Encore récent, leur duo dégage une énergie qui crève l’écran (même en visioconférence), nourrie par une confiance inébranlable et un respect mutuel. Rencontre avec Sophia Belahmer et France-Aimy Tremblay (Romeo & fils).

Sophia Belahmer

Elles se croisent depuis plus de dix ans, mais ce n’est que récemment que leurs chemins professionnels se sont tissés ensemble. Une histoire de connexions, d’instinct et d’admiration réciproque. Sophia Belahmer, réalisatrice représentée par ROMEO depuis septembre dernier, raconte : « J’avais entendu beaucoup de bien de France, notamment par Jean-Carl Boucher, un ami réalisateur. Il me parlait de son approche unique, de la manière dont elle soutenait ses créatif·ves. C’est le fun de travailler avec elle, disait-il. » Pour la productrice aguerrie France-Aimy Tremblay, le lien s’est fait tout aussi naturellement. « On s’est croisées lors d’un événement, et il y a eu un vrai déclic humain. On partageait une vision similaire sur la créativité et la production. »

C’était une question de timing. Sophia, coscénariste et coréalisatrice de la websérie Switch & Bitch avec sa grande amie Juliette Gosselin, venait de signer Discrètes, série qui lui a d’ailleurs valu une distinction aux Prix Gémeaux. France-Aimy, cofondatrice de ROMEO, pilote la boîte depuis dix ans en tant que productrice exécutive et agente de talents. Leur premier projet commun ? La poignante campagne de La guignolée des médias, conçue par Cartier. Un spot ciselé, storyboard à l’appui, qui traduit fidèlement la vision de Sophia. « Une première collaboration marquante. J’ai pu exprimer mon style narratif avec une équipe qui croyait en ma vision », évoque-t-elle avec gratitude.

France-Aimy Tremblay

Un tandem stratégique et créatif
Si leur collaboration roule si bien, c’est que leurs forces se complètent. France-Aimy orchestre le développement et l’accompagnement des réalisateur·rices. « J’établis des plans de carrière, que ce soit en fiction ou en pub. Parfois, ce sont eux·elles qui me disent où il·elles veulent aller, d’autres fois, je leur déniche des projets qui collent à leur univers. » Elle gère aussi la stratégie et les finances. « Mon rôle, c’est autant du service client que du marketing et du développement de carrière. » Pendant ce temps, Sophia peut se consacrer à la création, avec l’assurance que France-Aimy veille au grain. « Elle sait présenter mes forces dans les pitchs et cadrer mes idées si nécessaire. Elle comprend ce qui me fait vibrer et sait comment le vendre. »

Organisation et rigueur
Sophia carbure à une organisation millimétrée. « Mon cerveau fonctionne comme un meuble à tiroirs : j’ouvre celui d’un projet, je plonge dedans, puis je le referme avant de passer au suivant. Sinon, ça devient vertigineux. » Elle dédie souvent une journée entière à chaque mandat. « Évidemment, en pub, il y a des périodes d’intensité où tout doit être mis sur pause, mais compartimenter m’aide à garder le cap. » Un équilibre qu’elle a appris à dompter. « Mon perfectionnisme m’a menée jusque-là. Rien n’est tombé du ciel, je l’ai gagné à force de travail. »

Quel que soit le format, Sophia applique la même méthode. « Je prends chaque projet comme une histoire à raconter. Même en pub, je déconstruis le brief comme un scénario. » Une approche narrative qui insuffle une profondeur supplémentaire à ses réalisations. La campagne de La Guignolée des médias en est la preuve. « C’était une pub, mais on ressentait l’âme d’une fiction, une vraie histoire derrière. » Un projet qui, selon elle, illustre bien comment publicité et fiction peuvent se nourrir mutuellement.

Vers un milieu plus équitable
Au-delà de leur vision créative commune, Sophia et France-Aimy partagent une même ambition : une industrie plus équitable. Chez ROMEO, France-Aimy veille à ce que chaque talent trouve sa place. Pas juste ceux de sa boîte, mais toute l’industrie. « J’aimerais continuer à travailler pour que les agences prennent plus de risques en essayant des nouvelles collaborations de travail. Il y a du travail pour tout le monde… et tout le monde a quelque chose de pertinent à apporter à l’industrie. Je suis toujours ravie de voir plus de femmes et de jeunes talents accéder à des projets majeurs. »

La productrice en est convaincue. « Si on pousse tous et toutes dans la même direction, on peut changer la donne, dit-elle. C’est vraiment important pour moi de continuer à sensibiliser les créatif·ves, et par ricochet, les clients, à prendre des risques en collaborant avec de nouvelles équipes, notamment chez les talents féminins, et ceux issus de la diversité et de la relève. Il y a tellement de talent dans notre industrie ! Je trouve qu’une meilleure répartition des projets améliorerait non seulement la question de l’équité, mais également la créativité des campagnes et des contenus québécois, les rendant tout simplement plus riches », plaide France-Aimy.

Et la suite ?
D’ici mars, Sophia sera en tournage sur une série de fiction, avant un printemps plus léger entre développement de projets et mandats publicitaires. Elle veut continuer à créer avec France-Aimy. « Je sais qu’elle me comprend et me soutiendra toujours. C’est précieux. » France-Aimy, elle, se projette avec confiance : « L’objectif, c’est de continuer à grandir, à créer, à rayonner. Notre équipe a tout ce qu’il faut pour réaliser de grandes campagnes. » Pour voir les réalisations de Sophia (et la booker pour vos prochaines pubs ?), c’est par ici.