Approche encore peu répandue au Québec et au Canada, le marketing olfactif a pourtant fait ses preuves et est couramment utilisé par les marques à travers le monde. Christine Chamberland-Beaudoin, en véritable précurseure de cette technique qui sent bon l’efficacité, crée depuis 2014 avec son entreprise Élixir Marketing Olfactif des ADN « odorantes » qui permettent aux marques d’ici de se transformer en souvenirs et expériences mémorables.

Christine Chamberland-Beaudoin tient avec dynamisme et fierté les rênes de l’entreprise qu’elle a décidé de fonder il y a huit ans après plusieurs années de travail dans le milieu des agences, des communications numériques et de l’événementiel. Pour l’entrepreneure, lancer une agence qui mise sur l’approche olfactive, c’était aussi se rapprocher de ces formes d’art qui l’ont toujours passionnée de par leur capacité à captiver leurs publics grâce à l’éveil des sens.

«J’ai étudié en musique et en cinéma. Ces domaines ont un lien direct avec l’olfactif, comme par exemple au niveau des notes de tête, de cœur et de fond qui sont présentes quand on parle de musicalité. Le cinéma raconte quant à lui une histoire et la stratégie olfactive, bien qu’elle ne soit pas visible à l'œil nu, est elle aussi porteuse d’un récit. Celui de la marque.»

Pour bien connaître son produit et collaborer efficacement avec les maîtres parfumeurs qui concoctent les fragrances utilisées dans les différents projets, l’entrepreneure a suivi un cours dans le milieu de la parfumerie. L’univers des fragrances est une véritable passion pour l’experte du marketing qui croit qu’une signature olfactive devrait être tout aussi incontournable pour les marques que l’est une stratégie numérique.

«Aujourd’hui, le web n’est plus seulement la cerise sur le sundae d’une stratégie marketing. C’est une évidence que si on ne mise pas sur le numérique, on passe à côté du bateau. Je crois que c’est la même chose au niveau du marketing olfactif. Mon métier est de créer des ADN olfactifs pour des marques, et je ne comprends pas pourquoi elles ont leur logo, leurs couleurs, mais sont encore si peu nombreuses à identifier une odeur qui leur est propre», explique Christine Chamberland-Beaudoin.

Cibler l’émotion pour générer de l’affect
Cette timidité des marques d’ici à se lancer dans le bassin (ou devrions-nous dire flacon?)  du marketing olfactif est curieuse quand on sait que cette approche est largement privilégiée par des entreprises ou lieux à succès dans des villes d’importance comme Las Vegas, New York, San Francisco, ou même de grandes métropoles européennes. Au Canada, seulement 2 ou 3% des marques misent sur une stratégie olfactive, nous apprend la fondatrice d’Élixir. Pourtant, la popularité à l’international de cette stratégie découle du fait avéré qu'un projet mettant en scène des odeurs «mémorisables» permet à tous les coups de créer un lien émotif et affectif durable avec la cible.

«L’olfactif est le sens qui crée le plus d’émotions et de souvenirs. En marketing, nous tentons de travailler sur la longévité, que la clientèle se fidélise dans le temps car elle se rappelle de la marque par l’entremise d’une fragrance. Les personnes endossent ainsi plus durablement la marque et la réfèrent ensuite. C’est donc extrêmement puissant à une époque où c’est rendu de plus en plus difficile de garder ses consommateur·trices intéressé·es», croit la spécialiste.

Des possibilités et des parfums infinis
Élixir Marketing Olfactif
n’a pas de clientèle cible, puisque toutes les marques, industries confondues, peuvent profiter d’une stratégie de marketing olfactif, croit la fondatrice. Lorsqu’un projet est déployé, elle s’assure également de rendre les marques autonomes, notamment au niveau de la diffusion des fragrances.

«Il n’y a pas de secteurs en particulier qui utilisent le marketing olfactif. Le dénominateur commun est que les entreprises qui communiquent avec moi ont toutes ce désir d’innover, de se dépasser ou de mieux faire pour leur clientèle et leurs employé·es. J’ai des clients très variés. Ça peut être des résidences pour personnes âgées, le Cirque du Soleil ou une chaîne de restaurants à déjeuner», précise l’entrepreneure.

Emballages et costumes parfumés d’une fragrance personnalisée, signature et parcours olfactifs, produits dérivés ou assainissement de l’air, il n’y a pas que les combinaisons de fragrances qui sont infinies chez Élixir. Selon les besoins qu’on lui adresse, Christine Chamberland-Beaudoin s’assure d’abord de bien connaître ses marques-clientes pour ensuite imaginer avec elles des concepts olfactifs qui détiennent leur propre mission et leur identité unique.

«L’éventail de possibilités est phénoménal et on réalise des projets pour tous les budgets. Ce qui est vraiment intéressant, c’est que la création d’une ADN olfactive permet une connexion profonde avec les consommateur·trices et que celle-ci perdure dans le temps. La mémorisation olfactive, où le fait que l’on se souvienne d’une odeur et qu’on l’associe à quelque chose ou à un moment, ça dure d’un à trois ans dans la mémoire de l’être humain!»

La fragrance qui marque les esprits
Les statistiques recensées par la spécialiste sont sans équivoque: le marketing olfactif, ça fonctionne, et même très bien. Pourquoi? La réponse est plutôt simple. Parce que les odeurs agréables, celles qui nous rappellent des moments touchants ou amusants, des sensations enivrantes ou des ressentis de bien-être, on s’en souvient, tout simplement. 

«Les études démontrent que l’humeur s’améliore de 40% quand on est en présence d'une odeur agréable et que suite à une expérience vécue comme positive, 8 personnes sur 10 en parlent autour d’eux. Finalement, les consommateur·trices sont 78% à avoir l’intention de retourner vers une marque qui leur fait vivre une expérience sensorielle», indique Christine Chamberland-Beaudoin.

À voir ces chiffres, une stratégie de marketing olfactif, ça sent la bonne affaire, non?

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