Après une journée de travail, retournez-vous au boulot? Pour certain·es, c’est un nouveau modèle qui bousculerait le traditionnel 9 à 5… Vous ne connaissez pas le Triple Peak? C’est le phénomène qu’ont observé des chercheurs·euses de Microsoft au début de la pandémie. Traditionnellement parlant, les pics de productivité sont tout juste avant et après le lunch. Mais, pandémie et télétravail obligent, Microsoft a dénoté une nouvelle tendance, soit celle de se connecter plus tard en soirée. En effet, en étudiant les mouvements de clavier de 50 employé·es volontaires de l’entreprise pendant 1 mois, un pic de travail entre 20h et 23h a été constaté.

Cela vous surprend-il? Cette tendance en dit-elle plus long sur nos nouvelles façons de bosser, sur l’équilibre travail-vie personnelle et la flexibilité des horaires?

Les chercheurs·euses de Microsoft estiment que les parents travaillant à domicile jonglent probablement avec plus de responsabilités pendant la journée, donc il·elles se connectent pour un autre quart de travail à l’heure du coucher des enfants. Les chercheurs·euses spéculent aussi que les employé·es travaillant à distance en « mode voyage » bossent la nuit afin de compenser la perte de productivité pendant leurs activités de jour. Les données montrent qu’environ 30 % des personnes de l’étude profitaient des heures précédant le coucher pour faire un peu plus de travail. Ces résultats ne sont probablement pas une énorme surprise : quiconque a des enfants ou des collègues sujets aux interruptions peut apprécier l’attrait de profiter de l'accalmie avant de se coucher pour se concentrer réellement, et ce, sans interruption. Cela signifie-t-il que les travailleurs·euses profitent d’horaires flexibles pour travailler au moment et de la manière qui leur convient le mieux? Possible.

Mais, un portrait moins flatteur montre que les travailleurs·euses ne travaillent pas simplement de façon différente. Il·elles travaillent plus et moins efficacement! En effet, avec la pandémie, les multiples réunions Zoom – attention à la fatigue – rallongent les journées de travail d’une à deux heures! Le Triple Peak serait plutôt un symptôme d’érosion des limites et de pratiques de travail sous-optimales plutôt qu’un signe de productivité optimisée. Que faire alors?  

Chercheurs·euses de Microsoft et spécialistes en productivité et en leadership suggèrent aux gestionnaires de réagir. Une étude révèle que la productivité bondissait de 73% lorsque les organisations interdisaient des réunions trois jours par semaine. Toutes les entreprises gagneraient donc à réserver au moins une à deux jours par semaine pour se concentrer sans meeting. Selon Microsoft, « il est essentiel que les gestionnaires vérifient auprès de leurs équipes qui ont l’impression de devoir travailler 24h/24 pour suivre le rythme. Différents employé·es ont des besoins et des défis différents. L’empathie et la communication sont essentielles».

Si vous considérez être plus productif·ve le soir venu, envisagez de configurer vos courriels afin qu’ils soient envoyés entre 9 et 5 – cela réduira grandement la pression sur les autres de devoir répondre à toute heure du jour (nuit!). Le Triple Peak est peut-être une autre manière de travailler, mais il faut s’assurer que cette productivité nocturne est réellement votre choix et non pas parce que vous croulez sous les tâches.  

Sources : Inc., Welcome to the jungle, Microsoft

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