La présidente de l’Association des professionnels de la communication et du marketing (APCM), Nathalie Dupont, n’est pas du genre à s’assoir sur ses lauriers. Femme d’action, d’idées et d’équipe, Mme Dupont a longtemps eu du mal à s’imaginer rester à un endroit plus d’un an ou deux.

C’était avant qu’elle ne tombe sur un projet qui fasse battre son cœur chez TC Média, en 2009, et avant qu’elle ne prenne la tête, il y a trois ans, de l’APCM.

À l’aube d’un changement de garde à la présidence de l’Association qu’elle pilote depuis juin 2012, Nathalie Dupont a pris une pause de son horaire chargé pour s’entretenir avec Grenier aux nouvelles de ses réalisations en tant que présidente de l’ACPM, des défis à venir et de l’importance de faire une place à la relève dans l’industrie des communications et du marketing.

Votre passion pour votre travail à l’ACPM est palpable, pourtant, vous quittez la présidence. Pourquoi?
Ça fait trois ans que je suis présidente, mais au départ, je ne devais être là que pour un an. Ça s’est prolongé pas mal! Depuis trois ans, on a instauré une vision, une mission claire, qui se résume aux lettres IIC: informer, inspirer et connecter. J’aimerais maintenant céder mon siège à quelqu’un qui pourra poursuivre cette vision et amener de nouvelles idées. Je quitte mon rôle de présidente, mais je compte rester sur le C.A. de l’APCM. J’assumerai, pendant un an, mon rôle de présidente sortante et par la suite, j’aurai peut-être un rôle aux finances ou dans une activité spécifique. Je ne vois pas le jour où je me détacherai de l’APCM.

Y a-t-il des dossiers que vous n’aurez pas la chance de compléter et que vous lèguerez à votre successeur?
Ça fait deux ans que je veux faire le lien avec la Canadian Marketing Association (CMA) de Toronto. On est beaucoup dans des réflexions de partenariats, d’affiliations. On aimerait avoir un lien avec le Canada. Il faut penser à des affiliations parce qu’elles permettent d’être plus forts et d’aller chercher une meilleure valeur pour les membres. Le développement [de notre offre aux] PME est un autre volet sur lequel on veut mettre l’emphase dans la prochaine année.

Quels défis particuliers représentent les PME?
À ma deuxième année à la présidence, on avait une demande incroyable du côté des PME. Les gens venaient cogner chez nous en disant: «On a vraiment besoin d’aide. Le monde des communications et du marketing est en gros changement. On n’y arrive juste plus. Qu’est-ce qu’on fait? Où on va? Quel genre de marketing on fait? Quel genre de communications on fait? Pouvez-vous nous aider?» Je suis donc allée chercher Danielle Lamarre, qui était déjà sur le C.A. de l’APCM et qui avait beaucoup d’expérience en entreprises et en PME. Elle s’occupe de bien comprendre les besoins des PME, leurs préoccupations et leurs défis, pour qu’on soit en mesure de les aider.

Les besoins sont-ils différents dans les PME et les grandes entreprises?
Dans les grandes entreprises, il peut y avoir 8, 10 ou 12 personnes qui travaillent en marketing et en communications et qui peuvent échanger, brainstormer. Dans les PME, les équipes de communications et marketing ne comptent souvent que deux ou trois personnes. Dans certaines petites entreprises, il peut même n’y avoir qu’une seule personne qui s’occupe de tout le marketing et des communications. Ce n’est pas évident. Ces gens ont besoin d’échanger, de voir ce qui se passe sur le marché, de voir l’évolution, d’aller dans des conférences.

En plus des PME, les étudiants ont aussi une place de choix dans les priorités de l’APCM, qui leur a d’ailleurs offert pour la première fois cette année le Gala 109. Pourquoi cet intérêt?
Je crois que c'est très important d'intégrer les jeunes dans le domaine des communications et du marketing. Il faut amener les jeunes vers nous. C'est pour cette raison que le Gala de la Relève et du Défi Marketing est un événement très important pour l'APCM. On entend parfois des gens dire que c'est difficile de gérer des jeunes, mais ce n'est pas difficile, c'est différent. On doit essayer de comprendre comment pensent les jeunes. Essayons de comprendre leur vision et adaptons-la à la nôtre. Il ne faut pas oublier que ceux qui ont élevé ces jeunes-là, c’est nous. On leur a donné tout ce qu’il fallait: l’ouverture d’esprit, la communication, l’envie de foncer, de s’exprimer. Et c’est ce que ça donne et c’est ce qu’on veut! La relève est en santé! On l’a d’ailleurs beaucoup intégrée dans notre conseil d’administration. On demeure très connecté avec les jeunes.

Est-ce difficile de convaincre les professionnels des communications et du marketing de devenir membre de l’APCM?
C’est un défi, parce que les associations étaient très en demande il y a 15 ou 20 ans, mais aujourd’hui, les gens se demandent pourquoi ils devraient être membres d’une association. Ils se disent: «Je suis connecté, je suis sur Facebook, sur LinkedIn». On a dû trouver ce qu’on pouvait leur offrir comme valeur ajoutée. Il y a eu tout un questionnement pour arriver à déterminer comment on pouvait aider nos membres à s’informer, à s’inspirer et à se connecter. Parce que les médias sociaux amènent les gens à se connecter, mais ils ne les amènent pas à s’informer ou à s’inspirer.

Comment évolue l’adhésion à l’APCM?
On a encore près de 400 membres. C’est assez stable. Ce qui a beaucoup évolué, c’est notre communauté. On a maintenant 3000 membres Facebook et LinkedIn. Notre communauté a beaucoup grandi, notre auditoire a pris énormément d’ampleur. On a des membres, mais on a maintenant aussi un auditoire.

Quel est le plus gros changement que vous ayez constaté au cours de vos trois années à la présidence de l’APCM?
Le numérique amène un changement de stratégie énorme. On ne peut plus juste aller vers une vision de marketing spécifique, on doit comprendre le comportement du consommateur pour être là au bon moment. Avant, on bâtissait nos produits et on les vendait. Maintenant, on doit comprendre ce que les gens veulent pour être en mesure de bâtir nos produits en fonction de leurs besoins. Il faut désormais mélanger les savoirs pour mieux accomplir la stratégie du client. On est en train de tomber d’une ère cloisonnée à une ère ouverte. On le voit même en gestion, les bureaux fermés, il y en a de moins en moins, les portes fermées, on n’en voit plus. Maintenant, on voit de grandes tables autour desquelles tout le monde travaille ensemble, peu importe le niveau hiérarchique. Ça illustre cette nouvelle vision.