C’est l’histoire d’une petite agence du Vieux-Montréal qui déménagea ses pénates dans le Mile End pour ouvrir à Toronto, tout en changeant son nom pour Camden (un quartier punk / gothique / skinhead de Londres) avant d’ouvrir un bureau à Lyon, ville industrielle française. Vous me suivez ?

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mathieu bédard
Mathieu Bédard, président | Camden

Mathieu. L’ancien nom de ton agence, Défi Communication, illustre bien le chapeau de cet article : tout un défi de vous suivre !

Mathieu : On a en effet roulé à plein régime à partir de notre déménagement en 2015, notamment grâce à la fusion de l’agence avec la firme de design CGCOM.

Pourquoi cette fusion ?

Mathieu : Principalement à cause de la complémentarité qu’elle nous offrait dans le déploiement de notre offre de service : en alliant publicité et design, ça nous rendait moins vulnérables aux soubresauts du marché. Par ailleurs, elle nous permettait d’accéder à des clients prestigieux tels que Pratt & Whithey, Air Liquide, Port de Montréal et Aéroport de Montréal.

Puis coup sur coup, l’ouverture de deux bureaux ?!?

Mathieu : Tu ne crois pas si bien dire. Car même si nous avons annoncé l’ouverture de Lyon en mai dernier seulement, nous avions déjà entamé nos recherches de ce côté à l’automne, au moment où nous ouvrions Toronto.

Camden qui ouvre ses bureaux en tandem, un style qui en vaut un autre ! (RIRES)

Mathieu : Plutôt un concours de circonstances. Parmi nos employés, nous avions Sandrine Cyr et Camille Poulin, deux professionnelles dynamiques. Nous sentions qu’elles avaient des aspirations que le bureau de Montréal ne pouvait pas nourrir. Avec elles, nous avons donc décidé d’ouvrir un pôle média à Toronto.

Donc, des clients du bureau montréalais avec des besoins dans le ROC (rest of Canada) ?

Mathieu : Pas du tout. Je te dirais que le volume là-bas est constitué aux trois quarts de nouveaux clients : Retired Teachers of Ontario, l’Association des professeurs d’université du Canada, Manulife Wealth Management. Et comme nous l’annoncions récemment dans le Grenier aux Nouvelles, Clarins Canada.

Et Lyon dans tout ça ? Deux Français dans votre agence qui voulaient eux aussi lancer leur agence là-bas , j'imagine? (RIRES)

Mathieu : Ça faisait partie de nos plans de tester notre capacité à développer un groupe à l’international. On a fait faire une étude de marché par des finissants en développement international. Quatre villes se démarquèrent du lot : Bruxelles, Genève, Lille et Lyon. On a décidé d’approfondir la réflexion sur cette dernière.

Pourquoi Lyon ?

Mathieu : Avec une agence de taille moyenne comme la nôtre, on n’avait pas nécessairement le goût d’aller se frotter directement aux gros réseaux à Paris. Lyon est de taille plus humaine, moins guindée, plus décontractée, avec une belle main d’œuvre, notamment au niveau de l’animation. Et pour la bouffe, je te raconte même pas ! (RIRES)

À chaud, les différences entre la pub là-bas et ici ?

Mathieu : Ce qui m’a frappé le plus, c’est l’influence de la culture américaine et de l’anglais. On rit des « parkings » des Parisiens, mais c’est rien par rapport au jargon publicitaire là-bas. Truffé de mots anglais. Mais le plus drôle, c’est qu’un anglophone n’y comprendrait strictement rien. Outre ça, c’est plus hiérarchique du côté client. Plus directif aussi. Les affaires se font plus lentement, mais les relations sont plus stables, plus durables.

Pourquoi est-ce si important pour toi, tout ce développement ?

Mathieu : Je ne ferai pas de politique ici. Mais on a récemment assisté ici à plusieurs acquisitions d’agences québécoises par des groupes internationaux. Nous, on s’est dit que si on était assez bon pour se faire acheter au Québec, pourquoi ne serait-on pas assez bon pour le faire aussi, ailleurs. Mais bien entendu, à notre échelle, et graduellement.

Comment se passe la Camdenisation du bureau de Lyon ?

Mathieu : Très bien. L’équipe en place embarque à fond. Et surtout, on assiste déjà à des collaborations entre les bureaux. On a tourné une pub à Laval pour Mint Énergie, un client de là-bas pendant qu’eux faisaient du stop-motion pour un de nos clients, Tembec. Par ailleurs, la directrice de studio du bureau de Montréal est déménagée à Lyon afin d’agir en tant que directrice des opérations.

Et leur apprendre à parler en français, j'espère ! (RIRES) Inversement, verra-t-on un contingent de Lyonnais débarquer sur le Plateau ?

Mathieu : Tu ris, mais on travaille déjà sur un programme d’échange pour les employés où, par exemple, un DA de là-bas et un DA d’ici pourraient changer de place pour quelques mois. Tu sais, oui la croissance, le développement et tout ça. Mais c’est important que ça se fasse dans le plaisir. Et là, on en a beaucoup  !

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