Signe de l’ère du temps, deux des gestionnaires du bec, en entretien se déroulant sur Zoom, ont dévoilé que malgré une baisse considérable de ses revenus, l’organisme se porte bien. Elles constatent même que l’industrie se serre les coudes pour l’aider à rester à flots.

La pandémie de COVID-19 qui sévit au Québec depuis le mois de mars dernier a touché tout le monde, et le Bénévolat d’entraide aux communicateurs (bec) n’y fait pas exception. Ce dernier est un organisme à but non lucratif ayant pour objectif d’offrir gratuitement du soutien psychologique, financier et professionnel, notamment, aux travailleurs de l’industrie des communications, du marketing et des médias par le biais d’une ligne d’aide téléphonique.

Dans les circonstances, Valérie Charest et Anaïs Le Bourdon, gestionnaires du chapitre québécois de nabs, qui agit à l’échelle pancanadienne, confient que le bec « va bien, mais que les revenus ont été extrêmement touchés ». Elles expliquent que leurs principales sources de financement, soit la vente de média, les événements et les dons, ont été particulièrement affectées.

« Comme les médias ont subi une forte baisse de revenus publicitaires, plusieurs ventes ont été annulées ou reportées, diminuant ainsi nos redevances publicitaires. Même scénario pour nos événements : nos deux plus grosses levées de fonds ont été annulées. Et c’est certain que pendant la pandémie, on se voyait difficilement demander des dons aux gens. Alors, on s’est concentré sur notre mission, on a répété aux gens qu’on est là, ce que l’on fait et comment on peut les aider », ajoute Anaïs Le Bourdon.

Anaïs Bourdon
Anaïs Le Bourdon, gestionnaire du bec

Un manque à gagner de 200 000 $

Elles estiment que le Bal en noir et le tournoi de Volleyball rapportent respectivement 35 000 $ et 25 000 $ à l’organisme chaque année. À l’échelle nationale, il manque environ 200 000 $ pour que l’organisme puisse atteindre le seuil de la rentabilité au terme de son année financière, le 31 décembre 2020.

« Ce montant est établi en fonction des chiffres anticipés selon l’utilisation de nos services, précise Valérie Charest. Dans l’éventualité où la deuxième vague frappe très fort et que les chiffres de la ligne d’aide explosent, le 200 000 $ ne sera donc plus d’actualité. »

Valérie Charest
Valérie Charest, gestionnaire du bec

Le bec n’est toutefois pas en danger, car un important don reçu il y a quelques années et mis de côté pour ce genre de situation agit comme coussin. « Il est confortable, ce coussin, mais ce n’est pas un lit », illustre Valérie Charest.

Un automne chargé

Au moment d’écrire ces lignes, l’automne s’annonce chargé : le mois d’octobre est celui où le bec reçoit le plus d’appels chaque année avec l’arrivée du froid, de la baisse de luminosité et, par conséquent, de la dépression saisonnière. D’ailleurs, les appels ont connu une croissance de 33 % à travers le Canada pour le nabs; au Québec, cette augmentation est de plus de 50 % en septembre seulement.

Au printemps, c’est plutôt la plateforme web du bec qui a connu un gain de popularité. Le nombre de consultations est passé d’environ une centaine pour le mois de janvier à plus de 3000 en juin. De leur côté, les chiffres sur les appels se sont maintenus par rapport à l’année précédente, sans doute parce que les gens « ne se sentaient pas à l’aise de parler à un psychologue alors que les enfants crient et que le conjoint peut tout entendre », suggère Valérie Charest.

Comme les appels sont confidentiels, impossible de connaître les raisons exactes pour lesquelles les professionnels demandent de l’aide. Or, le bec classifie les appels en pôles. Depuis mars, Valérie Charest et Anaïs Le Bourdon constatent que les pôles « relations personnelles » et « santé physique et bien être » sont cités deux fois plus qu’auparavant. Des nouveautés, selon elles, qui seraient étroitement liées au télétravail.

Malgré tout, seules 18,6 % des personnes ayant eu recours aux services du bec affirment que la raison de leur appel découle de la pandémie de COVID-19.

Élan de solidarité

Heureusement, le bec a pu compter sur une initiative de l’agence Tam-Tam\TBWA, dont plusieurs employés ont décidé de prendre un après-midi de congé et en remettre leur salaire, ce qui lui a permis d’amasser 11 000 $ et ainsi « sauver » son événement de volley-ball.

« Il y a eu une super belle solidarité dans notre industrie et on espère qu’elle se poursuive d’ici la fin de l’année. En se serrant les coudes, on sera peut-être capable de sauver notre année financière et repartir à zéro en 2021 plutôt que dans le négatif », espère Valérie Charest.

C’est d’ailleurs dans cet esprit que le bec a lancé sa nouvelle campagne de financement « Embrasse la cause ». L’organisme a mis en place plusieurs initiatives parmi lesquelles les personnes qui voudront contribuer peuvent choisir. Par exemple, ceux qui économisent chaque jour le prix d’un café grâce au télétravail peuvent texter « Café » au numéro 45678 pour ainsi remettre 5 $ au bec. Ou encore, une personne peut devenir ambassadrice de l’organisme et lever des fonds auprès de ses connaissances à l’aide de l’outil de collecte intégré à Facebook.

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Illustration : Béatrice Gaudreault