Au-delà des jeux vidéo, la réalité augmentée a de nombreuses utilités encore méconnues, si bien qu’elle risque de se tailler une place dans votre quotidien. Contrairement à la réalité virtuelle, qui crée une réalité parallèle à la nôtre, la réalité augmentée (RA) permet de modifier ou d’ajouter des éléments dans notre réalité, que ce soit pour afficher de l’information, des objets numériques ou autres à l’aide de technologies comme un téléphone intelligent ou des lunettes. Sans le savoir, des dizaines de millions de personnes ont utilisé la RA à l’été 2016, lorsque le phénomène Pokémon GO a pris le monde d’assaut. L’arrivée de ce jeu a été un point tournant dans la démocratisation de cette technologie, si bien que l’on voit de plus en plus d’entreprises et d’industries l’utiliser. Et le marketing n’y fait pas exception. 

« Il y a une possibilité relativement infinie d’utilisation de la réalité augmentée qui va beaucoup plus loin que le jeu vidéo, bien qu’il s’agisse d’une avenue très intéressante qui permet de démontrer tout le potentiel de cette technologie encore plus rapidement », souligne Jean-Michel Lebeau, vice-président exécutif du studio de développement numérique nventive.

D’ailleurs, le e-commerce compte parmi les secteurs qui utilisent le plus la RA. Pensons par exemple à Ikea, dont l’application mobile permet d’imaginer comment un fauteuil s’agence avec la déco de son salon, ou encore à Sephora, qui permet d’essayer un rouge à lèvres totalement virtuellement en utilisant la caméra frontale de son téléphone intelligent. En temps de pandémie, il s’agit probablement de la façon la plus sanitaire de voir si une couleur nous convient.

Le défi de l’utilisabilité
Malgré ces exemples, l’utilisation de la RA est toujours marginale dans de nombreux domaines, indique Jean-Michel Lebeau. « Il n’y a pas encore d’adoption de masse ; on voit plutôt quelques joueurs plus innovateurs utiliser la RA », précise-t-il.

C’est que sa démocratisation rencontre certains défis, notamment celui de l’utilisabilité. L’expert croit qu’actuellement, la consommation d’expériences de réalité augmentée n’est pas suffisamment simple pour être qu’elle soit adoptée massivement. 

« Les appareils mobiles intelligents existaient bien avant qu’Apple sorte son iPhone, illustre Jean-Michel Lebeau. Mais le jour où on a rendu un téléphone intelligent tellement simple et agréable à utiliser, c’est là qu’il y a eu un boum et une adoption de masse. La même chose devra arriver dans le domaine de la RA. »

Parallèlement, certaines barrières se posent aussi pour les concepteurs d’expériences RA. Les différentes technologies qui leur sont offertes — Apple a mis sur pied son protocole AR Kit, alors que Google a lancé le AR Core — ne communiquent pas ensemble et elles ne sont pas les plus simples à utiliser, ce qui rend la vie plus difficile aux créateurs. « Il faut établir des protocoles technologiques qui sont le plus génériques possible — plutôt que propriétaire — pour favoriser la création d’expérience, et pour qu’ensuite, tous les téléphones intelligents des utilisateurs puissent les accepter », plaide Jean-Michel Lebeau.

Heureusement, l’arrivée de la 5G, les caméras de haute qualité et leur interconnexion, et l’utilisation du lidar (la télédétection par laser) sont des facteurs à notre portée — ou très prochainement disponibles — qui permettront de rendre la RA plus accessible, note l’expert.

À quoi s’attendre pour les prochaines années ?
Dans les années à venir, Jean-Michel Lebeau affirme qu’il ne serait pas surpris que les entreprises ayant un kiosque dans les salons professionnels s’approprient la technologie. « Il est impossible pour un fabricant de tanks de déplacer ne serait-ce qu’un seul de ses modèles. Il pourrait donc utiliser la RA pour projeter virtuellement tous les tanks qu’il a en stock dans un environnement physique, pour qu’ensuite un acheteur intéressé puisse voir les fonctionnalités du produit, la texture et la couleur, entre autres », démontre-t-il.

Il s’attend également à ce que le domaine culturel et muséal utilise la RA pour ajouter une dimension supplémentaire à la consommation de l’art. « Les musées sont en avance par rapport aux autres industries sur le plan de la création d’expériences culturelles. Qu’elles soient augmentées par la technologie sera hyper intéressant », estime-t-il.

Il conçoit aussi très bien qu’un utilisateur qui tombe sur une campagne de publicité dans un journal ou à la télévision pourrait poursuivre une expérience sur son appareil mobile en scannant la pub, que ce soit pour en découvrir davantage sur le produit ou l’entreprise, ou encore pour participer à un concours.

Finalement, l’intérêt démontré par de nombreuses industries laisse croire que l’avènement de la RA ne fait que commencer. « Je ne serais pas surpris que d’ici 5 ans, la réalité augmentée devienne quelque chose de relativement commun », conclut Jean-Michel Lebeau

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