L’arrivée des beaux jours miroite un semblant de vie qui flirte moins avec la dystopie. Et pourtant, les bourgeons qui se ragaillardissent et les oiseaux qui gazouillent cui-cui jurent avec la réalité pandémique. En avril dernier, le Grenier a sondé plusieurs figures du milieu de la communication pour connaître ce qu’elles avaient vraiment sur
le « chest » depuis le début du confinement. Les échos de l’industrie oscillaient entre espoir, fatigue et incertitude. Gratitude aussi, de savoir que quelqu’un, quelque part, lui demande « comment ça va pour vrai ». L’univers de la comm est peut-être petit, mais on n’a pas pu échanger avec tout le monde ! On a donc répété l’exercice. Une fois de plus, revue en toute transparence sur ce que vit l’industrie : petites boîtes, plus grandes boîtes et freelancers.

Chaque semaine depuis mai, le mardi et le jeudi, le Grenier diffuse sa série « Comment ça va pour vrai chez... ».

Ajustements et conciliations de mise

« Pour vrai, ça va », mentionne Sébastien Pelletier, directeur principal, création et associé chez Cartier. Comme beaucoup d’autres personnes, il est vraisemblablement passé par toute une gamme d’émotions et de questionnements, puisqu’il résumerait cette « aventure » par : « Quoi ? Ah ouin !? Ben coudonc. Faut ce qu’il faut. C’est bizarre. C’est long. Si au moins y faisait beau. Ça marche. Pourquoi pas ? J’ai chaud. Super. C’est ça qui est ça. On verra. À bientôt ? C’est clair non ? ».

Sébastien Pelletier
Sébastien Pelletier, directeur principal, création et associé, Cartier

Pour lui, une cinquantaine de personnes, c’est une cinquantaine de réalités, surtout en contexte de télétravail et de confinement. « Au lieu de combattre cette évidence et d’essayer de faire “comme à l’agence”, on s’organise, on s’ajuste ». Ainsi, comme bien d’autres organisations, Cartier a trouvé les moyens, même à distance, de continuer de jaser, de se voir, d’organiser des 5 à 7 et des rencontres d’agence, des défis et le partage de savoir.

Côté familial, les employés de l’agence MixoWeb qui sont également parents ont leurs enfants à la maison 100 % du temps, puisque la majorité des effectifs est située dans le Grand Montréal, énonce Émilie Poirier, présidente. Les horaires ont donc été adaptés à cette fin. « Nous favorisons une souplesse, dit-elle. Notre équipe est motivée et positive ! Pour ma part, j’ai 3 jeunes enfants à la maison et ma plus grande doit continuer ses apprentissages scolaires. C’est un défi, mais mon conjoint et moi formons une bonne équipe et nous arrivons à concilier tous ces aspects avec beaucoup d’amour et de patience ».

Émilie Poirier
Émilie Poirier, présidente, MixoWeb

Une agence c’est bien plus qu’une table de babyfoot

Même s’il avoue que ce n’est pas une grande épiphanie, Sébastien révèle que le télétravail confirme qu’une agence est bien plus que du pied carré, une table de babyfoot et du café à volonté. « C’est peut-être notre modèle, notre taille, le fait d’être une grande petite agence 100 % québécoise, mais ça se “gère” plutôt bien. Par ce que oui, ça se gère, avec transparence, honnêteté et beaucoup d’appels vidéo ! ».

Il témoigne toutefois, avec humour, que la « fluidité » des échanges d’idées n’est pas la même. « L’empilage de discussions, la contre-plongée du menton d’un collègue (pas inspirant), le chat qui passe devant la caméra, les enfants, le chum, la blonde, le coloc… on s’ennuie de la contamination (ishhh) positive seulement possible en se côtoyant en “vrai”, mais bon, on apprend à vivre avec le travail différemment et je dois dire que nous sommes pas mal bons. J’oserais presque utiliser l’expression surannée “équipe de feu” ».

Côté organisation du travail, MixoWeb n’a quant à elle pas vécu de grands changements, puisqu’elle était déjà en mode télétravail depuis près de 3 ans. « Les outils technologiques nécessaires à un travail à distance efficace étaient déjà tous en place et fonctionnels pour nous », révèle Émilie.   

« Avec une approche humaine, consciente des réalités de tout un chacun, des mandats stimulants (merci de la confiance !) et un désir collectif de continuer à avancer, poursuit Sébastien, on peut aller loin, sans même bouger de la maison ».

L’avenir dans la mire

Émilie admet avoir été stressée pour ses clients au commencement de la crise.
« Certains clients font partie des industries les plus durement touchées et fermées depuis le tout début », dit-elle. Compte tenu de la perte de revenus de ses clients, le stress financier pour MixoWeb était aussi présent, nous dit-elle. « Par contre, avec le temps, nous nous sommes rendu compte que notre agilité et notre rapidité nous ont apporté de nombreux contrats pour la durée de la crise et après. Nous sommes et serons en mesure d’appuyer nos clients pour traverser ces durs moments et pour rebondir par la suite ».

L’agence Cartier reste solide malgré tout également. « Y’a du boulot, les mandats sont diversifiés, stimulants et sans être la période la plus faste de l’année (faut quand même pas exagérer), dans les circonstances, l’équipe est heureuse », dit Sébastien