Normalement en période électorale, on associe le terme «plateforme» aux propositions et aux valeurs mises de l’avant par chaque parti politique. Cependant, à l’ère actuelle, le terme plateforme prend un sens doublement important. Désormais, chaque parti souhaite obtenir le plus de pouces en l’air et de cœurs sur chacune de ses publications ou vidéos sur les plateformes sociales! Facebook, Instagram, TikTok, Twitter: quelle plateforme est la plus préconisée par les politicien·nes?

Plateforme électorale ou plateforme sociale?
Et si ces deux plateformes ne faisaient plus qu’une, de nos jours? Bon, il ne faut quand même pas exagérer, mais on se doit d’admettre qu’à l’ère où les réseaux sociaux prennent tellement de place qu’ils se sont métamorphosés en plateformes sociales, un pont de plus en plus solide les relie directement aux plateformes électorales de chaque parti politique. En fait, la plateforme sociale est devenue un outil excessivement important pour faire valoir ses idéaux politiques et, qui sait, aller chercher des votes. Mais, est-ce que chaque organisation a sa propre stratégie, en matière de médias sociaux? Est-ce que Facebook, Instagram, Twitter et TikTok parviennent à se démarquer pour chacun aller chercher des électeur·trices différent·es?

L’âge des plateformes
On dit souvent que ça ne se fait pas de demander l’âge d’une personne. Ce qui est bien avec les médias sociaux, c’est qu’en analysant ceux celles qui les «fréquentent» le plus, on peut facilement deviner l’âge inscrit sur leur certificat de naissance, du moins l’âge moyen. Et ça, c’est une donnée extrêmement précieuse pour tout parti politique qui se respecte! Ainsi, il ne faut pas se creuser les méninges pendant des heures pour comprendre que TikTok et Instagram vont chercher une audience plus jeune. Du côté de TikTok, on parle même d’un large public «pré âge légal de voter». Ensuite, certains diront que Twitter a perdu des plumes, au fil des années, mais ce ne serait pas tout à fait vrai. Ce réseau social est encore grandement utilisé, mais c’est le côté plus sérieux, voire mature, posé et songé de ses utilisateur·trices qui y ressort. Puis, c’est un bon lieu d’échange pour les professionnel·les et les grand·es passionné·es de domaines spécifiques, comme la politique justement. Avec Facebook, les choses se corsent un peu… Même si la génération plus jeune dit lui préférer Instagram, elle ne boude pas cette plateforme pour autant. Elle y jette un œil de temps en temps. En fait, Facebook peut aller chercher une audience de tous âges, d’une certaine façon. En résumé: qu’elle le veuille ou non, chaque plateforme a sa propre audience et les politicien·nes doivent apprendre à naviguer là-dedans.

Je vous cible, mais me ciblez-vous?
Ah, ce grand art qu’est celui de savoir utiliser les médias sociaux à bon escient! En effet, outre l’âge, un des aspects très pratico-pratique des plateformes sociales est que c’est génial pour la publicité ciblée. On va se le dire: le porte-à-porte ajoute une petite touche personnelle à la rencontre entre un·e candidat·e et ses électeur·trices, mais sans s’essouffler et user autant ses chaussures, un·e politicien·ne peut pratiquement avoir le même rapport de proximité avec l’électorat grâce à Facebook, Instagram et compagnie. On appelle ça du «marketing politique». Quand les partis politiques achètent des publicités qui seront transmises sur les médias sociaux, ils obtiennent en quelque sorte le pouvoir de sélectionner une audience spécifique qui prend en considération une panoplie de données sociodémographiques. Par exemple, l’âge d’une personne, tel que mentionné précédemment, mais aussi son genre. Là où ça devient fort intéressant pour les organisations politiques, c’est que grâce aux mêmes informations, elles peuvent accéder au niveau d’éducation d’une personne, à ses intérêts (les publications qu’elle partage et qu’elle like) et, surtout, l’endroit où elle habite. Ce type de ciblage géographique peut permettre à un·e candidat·e de se faire connaître et de faire des gains importants dans son comté, en rejoignant ses électeur·trices sur les enjeux et les valeurs qui leur tiennent à cœur. Bref, chaque plateforme sociale possède des atouts cachés… ou pas vraiment cachés, c’est selon!

À chaque parti son visage social et numérique
Les expert·es du milieu diront que pour être le plus proactif possible, chaque parti se doit d’être présent sur toutes les plateformes sociales. Néanmoins, chaque chef·fe des organisations politiques actuelles doit avoir sa tactique, ou son petit chouchou en matière de réseau social! Éric Duhaime, par exemple, est un adepte des séances Facebook Live, alors que François Legault, qui expose couramment ses choix littéraires, remporte la palme du côté des abonnés sur TikTok. D’ailleurs, la plateforme TikTok est celle qui attire une audience plus jeune, alors c’est surprenant de voir que les deux chefs les plus jeunes, Paul St-Pierre Plamondon et Gabriel Nadeau-Dubois, ne possèdent pas de compte TikTok personnel! Ils en ont un pour leur parti, évidemment, mais leurs trois compatriotes plus  âgé·es (Dominique Anglade, Éric Duhaime et François Legault) se la jouent aussi en solo sur cette plateforme favorite des milléniaux. Pour le fun, il est intéressant de brosser un petit portrait de ces autres «plateformes électorales» pour chaque chef fe (en oubliant Twitter qui rejoint peut-être un peu moins monsieur et madame tout le monde).

Quelle est conclusion qu’on peut tirer de tout ça, à savoir si une plateforme sociale est plus favorisée ou priorisée qu’une autre par les partis politiques, en cette élection automnale de 2022? La réponse est non, pas vraiment. Elles sont toutes également utiles, en fonction des électeur·trices que les partis veulent aller chercher, selon un moment clé de la campagne.

En terminant, un petit fait curieux qu’il est impossible de passer sous silence: le fameux algorithme qui enrage parfois les utilisateur·trices des réseaux sociaux. Même les partis politiques eux-mêmes ignorent comment fonctionne vraiment cet algorithme, protégé comme il l’est par ses «parents» (Facebook, Instagram, etc.)! Qui sait, l’algorithme sera peut-être le grand gagnant de cette élection?

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