C’est quoi cette affaire de s’occuper des autres quand nos affaires, c’est de générer des profits? La gentillesse c’est out. Nos agences, nos entreprises, sont des environnements de travail, pas des pouponnières.
Il n’y a absolument aucune étude scientifique qui démontre que de s’occuper des besoins de nos employés, c’est bon pour notre rentabilité. Notre raison d’être est leur raison d’être. C’est cute, les petits projets de l’équipe de RH pour les employés et les employées (c’est plus long écrire les deux mots séparément que d’écrire employé.es, mais l’écriture épicène, ce n’est pas pour moi.). On a un party de bureau par année, deux s’il fait beau dehors et que Stéphanie a eu le goût de se lancer dans l’organisation. On a beaucoup trop de réunions donc on les a coupés pour prioriser la productivité au lieu de la socialisation qui s’y passait. Les jeudis, Anne-Marie sort la bière et le bureau se transforme en bar. On apprécie beaucoup leurs initiatives même si on ne leur dit pas assez. Mais elles sont bien trop occupées pour en faire plus.
Nos valeurs sont claires, on les a écrits dans une présentation qui a été faite aux directeurs: excellence innée, compétitivité humaine, optimisation créative. Éventuellement, on va la présenter au reste de l’entreprise et imposer leur atteinte dans les évaluations annuelles. On n’a pas le temps de niaiser quand on livre de l’innovation créative 24 sur 7.
La créativité est au centre de tout ce qu’on fait. C’est notre matière première. Il faut l’extraire rapidement avant d’épuiser la source. Surtout aujourd’hui avec la tendance des burnouts et tous ceux qui veulent travailler dans leur lit. Tant que tu offres de bons bénéfices comme des massages pour les épaules tendues, de la physiothérapie pour les poignets tordus, des rabais dans des spas, et une journée de congé de plus, tu peux cocher ça de sur ta liste et t’attendre à ce que tout le monde veuille revenir travailler au bureau. Ils s’ennuient tous de la table de ping pong, c’est clair.
Les prix, les galas, c’est non. La reconnaissance, ça se passe dans nos réunions trimestrielles, et c’est en masse. Ce qui nous motive c’est la passion pour le métier, pas la compassion pour le métier.
Non, nous ne déposerons pas de candidature pour le Prix Bienveillance du bec, ni pour un employé ou une employée ni pour l’entreprise, lors du gala des prix IDEA, même si on connaît plusieurs personnes qui le méritent. On veut être bons, pas biens.
–
Ceci est un billet entièrement satirique. Il a été écrit pour être lu une fois et relu plusieurs fois afin de découvrir tous les articles et ressources intéressantes qui le contredisent. Toute ressemblance avec une ou des personnes ou entreprises existantes est non intentionnelle.
Le Prix Bienveillance, lui, n’est pas satirique. Il ne reste que quelques jours pour déposer une candidature et reconnaître le travail de nos collègues et entreprises qui investissent tous les jours dans le potentiel créatif durable des membres de notre industrie.
Rachelle Houde Simard est lauréate du Prix Bienveillance 2022 et membre du jury du Prix Bienveillance 2023. Elle est stratège séniore spécialisée en communications, culture et communautés, ayant travaillé pendant plus de vingt ans dans l’industrie des communications créatives.