Les Grandes Gueules, qui animaient la populaire case horaire du retour à la maison depuis deux décennies, sur Énergie, ont tiré leur révérence en mai dernier. Bell Media a par la suite maintenu le suspense au sujet de la personne qui prendrait leur place. C’est finalement Eric Salvail qui les remplacera pour l’émission du retour, sur le réseau partout à travers le Québec… sauf dans la ville de Québec. C’est donc Jeff Fillion qui occupera cette case horaire primée, à Québec, une nouveauté pour celui qui animait depuis mars 2014 l’émission du midi à Énergie Québec et qui s’est fait connaître à CHOI-FM (Radio X), où il a animé l’émission du matin, et ce, de 1996 à 2005.

Jeff Fillion entame sa 32e année en radio. Au fil des ans, ses idées et ses opinions ont fait de lui l’animateur de radio le plus écouté, mais aussi le plus controversé, de la ville de Québec. On se souviendra que, dans les années 2000, des dizaines de plaintes avaient été déposées au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), contre la station CHOI-FM, principalement à cause de propos tenus par ledit animateur coloré. Par la suite, le CRTC a ordonné la fermeture définitive de la station, et environ 50 000 personnes avaient marché dans les rues de la ville de Québec pour protester cette décision. Depuis, Jeff Fillion a lancé sa propre radio Internet : Radio Pirate. Et en 2014, il est revenu sur les ondes d’Énergie. Le %%%6605505938484%%% s’est entretenu avec lui au sujet de son nouveau mandat, de l’avenir de la radio et de son parcours, depuis son départ de Radio X, en mars 2005.

Depuis le 17 août, tu animes l’émission du retour à Energie Québec, qui est une nouvelle case horaire pour toi. Que représente donc ce nouveau défi?
Jeff Fillion : C’est le fun d’accompagner les gens quand ils sont dans leur voiture, c’est un moment privilégié. Et comme je ne voulais plus me lever le matin - jamais! - la case qui ressemblait le plus à celle du matin, pour moi, c’était celle du retour.

Ton compétiteur principal, Gilles Parent (qui anime le retour au FM93), a mentionné au Journal de Québec qu’il « ne savait pas quelle portion de ton show tu allais taper, (NDLR : préenregistrer) car souvent, tu tapais le midi… » Que réponds-tu à ces allégations?
J. F. : Pour moi, le côté live de la radio, c’est un risque! Tu invites quelqu’un à venir jaser en ondes, mais tu ne sais pas si la personne va être bonne. Le fait de préenregistrer, des fois, ça aide à nettoyer le contenu plus plate, avant d’aller en ondes. Pour l’émission du retour, on va être en live, mais les entrevues avec les invités, oui ça va être préenregistré. Gilles, en raison de son tempérament, est plus accroché aux vieilles façons de faire. Beaucoup de gens dans cette industrie pensent d'ailleurs qu’il n’y a qu’une seule façon de faire, soit d’être en live. Moi, je pense le contraire! J’ai toujours cru qu’il faut savoir s’adapter.

L’émission du retour d’Eric Salvail est diffusée à travers tout le réseau Énergie, sauf à Québec. On sait que le marché de la radio dans la Capitale est particulier, mais crois-tu que l’émission de Salvail aurait fonctionné dans la case horaire du retour, contre un Gilles Parent par exemple?
J. F. : C’est sûr que cette décision [de ne pas diffuser l’émission de Salvail, à Québec] est directement liée à la réalité du marché de Québec et à la volonté de réussir dans un certain créneau. Il faut toujours que tu regardes contre qui tu te bats et dans le cas de la grille du retour, il y a deux joueurs qui sont établis depuis longtemps. Tu ne peux pas arriver avec une émission réseau dans le style qu’Eric fait, pour te battre contre deux émissions bien établies de talk radio. C’est ancré dans la culture de Québec depuis longtemps et la radio d’opinion, c’est ce qui fonctionne ici.

Justement, tu as toujours fait de la radio d’opinion, et tu as toujours, disons-le, donné assez franchement ton point de vue, dirais-tu que tu t’es calmé, avec les années? Es-tu moins provoquant?
J. F. : Je suis toujours sur la limite. J’essaie de ne pas faire trop de gaffes, mais je ne réussis pas toujours. Je vais parfois en échapper, ça c’est sûr! Mais oui, je me suis amélioré, en tout cas je l’espère... Mais je reste quand même qui je suis.

Jeff Fillion

Parlons de Radio X, qui n’a pas fonctionné à Montréal. Le marché de la radio de Montréal est complètement différent de celui de Québec. Crois-tu que Radio X avait sa place dans le marché de Montréal? Et pourquoi, selon toi, est-ce que ça n’a pas fonctionné?
J. F. : Même avec les meilleurs animateurs, j’ai toujours eu des doutes sur la viabilité de Radio X, à Montréal. Montréal est un marché assez difficile…

Tu vois, au contraire, j’aurais plutôt tendance à dire que c’est le marché de la radio à Québec qui est difficile, comparativement à celui de Montréal. À Québec, il y a plus de stations de radio qu’à Montréal, et ce, pour moins d’habitants...
J. F. : Oui, c’est vrai… Mais pour une nouvelle station, le fait de devoir trouver sa place contre un 98,5 FM et d’avoir une radio qui brasse un peu plus, ce n’est pas facile. On m’a reproché d’avoir sali le nom de l’antenne, comme si c’était ma faute si Radio X n’avait pas fonctionné à Montréal!

Est-ce qu’on t’avait contacté pour un poste à Montréal, chez Radio X?
J. F. : Oui, on a jasé, on s’était rencontrés avant que je commence chez Énergie. Ils étaient intéressés et on avait parlé de la possibilité d’une émission le matin, sauf que Raynald (NDLR : Raynald Brière, président de RNC Média et propriétaire de la station) voulait, à ce moment-là, s’excuser à la grandeur du Québec pour ce qui était arrivé dans le passé, et moi je ne voulais pas. Alors que chez ** Bell Media** (NDLR : Énergie), ils étaient déjà prêts à m’offrir immédiatement une émission à mon image.

Dernière question : pourquoi te proclames-tu « the King of Nothing », sur ton site internet?
J. F. : Je veux relativiser! Si je donne mon opinion sur un sujet X, ça ne veut pas dire que c’est la vérité. Je donne juste mon opinion et je ne suis pas spécialiste de rien, donc, je suis un king of nothing. Des fois, les gens nous donnent trop d’importance…
On peut entendre Jeff Fillion de 15 h à 18 h, 
du lundi au jeudi, sur Énergie Québec (98,9 FM) 
ou en radiodiffusion sur quebec.radionrj.ca, de même que sur 
le radiopirate.com.


Article paru dans le %%%6605505938484%%% du 3 octobre 2015. Pour vous abonner, cliquez ici.