L’arrivée des beaux jours miroite un semblant de vie qui flirte moins avec la dystopie. Et pourtant, les bourgeons qui se ragaillardissent et les oiseaux qui gazouillent cui-cui jurent avec la réalité pandémique. En avril dernier, le Grenier a sondé plusieurs figures du milieu de la communication pour connaître ce qu’elles avaient vraiment sur
le « chest » depuis le début du confinement. Les échos de l’industrie oscillaient entre espoir, fatigue et incertitude. Gratitude aussi, de savoir que quelqu’un, quelque part, lui demande « comment ça va pour vrai ». L’univers de la comm est peut-être petit, mais on n’a pas pu échanger avec tout le monde ! On a donc répété l’exercice. Une fois de plus, revue en toute transparence sur ce que vit l’industrie : petites boîtes, plus grandes boîtes et freelancers.

Chaque semaine, le mardi et le jeudi, prenez des nouvelles de vos collègues à travers notre série « Comment ça va pour vrai chez... ». La version longue sera publiée dans le magazine le 25 mai prochain.

Trouver les mots justes n'est pas si simple

Tant les changements sont grands, le VP et chef de la création chez FCB Montréal, Sylvain Dufresne, estime qu’il est difficile d’identifier clairement ce qu’il ressent.
« Entre l’éducation et “l’entertainment” à temps plein des enfants, le travail à temps plein, les tentatives de garder le contact le plus humainement possible avec tous les employés, les mises à pied temporaires, les projets qui se reportent et les incertitudes qui surgissent à tout moment, la barrière du professionnel et du personnel complètement disparue et le sentiment de vivre et travailler dans la même pièce, impossible de résumer nos émotions en un seul état, dit-il. Alors comment on va pour vrai, comme nous le rappellent plusieurs arcs-en-ciel dans les fenêtres de nos nombreux voisins, ça va (finir par) bien aller ».

Sylvain Dufresne
Sylvain Dufresne, VP et chef de la création, FCB Montréal

La présidente fondatrice de Thara Communications, Thara Tremblay-Nantel, avoue être habitée par une montagne russe d’émotions. « J’ai beaucoup de compassion pour nos clients qui vivent des moments difficiles. Certains ont dû mettre leurs campagnes RP en pause ou annuler leurs événements, mais plusieurs ont aussi gardé nos services pour faire rayonner leurs produits/projets en ligne pour les aider à supporter leurs ventes, nous dit-elle. Avec ces revenus et l’aide des gouvernements, ça nous permet de faire vivre l’agence ».

Thara Tremblay-Nantel

Thara Tremblay-Nantel, Présidente fondatrice, Thara Communications

« D’une agence en plein essor avec de nouveaux clients, de nombreuses embauches et des projets qui nous permettaient plus que jamais de faire rayonner nos clients, nous sommes, comme une bonne partie de l’industrie, tombés en mode réorganisation, réalignement quotidien et réalité virtuelle, poursuit Sylvain. Comme nous avions une grande partie de nos projets provenant de l’industrie touristique et du commerce de détail, inutile de vous faire un dessin pour comprendre en partie notre réalité d’affaires ».

Se serrer les coudes entre collègues 

Étant de nature sociable, Thara avoue que le plus difficile, c’est l’isolement. « Je suis rapidement devenue BFF avec Zoom disons ! Dans un élan de solidarité, avec ma partenaire Solneige Diaz, et mon ami Olivier Simard, nous avons eu l’idée de lancer des 5@7 live dans le groupe Facebook Les Relationnistes qui se nomme Jasons RP au temps de la Covid-19. Chaque jeudi, des gens de l’industrie viennent jaser entre eux de leurs défis, de leurs succès, afin de s’aider à passer au travers de la crise un verre de vin à la main. Pour vrai, ça me fait vraiment du bien ce genre d’échanges. J’aime vraiment mon industrie et j’ai à cœur son bien-être », confie-t-elle.

Professionnellement parlant, ce qui rend particulièrement fier Sylvain, est de voir la résilience, la détermination et le désir de faire quelque chose d’incroyable de la part de chaque membre de son équipe. « Ils affichent un sourire et gardent l’œil bien pétillant dans nos très (trop) nombreuses réunions Zoom, et ça, pour vrai, c’est le signe qu’on va sortir de cette crise plus forts et plus soudés que jamais », croit-il.

Une éternelle optimiste réaliste dans la vie, Thara affirme qu’elle le reste tout autant en temps de crise, et va chercher les bonnes ressources pour l’aider. « Je suis une personne qui aime voir le beau côté des choses, et chercher les opportunités dans les défis de la vie, tout en apprenant de défi en défi, à lâcher prise sur les choses que je ne contrôle pas. Les coachs professionnels qui m’ont accompagné dans ma vie d’entrepreneure seraient bien fiers de lire ça (RIRES). Ma mère m’a souvent dit qu’on reconnaît les grandes personnes dans l’adversité. J’aime l’idée d’être de ces grandes personnes, tout en étant bienveillante avec moi-même, car oui, des fois ça fait du bien de pleurer ».