les ventes entraîne des heures de travail exténuantes. Ce phénomène a des répercussions alarmantes sur la santé mentale des professionnels, entraînant burnouts et désengagement dans l'industrie.

Dilemme des consommateurs :
Dans un contexte économique marqué par la récession, le Black Friday et les événements de vente similaires présentent un dilemme complexe pour les consommateurs. D'un côté, les réductions alléchantes offrent une opportunité de réaliser des économies importantes, particulièrement attrayantes dans une période où chaque dollar compte. D'un autre côté, une prise de conscience croissante se dessine autour des conséquences écologiques et sociales de ces achats compulsifs.

La question de la responsabilité dans ce cycle de surconsommation est multiforme. Les entreprises, avec leurs stratégies marketing agressives et leurs offres séduisantes, jouent un rôle clé dans la promotion de cette culture de consommation. Cependant, les consommateurs, en cédant à la tentation de ces offres, perpétuent également le cycle. Fauve Doucet souligne : «Il est essentiel que les consommateurs et les entreprises travaillent ensemble pour créer un changement significatif. Les entreprises doivent adopter des pratiques plus responsables, tandis que les consommateurs doivent être plus conscients de leurs choix d'achat.»

Pour naviguer dans ce dilemme, plusieurs solutions et alternatives émergent. Encourager les achats locaux et durables ou encore, adopter des modèles de consommation alternatifs, comme la mutualisation des ressources proposée par le Partage Club.

En reconnaissant et en abordant ce dilemme, Fauve Doucet et Valérie Vedrines espèrent éclairer la voie vers des choix de consommation plus responsables et plus durables.

1) SURVEY: Canadians planning more celebrations and intend to spend the same as last year despite financial challenges. Retail Council of Canada. 24 octobre 2022. https://bit.ly/3GuZgPm

2) This Is How Black Friday Hurts The Planet—But Attitudes Are Changing. Forbes. 24 novembre 2020. https://bit.ly/3GDGndf