Amazon est l’incontournable du commerce en ligne. Cependant, le traitement de ses employées, la pollution qu’il engendre ; ça fait jaser… Mais que reproche-t-on exactement à Amazon ? Alors que la période du magasinage des Fêtes s’entame, Pier-Olivier Doyon, lead – Place de marché chez Novatize, nous expose le côté doré et le côté plus sombre du géant Amazon.

En 2020, l’année même où tous les individus de la planète tentaient tant bien que mal de trouver leurs repères dans un monde pandémique, Amazon, le groupe d’entreprises créées par Jeff Bezos en 1994, a généré des revenus frôlant les 500 milliards de dollars. Pourquoi? Parce qu’on trouve de tout, absolument tout, sur cette plateforme qui emploie près d’un million et demi de personnes. Utiliser cette entreprise mondiale de commerce en ligne, c’est efficace. «En trois minutes, ton achat est fait et le lendemain, c’est livré chez toi ! Puis, le service de retour est facile. Amazon peut même venir chercher le produit à retourner. Beaucoup de commerçants, malheureusement, n’ont pas un bon service de retour. Récemment, une compagnie m’a chargé 10 $ pour que je renvoie un article qui est arrivé chez moi défectueux», mentionne Sarah Bourgie-Sabourin, une grande utilisatrice d’Amazon.

Amazon fait sentir sa présence sur diverses sphères de la société. Il est donc normal que ce géant dérange… Les choses qui lui sont reprochées touchent autant le traitement de ses employées que la pollution engendrée par ses camions de livraison et ses entrepôts, la perte d’emplois auprès des commerces locaux qui se retrouvent à se faire manger tout rond par ce géant, le gaspillage de produits invendus et l’évasion fiscale. Qu’en est-il réellement? Est-ce possible de faire la part des choses? «Plaire à tout le monde, c’est impossible, mais Amazon peut énormément s’améliorer au niveau humain et sur le plan environnemental. Ça doit être fait et j’ai hâte de voir où ça s’en va… On fonce dans un mur. Amazon en fait partie ; on en fait tous partie, de ce mur-là», soutient Pier-Olivier Doyon, lead – Place de marché chez Novatize.

Un géant glouton qui gobe les petites entreprises locales ?
Évidemment, quand on parle d’un géant dans un domaine, ses concurrents craignent qu’il établisse son royaume en les écrasant, pour en venir par s’approprier le monopole ! Ainsi, beaucoup de consommateurtrices préfèrent bouder un géant pour soutenir les plus petites marques locales. C’est notamment le cas de Maryse Paquette. «J’encourage des gens qui travaillent près de chez moi, les commerces locaux. Si on magasine toujours en ligne, tout va finir par disparaître ! J’ai mon côté vintage ; j’ai besoin de voir les produits. Pour moi, le service personnalisé et la proximité, c’est important. La façon de faire d’Amazon ne convient pas du tout à ma personnalité, donc j’ai volontairement décidé de le boycotter», partage-t-elle.

Pourtant, contrairement à ce que plusieurs pourraient penser, la cohabitation est possible entre Amazon et le commerce local. «Je pense que c’est une belle plateforme pour se faire connaître. Si un∙e consommateur∙trice découvre un produit via Amazon, par la suite il∙elle voudra peut-être faire affaire directement avec le commerçant local, pour l’encourager. Ça peut aussi être un beau moyen pour une marque québécoise de se faire connaître dans le Canada en entier», poursuit Pier-Olivier Doyon.

Par exemple, si ce n’est pas rentable pour l’entreprise de livrer en Colombie-Britannique, en envoyant ses produits à Amazon, la livraison se fera plus facilement et rapidement. Ça ouvre ainsi les portes à une clientèle différente. «Je trouve ça bien qu’une entreprise québécoise puisse se faire découvrir dans l’Ouest canadien. Ça reste dans notre économie, l’économie canadienne ! Puis, avec la pandémie, les représentant·es canadien∙nes d’Amazon ont pris conscience de la vague du commerce local. Il∙elles ont fait beaucoup de vitrine pour les commerces locaux et les marques d’ici, avec des pages pour mettre en valeur leurs produits, mais aussi l’histoire de leur entreprise», ajoute-t-il.

Le commerce local et Amazon formeraient donc, ainsi, une alliance possible plutôt méconnue de la majorité du public.

Amazon Prime, ce grand pollueur
D’accord, Amazon fait peut-être sa part pour faire briller l’achat local, mais en termes de pollution, il est impossible de nier le problème, de le contourner… «C’est certain qu’on a tous et toutes vu des reportages sur le traitement des employé·es d’Amazon. Ce n’est pas glorieux… Ça nous remet en question sur la livraison super rapide : c’est quoi le coût humain, derrière ça ? Ça soulève également des interrogations sur le plan environnemental… Est-ce que le camion était vide ? Était-ce vraiment nécessaire que ce camion parte aujourd’hui ou il aurait pu le faire le lendemain, avec plus de colis?», s’interroge Pier-Olivier Doyon.

C’est le service Amazon Prime qui est, en quelque sorte, le «gros méchant», là-dedans. Cependant, rien ne nous oblige à utiliser Amazon Prime et à avoir recours à cette livraison ultra rapide. «Je pense qu’on est dans une société qui aime être satisfaite le plus rapidement possible et ça a ses défauts, pas juste du côté d’Amazon ! En tant que consommateur∙trices, on a peut-être un travail de réflexion à faire sur nous-même… Se demander si on a réellement besoin d’un produit en une journée. Si oui, je peux aller l’acheter au commerce au coin de la rue», poursuit-il. C’est à tout le monde de revoir ses priorités. Si la clientèle réalise que l’achat immédiat n’est pas essentiel, ça aura un effet domino sur tout le processus: du petit clic qui met un item dans le panier virtuel, jusqu’au mode de livraison devant la porte! Amazon pourrait notamment en profiter pour offrir de meilleures conditions de travail à ses employées.

Le géant Amazon, toujours l’allié fidèle des Fêtes ?
Avec tout ce qu’on entend à propos de ce géant du monde moderne, on en vient à se demander s’il sera aussi populaire, en cette période du temps des Fêtes… «Avec la pandémie, on a réalisé que l’important n’était peut-être pas de se donner plein de cadeaux, mais plutôt de se réunir tous au même endroit. Cette année, ce que je crois qu’il va arriver, au niveau du commerce en ligne, ce sera davantage d’offrir des expériences», songe Pier-Olivier Doyon. Offrir à nos proches de faire une activité ensemble, avec des billets de spectacles ou des cartes-cadeaux pour aller au cinéma, au restaurant, au spa. «Amazon devra peut-être s’adapter à laisser la place à créer des certificats-cadeaux à des restaurants, des spas, etc. Et ça, ça ne demande aucune livraison et les employés sont ceux du spa, pas ceux d’Amazon. Un petit spa de la région de la Mauricie que quelqu’un au fin fond de la Beauce n’aurait jamais connu autrement et là, il le découvre sur Amazon. Ça pourrait être une avenue très cool à explorer», conclut-il.

Pollution, mauvais traitement des employées, nuisance aux commerces locaux: les raisons de pointer Amazon du doigt resteront-elles les mêmes, tant et aussi longtemps que tout le monde — la clientèle autant que le géant lui-même — n’y mettra pas un peu du sien pour régler le problème?

POPier-Olivier Doyon, lead – Place de marché chez Novatize
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