
Nicolas S. Roy, président, Dpt.
- As-tu un conseil pour la relève ? Sors de ta zone de confort. Sois maladivement curieux·se, n’arrête jamais d’apprendre, et fais-toi confiance, même quand ta voix intérieure te dit que t’es un·e imposteur·rice (spoiler : tout le monde l’entend).
- Quel est le plus grand risque que tu as pris : Fonder un studio centré sur les récits interactifs et les technologies immersives à une époque où « VR » était surtout associé aux Winnebagos.
- Un fait inusité : Mon premier site web? Un portail de piratage de logiciels baptisé Microcrap. C’était laid, illégal et franchement formateur.
- Une chose qui te motive particulièrement : Contribuer, à travers notre travail, à démocratiser l’accès à l’art, à la culture et au savoir.
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Au secondaire, en 1995, j’ai écrit un mini-mémoire sur ce qu’on appelait alors « l’autoroute de l’information ». L’expression était partout à l’époque mais la plupart des gens ne comprenaient qu’à moitié ce qu’ils disaient. Moi j’étais adolescent, et comme tout adolescent, je savais tout. Alors j’ai fait une prédiction audacieuse dans ce mini-mémoire : un jour, peut-être, nous pourrions commander une pizza en ligne. À l’époque, l’idée semblait ridicule. Je n’y croyais, moi-même, pas vraiment.
Quatre ans plus tard, en 1999, j’ai rejoint des amis fraîchement diplômés de Polytechnique pour créer Logient, une compagnie de design et développement Web. J’étais le jeune Flasher parmi les ingénieurs. À l’époque, Flash représentait le futur. Nous étions convaincus d’avoir tout compris. Nous avions complètement tort, mais c’était suffisant pour commencer quelque chose de durable. Et quelque part là-dedans, on a tous commandé une pizza sur Internet.
Puis j’ai décidé de quitter la sécurité d’une carrière en technologie, vendre mes parts, et retourner à l’université en arts numériques, à Concordia. À l’université, je n’avais plus de clients à satisfaire, juste une liberté totale pour expérimenter, échouer, apprendre et recommencer. C’est là que j’ai compris qu’on innove rarement en suivant une route droite et prévisible.
Après un passage à la pige, j’ai cofondé Dpt. en 2007 avec des amis. Ce n’était pas vraiment une entreprise au départ mais plutôt un collectif. Une façon de réunir des talents indisciplinés et hybrides, pour concevoir des expériences qui sortent du cadre, au propre comme au figuré. Des expériences innovantes, interactives, immersives, sensibles, technologiques, mais toujours humaines. Au fil des ans, on a eu la chance de collaborer avec des musées, des marques et des institutions à travers le monde, pour concevoir des expériences qui changent notre rapport au savoir, à l’art et au divertissement.
Avec le recul, je réalise que ma carrière n’a jamais été le résultat d’un plan parfaitement exécuté. Elle est plutôt le fruit du hasard, d’une curiosité et d’une envie d’explorer les intersections entre la culture, la mise en récit et la technologie.