Bienvenue dans le futur du design graphique, où créativité s’entremêle avec technologie, où chaque ligne, couleur et mouvement racontent une histoire unique.

L’IA: un outil, pas une fin en soi
À l’approche de la nouvelle année, l’univers du design graphique s’anime de couleurs audacieuses et de typographies personnalisées… Certes, il y a des tendances qui émergent, mais le métier repose bien plus que sur la typographie et sur les couleurs, croit Mario Mercier, co-président de la Société de designers graphiques du Québec (SDGQ) et président de l’agence Compagnie et cie. D’après lui, ça ne représente que 5% du travail. Outre l’artisanat, le reste est distribué entre réflexion et stratégie. Questionné sur les tendances qui se dessinent à l’horizon, Mario estime que l’intelligence artificielle demeurera un incontournable en 2024. «Au bureau, on utilise l’intelligence artificielle comme outil, pas comme une fin en soi, dit-il. C’est génial pour faire des maquettes et tester des idées, mais ça reste comme tel.» Il note d’ailleurs que l’esthétisme des créations d’art génératif — à la DALL-E ou Midjourney — a souvent la même apparence, c’est-à-dire loin de l’authenticité d’une création humaine. Autrement dit, on sait reconnaître quand une œuvre est créée par une machine. «Il est essentiel que ça serve initialement de maquette, d’inspiration, de base. Par la suite, on concrétise ces idées-là. D’autant plus que la question des droits d’auteur est un autre enjeu», laisse-t-il en suspens. Est-ce que certain·es designers ont partagé leurs craintes, ou embrassent-il·elles à fond l’IA ? «Je ressens actuellement une certaine appréhension, et je pense que cette inquiétude est partagée par beaucoup. Chacun redoute pour son emploi d’une manière ou d’une autre», exprime Mario, qui croit que la recrudescence de l’IA ne supprimera pas d’emploi. Ceux-ci migreront tout simplement ailleurs. «Personnellement, j’ai vécu une révolution antérieure, celle de la démocratisation des Mac dans notre secteur. À mes débuts en agence, la moitié des agences utilisait encore des typographes. Nous avons, en quelque sorte, contribué à l’obsolescence des typographes, de ces entreprises spécialisées. Les 5 à 10 années suivantes ont été marquées par la fermeture de nombreuses boîtes, mais cela n’a pas empêché les professionnel·les du milieu de continuer leur activité.» En migrant vers de nouvelles compétences, passant de typographe à infographe, par exemple. Aujourd’hui (ou demain), Mario estime que les maquettistes deviendront des spécialistes qui sauront dialoguer avec l’intelligence artificielle pour donner les bonnes commandes. Des AI Prompts Engineer, quoi. «Je suis convaincu que ces outils deviendront des extensions intégrales de nos méthodes de travail.»

marioMario Mercier, co-président de la Société de designers graphiques du Québec (SDGQ) et président de l’agence Compagnie et cie

Tout en mouvement
«Une autre tendance incontournable est le mouvement», dévoile le co-président de la SQDG. C’est-à-dire ? Exit «les choses qui ne bougent plus». En d’autres termes, l’ère des éléments statiques est révolue; il devient impératif de créer du mouvement, d’insuffler une identité en perpétuelle évolution. «Lorsqu’on conçoit un logo aujourd’hui, on le pense en fonction de son mouvement potentiel. Même lors de la recherche de noms, on examine pratiquement ce que les lettres pourraient exprimer. C’est un élément central de notre réflexion, que ce soit dans le domaine de l’identité visuelle ou de la communication. L’intégration du mouvement dans le design est indéniable.» Creative Boom rapportait également que la typographie cinétique allait jouer un rôle majeur pour les marques au cours de l’année à venir, et que ça ne s’arrêterait pas de sitôt. «Ça rejoint un peu le sujet qu’on abordait précédemment sur la démocratisation des polices. Actuellement, il y a une profusion de polices, presque autant que d’individus sur la planète, où chacun·e peut s’improviser typographe. Ça peut donner lieu à des petits coups de spectacles extraordinaires qui sont bien amusants, mais souvent dénués de la véritable essence de la typographie. La véritable typo demeure un métier spécialisé, malgré la pléthore d’offres, et rares sont ceux·celles qui maîtrisent véritablement cet art.»

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Vers une démocratisation des logiciels
Selon Mario, l’abondance de logiciels gratuits en open source amène une espèce de démocratisation : les logiciels deviennent de plus en plus conviviaux, accessibles à tous·tes. «On peut désormais travailler avec une version allégée d’Adobe sur iPad, dit-il. Cela ouvre la porte à quiconque souhaite s’essayer à la conception graphique. Toutefois, cela souligne davantage la réalité de notre métier, qui est ancré dans la réflexion et la pérennité. De nos jours, n’importe qui peut ajouter une typographie à une photo, la rendant cute et divertissante pour créer du contenu pour Instagram. Cependant, si on se penche sur le contexte professionnel, là réside la véritable valeur ajoutée. Ça, ça restera inchangé. Il peut y avoir des avancées techniques, mais ça ne remplace pas notre métier.» Un sage conseil qu’il prodigue à ceux·celles qui veulent faire carrière en design ? «Arrêtez de faire de la décoration. Lorsque vous vous concentrez uniquement sur la décoration, ça devient interchangeable. Si vous réfléchissez, il n’y a personne qui peut véritablement s’approprier la réflexion», résume-t-il. Ni même les machines ! Pour raconter une histoire, ça requiert une réflexion approfondie, la transmission d’un message pertinent pour assurer un positionnement efficace. C’est beaucoup plus que le «5%» évoqué plus tôt, non ?

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Tendances graphiques en 2024

  • Design génératifs et IA: est-ce vraiment une surprise ?
  • Design 3D: pour ajouter de la profondeur
  • Flat design et minimalisme: bonjour la simplicité
  • Typographies personnalisées: pour laisser libre cours à la créativité typographique
  • Couleurs audacieuses: on sort des sentiers battus et on bouscule les conventions avec des couleurs qui «flash»
  • Rétro futurisme: on puise dans les visions passées du futur
  • Design écologique: on utilise des motifs et éléments inspirés de la nature, mais on réfléchit aussi à l’impact de nos créations sur la planète
  • Produits: créé PAR et POUR les designers

Source : Boom Creative, Blog du web design

design 3Crédit : Creative Boom