Un nouveau souffle pour TORQ : l’animateur Pierre Michaud cède sa boîte de production vidéo à son fils, Simon, qui devient alors président et actionnaire majoritaire de l’entreprise.

Que celui ou celle qui n’a jamais écouté RPM lève la main ou se taise à jamais. On doit l’avouer, nous avons tous et toutes un souvenir de cette émission automobile avec Pierre Michaud. Vous vous demandez pourquoi? Eh bien, c’est parce que RPM roule sa bosse depuis plus de 20 ans maintenant. Un record dans l’industrie de la télévision. Depuis 2005, l’émission est produite de manière indépendante par TORQ, une entreprise fondée par Pierre Michaud. Mais c’est maintenant le temps de passer les rênes à Simon, qui baigne carrément dans le milieu depuis son plus jeune âge. En effet, «la concrétisation de la relève par Simon n’arrive pas soudainement, explique Geneviève Gélinas, belle-mère de Simon et vice-présidente de TORQ. C’est la suite de plusieurs années de préparation. Simon a débuté en tant qu’assistant de production. Il a connu le terrain avant d’arriver à la direction. Il a fait sa place à force de travail et de résultats».

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De «fils du boss» à président
On commence tous et toutes quelque part. Bien entendu, quand on est le fils du boss d’une boite de production vidéo, comme le souligne Simon Michaud, ça peut semer des graines pas très loin de l’arbre: «C’est certain que d’avoir grandi dans le monde de la production ça m’a mis dans le bain assez jeune. J’ai vite été attiré par le milieu créatif. Parallèlement, mon profil entrepreneur s’est aussi développé dès l’adolescence. J’ai donc baigné dans un monde où on entreprend des projets, on structure, on vise une croissance et surtout où on cherche à créer constamment du bon contenu. Mais pour atteindre la présidence, j’ai dû faire preuve de patience. Ça m’a permis de grandir et d’apprendre aux côtés de mon père et de Geneviève.»  

Pas de passe-droit pour le fils du boss, plutôt, une opportunité de céder l’entreprise avec confiance, aux mains d’une relève bien formée, indique Geneviève Gélinas: «De son côté, Pierre a accordé à Simon une grande confiance dès le début, dans les bons moments, comme dans les moments plus difficiles. Je pense que la confiance, le soutien mutuel et la complémentarité que nous avons la chance d’entretenir tous les trois sont des éléments clés du succès de notre trio. Un trio qui évolue tout simplement pour permettre une continuité, une promesse d’avenir ! » 

Temps difficiles pour la relève
Pour Simon Michaud, cette expérience de passation des pouvoirs s’est faite de la meilleure manière possible. «Mon parcours a été extrêmement positif et agréable. J’ai eu la chance de bénéficier de la belle ouverture de mon père et de Geneviève. Malheureusement, quand je compare mon expérience à celle des jeunes de mon entourage qui souhaitent reprendre une entreprise familiale, je réalise que les autres n’ont pas autant de chance que moi à ce niveau.» Aujourd’hui, en raison de la pénurie de main-d'œuvre, les entrepreneur·es qui sont à la tête d’une entreprise qu’ils ou elles ont fondée ont de plus en plus de difficulté à trouver une relève. Heureusement qu’il existe des jeunes entrepreneurs comme Simon, qui ont la fibre entrepreneuriale et qui souhaitent laisser leur marque en reprenant l’entreprise familiale. Cet esprit de leadership remplit Geneviève Gélinas de fierté, qui souligne que la balance entre Pierre et Simon a été un élément important dans la démarche de repreneuriat: «La beauté est que Simon a eu la maturité d’être à l’écoute de l’expérience de son père et que Pierre a eu l’audace de faire confiance à la fougue de son fils. C’est inspirant, rassurant et rempli d’espoir pour l’avenir. Les défis sont grands pour les entrepreneur·es; défis de croissance, de main-d'œuvre, en plus de devoir inspirer et de performer tout en gardant un équilibre de vie. Le mandat est imposant, mais je suis confiante que Simon a ce qu’il faut pour relever les défis qui l’attendent.» 

De son côté, Pierre Michaud, à titre de père et fondateur, ne peut être plus fier: «C’est une immense satisfaction pour moi de constater que mon fils et Geneviève souhaitent poursuivre ce que j’ai mis au monde. Et je serai là aussi longtemps qu’il et elle auront besoin de moi. Nous formons un trio fort et sommes tous les trois très complémentaires.»

En outre, Simon Michaud est heureux que son expérience ait été positive et souligne l’importance de l’ouverture face aux défis de successions qui attendent plusieurs entreprises: «Beaucoup de dirigeant·es ont de la difficulté à laisser aller leur “bébé”. Pour la relève, ça peut engendrer de la frustration et ça cause nécessairement des conflits entre les générations. J’ai l’impression que les entreprises doivent de plus en plus inclure un projet de relève dans leurs projets de développement, parce que c’est inévitable pour la survie d’une boîte. Et surtout, ce que j’ai appris, c’est que la dynamique du donnant/donnant fait grandir toutes les personnes impliquées. Tout le monde a droit à sa chance et à sa parole autour de la table. L’ouverture, c’est important, voire capital, dans une démarche repreneuriale.» 

TORQ : une entreprise prête pour de nouveaux défis
Plus d’ouverture, voilà ce sur quoi insiste Simon Michaud, qui espère que la génération qui est à l’aube de la retraite fasse preuve de bienveillance envers une jeunesse plus motivée que jamais à faire sa place. Force est d’admettre que le paysage médiatique et technologique, lui, ne cessera pas de changer. Déjà, depuis sa création en 2005, TORQ s’est développée et a élargi son offre en tant qu’entreprise de Québec. «L’enjeu principal, c’est la croissance, et dans notre milieu, ça revient à parler de réseautage. C’est pourquoi, depuis maintenant deux ans, TORQ a un bureau à Montréal. Non seulement ça nous place plus près de la clientèle et des contrats, mais ça nous place dans l’arène, tout près des grands joueurs.» Aux yeux de Simon Michaud, le succès remporté par RPM continue de permettre à TORQ d’élargir ses horizons et de produire d’autres créations originales telles que Ça va brasser (V Télé) et des documentaires comme Les vrais gagnants et Crinqué. Pour lui, Geneviève Gélinas et Pierre Michaud, l’avenir réserve de belles surprises à TORQ et la croissance de cette boîte de production régionale passera par une collaboration stratégique avec différents acteur·trices de l’industrie.

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