L’ère du numérique est aussi l’ère des communications. Et qui dit communication dit aussi traduction. Bien que les outils technologiques se développent et soutiennent le travail acharné des traducteur·trices, il reste que la profession a un bel avenir devant elle. 

On peut même se demander si la profession en traduction est devenue un besoin essentiel pour les entreprises et pour les communications? Si on se fie au directeur général de la Coop Edgar, Pascal Brulotte, on peut assurément croire que la réponse est oui et surtout au Québec:  C’est le propre d’une province bilingue! On doit répondre à une demande de traduction du français à l’anglais et vice versa. Les demandes ne font que croitre.»

Alors que les besoins en traduction continuent de grandir, le milieu rencontre le même défi que tous les autres secteurs, soit la pénurie de main-d'œuvre. Or, pour Pascal Brulotte, la pénurie se fait moins ressentir au sein de la Coop Edgar: «Pour nous, ça se passe plutôt bien. En 2020 et 2021, nous sommes passé·es de 67 à 95 membres chez Edgar. C’est une progression importante, mais on sent aussi que le fait d’être une coopérative est attrayant pour les candidat·es potentiel·les. On l’entend d’ailleurs souvent lors des entrevues d’embauche. Ça semble répondre à un besoin de la relève d’être partie prenante des décisions. Et ça accentue le sentiment de contribution au sein d’une entreprise. On dirait que ça motive les gens à aller au-delà de ce qui est attendu.» 

Le modèle coopératif est-il la réponse à la pénurie de repreuneur·euses?
Les coopératives occupent une place de plus en plus intéressante dans le développement économique du Québec. On en dénombre de plus en plus dans la province et certaines d’entre elles sont même devenues des entreprises de grande envergure. Même si le modèle reste encore peu répandu, il semble détenir le secret bien scellé de la rétention d’employé·es, puisqu’il aurait le potentiel de créer une nouvelle perspective pour celles et ceux qui s’intéressent au repreunariat. 

Pour Janek Thibault, directeur principal chez Desjardins, «qui dit pénurie de main-d’œuvre, dit aussi pénurie de repreneur·euses». Le transfert d’entreprise, besoin souvent sous-estimé quand on parle de pénurie de main-d'œuvre, a beaucoup de potentiel, lorsque converti en modèle coopératif. Selon Janek, «le transfert d’entreprise en coopérative a le potentiel de réduire la crainte de prendre en charge une entreprise seul·e, ainsi que les considérations financières que cela implique. En effet, la reprise d’entreprise peut être un investissement important et les considérations financières peuvent ressembler à une montagne, ce qui peut être un frein pour de nombreux·euses entrepreneur·euses potentiel·les.» 

Les coopératives à l’épreuve du temps
Le fardeau financier peut en effet être un facteur décisionnel important lorsqu’on est face à un transfert d’entreprise, mais pour la Coop Edgar, qui s’est récemment convertie en modèle coopératif, l’enjeu était d’abord de rester une entreprise locale, souligne Pascal Brulotte. «La réflexion part de l'ancien président de l'entreprise Edgar Inc. qui souhaitait garder la compagnie à Québec et qui nourrissait le désir de passer le flambeau à des employé·es. Tranquillement, l'idée d'une coopérative a fait son chemin.» Et les avantages de ce modèle d’affaires se sont révélés attrayants pour l’entreprise, précise-t-il: «En plus de soulager le fardeau de l’investissement, l'écosystème de l'économie sociale et des coopératives a des moyens intéressants pour soutenir les organisations dans ce type de transformation. Par exemple, la Caisse d'économie solidaire nous a beaucoup aidé·es, notamment au niveau de la gestion du risque et des garanties.»

Janek Thibault abonde également dans ce sens et ajoute même que les coopératives s’en tirent mieux que les jeunes entreprises sur le long terme: «C’est peut-être parce que le modèle coopératif répond à des besoins réels exprimés par la communauté, à des valeurs de solidarité et de partage de la richesse qu’il passe si bien l’épreuve du temps. Bien ancrées dans leur milieu, les coopératives ont un meilleur taux de survie que les jeunes entreprises après une première année d’activité et passent le cap des 10 ans à 44%, comparativement aux entreprises conventionnelles à 19.5%, ce qui en fait un modèle particulièrement intéressant et viable.» 

Coopérer en coopérative 
Bien que le modèle soit attrayant, il reste que le fondement d’une coopérative, c’est la coopération. Pascal Brulotte mentionne que la coopérative implique une redéfinition de l’organigramme et place l’implication des membres au centre de son modèle d’affaires: «C'est sûr que c’est un changement de paradigme qui se vit tous les jours. Et au début, on doit apprendre un tout nouveau système de gouvernance. Au fil du temps, on réalise vite que quand on se retrousse tous et toutes les manches, on récolte réellement les fruits de nos efforts, puisque les excédents sont répartis directement aux membres.» 

C’est d’ailleurs un avantage que souligne Janek et qui peut donner l’envie aux gens d’intégrer une coopérative: «Lorsque la reprise collective est faite par les employé·es, en plus de sauvegarder leur propre emploi, ils et elles prennent l’avenir de leur organisation en main. Ceci peut d’ailleurs être un élément différenciateur en termes d’attraction de talents. C’est aussi un moyen novateur pour les travailleur·euses de sécuriser leur expertise dans un réseau structuré qui pourrait être répliqué dans d’autres industries.» 

De l’appui de la Caisse d’économie solidaire
Se lancer dans l’aventure et transférer son entreprise peut être assez faramineux à regarder, quand on débute son chemin en tant qu’entrepreneur·e, raconte Pascal Brulotte. Mais la Coop Edgar a reçu un service hors pair de la part de Desjardins. Janek Thibault explique que tout le processus est soutenu par ses équipes: «Du côté de la Caisse d’économie solidaire, nous accompagnons étroitement les nouvelles coopératives dans toutes les étapes du transfert ou de la création de la nouvelle entité. L’expertise de la Caisse d’économie solidaire en matière de transfert d’entreprises ne date pas d’hier et avec le temps nous avons développé des outils adaptés aux réalités complexes des coopératives. Qu’il s’agisse de l’analyse financière, de la vérification de la solidité à long terme, des confirmations légales ou fiscales, nous agissons aussi comme courroie de transmission en facilitant le dialogue entre les acteur·trices Desjardins et autres partenaires financiers, nous sommes la porte d’entrée du réseau de la finance solidaire. En fait, il s’agit d’un véritable accompagnement personnalisé que nous offrons à nos membres, et qui a été offert, dans ce cas-ci, avec la Coop Edgar

Il semble que les coopératives répondent à beaucoup de nouveaux besoins et de nouvelles valeurs pour les jeunes talents qui cherchent de plus en plus de la valorisation intrinsèque au travail. Qui sait, le remodelage des modèles d’affaires a peut-être le potentiel de combattre les vagues de quiet quitting qui frappent le monde du travail depuis quelque temps.

Lorsque la reprise collective est faite par les employé·es, en plus de sauvegarder leur propre emploi, ils et elles prennent l’avenir de leur organisation en main. Ceci peut d’ailleurs être un élément différenciateur en termes d’attraction de talents.  

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