En mars dernier, à l’occasion du premier concours Idéa, de l’Association des agences de communications créatives (A2C), le Grenier a publié une série d’interviews avec les présidents des jurys des disciplines Création publicitaire (Xavier Blais), Design (Richard Bélanger) et Craft/Production (Olivier Staub). En raison de la pandémie, les délibérations des catégories Résultats d’affaires et stratégies (Marie-Claudel Lalonde), Numérique et technologie et Médias (Danick Archambault) ont être reportées. Comme elles viennent de reprendre le bal, nous poursuivons nos brins de jasette avec les présidents des jurys.

Cette semaine, on termine avec la catégorie Numérique et technologie, où plus de 100 projets ont été soumis. On discute avec Jean-François Larouche, directeur du département interactif et de création chez Moment Factory et président du jury.  

Jean-François Larouche

Le jury était composé de :

  • Vincent Ramsay-Lemelin, directeur principal de la création numérique et de l’innovation, Sid Lee ;
  • Elisa Eve De Serres, associée, directrice de l’équipe produit, Mirego ;
  • Nicolas Baldovini, associé, vice-président création, lg2 ;
  • Anastasia Simitsis, première directrice, stratégie numérique et innovation, Radio-Canada ;
  • Ileana Gonzalez, experte UX, Alliance de l’industrie touristique du Québec ;
  • Mélanie Roth, VP marketing et innovation, Valtech ;
  • Elisabeth Henry, vice-présidente, Adviso ;
  • Cyril Chaib, président, Dialekta ;
  • Quentin Hocdé, lead front-end team et développeur créatif, Locomotive.

a2c

Grenier aux nouvelles : Comment avez-vous aimé votre expérience en tant que président du jury dans la discipline ?

Jean-François Larouche : J’adore participer à des jurys. C’est tellement enrichissant et constructif de pouvoir prendre un pas de recul, d’analyser et de discuter avec ses collègues et ses pairs. Comme c’était ma première expérience en tant que président d’un jury, j’ai trouvé difficile de ne pas pouvoir donner mon opinion et de rester neutre. Parfois, je faisais des mimiques et je me suis mordu les lèvres quelques fois (RIRES). De plus, on avait le défi de faire les délibérations en vidéoconférence. C’est toujours un petit défi de ne pas voir le non verbal des gens, mais on a réussi à donner la parole et à alimenter les conversations de façon efficace.

GAN : Comment avez-vous sélectionné votre jury ?

JFL : Le jury a été proposé par l’A2C et j’étais très heureux par la diversité et la complémentarité qui nous a permis d’avoir une vue 360 des pièces à analyser. Le fait d’avoir des gens qui viennent autant du UX, du côté créatif et stratégique a permis une analyse sous tous les angles.

GAN : Quelles directives avez-vous données à celui-ci ?

JFL : J’ai proposé trois points au jury qui me viennent souvent en tête chez Moment Factory — ça fait partie de mon ADN. Premièrement, il faut regarder les pièces avec nos lunettes d’usager avant de les regarder avec nos lunettes d’experts, parce qu’on a souvent le réflexe d’analyser ce qu’on connaît d’un point de vue expertise.

Mon second point est de focaliser sur l’aspect de l’innovation, qui peut décrire plusieurs choses, comme prendre des risques au niveau de l’idée de haut calibre, au niveau du concept ou dans l’exécution, le UI ou le UX. Est-ce qu’il y a eu des risques de ne pas fonctionner, mais les chances ont été prises quand même ?

Enfin, il faut garder en tête l’impact : avec quelles émotions les usagers repartent et quittent l’expérience ?

GAN : Comment les délibérations se sont-elles déroulées ?

JFL : Dans l’ensemble, le jury avait écouté les vidéos, était bien préparé, était assez aligné et complémentaire. On a eu de superbes beaux débats d’idées. Par contre, il y avait des complexités dans les catégories qui requièrent des analyses de performances chiffrées, comme les catégories de stratégie d’acquisition, de conversion ou de fidélisation. On a eu plusieurs discussions par rapport à ça et on a pris des notes afin de s’améliorer l’an prochain.

GAN : Étiez-vous impressionné par les pièces soumises à cette première édition du concours Idéa ? 

JFL : On a eu plusieurs coups de cœur, mais l’ensemble du jury a noté à quelques reprises le manque de soumissions dans certaines catégories, notamment en intelligence artificielle, en réalité augmentée/virtuelle, en personnalisation ou en e-comm. J’espère que cette nouvelle formule rafraîchissante propulsée par l’A2C motivera l’industrie numérique à soumettre plus de pièces l’an prochain. À une époque où on demande à tout le monde d’encourager le local, c’est crucial de donner de l’importance à la création et l’innovation numérique d’ici. On est reconnu partout sur la planète pour notre créativité en numérique : c’est important de le célébrer. On est vraiment une plaque tournante, c’est vraiment important que l’industrie participe à ça !

Merci Jean-François, à bientôt !