L’utilisation d’un avatar pour se représenter sur les Interwebs n’est pas nouveau. En revanche, les YouTubers virtuels ont la cote ces temps-ci. Venant tout droit du pays du soleil levant, cette nouvelle génération de streamers appelée «VTubers» amasse des fortunes — en abonné·es et en argent. Regard sur ce phénomène qui s’est accéléré.

Qui sont-il·elles ?
Rencontrant un franc succès sur la plateforme YouTube, les créateur·trices de contenu qui se mettent en scène dans des vidéos sont monnaie courante. Tout d’abord considéré comme une sous-culture japonaise de niche, le phénomène a pris de l’ampleur et représente aujourd’hui une industrie fort lucrative. Ayant vu le jour au Japon au milieu des années 2010, les VTubers, dont l’esthétisme est non sans rappeler les animés, sont le fruit de l’intelligence artificielle et sont créé·es à partir d’animation 2D et 3D. Les avatars se basent donc sur les mouvements et les expressions d’une personne en chair et en os, grâce à la méthode de capture de mouvement et de reconnaissance faciale.

Avoir recours à toutes sortes de technologies et les combiner n’est pas une mince affaire, surtout lors d’un live — la véritable identité de la VTuber Noracat avait été révélée en direct, dévoilant un trentenaire la personnifiant. Oups. L’une des figures les plus populaires du genre? Kizuna AI, qui s’est notamment fait connaître en faisant des critiques de jeux vidéo en 2016. Cumulant des millions d’abonné·es sur sa chaîne, sa montée fulgurante a été telle qu’elle a même été l’ambassadrice de la Japan National Tourism Organization. Depuis, d’autres VTubers virtuels ont vu le jour, dont le pinacle a été pendant le confinement 2020. Si parfois l’on peut penser qu’une seule personne se cache derrière les animés, il peut en fait s’agir d’une équipe tout entière, voire des entreprises commerciales, comme l’avait rapporté Vice. Des agences spécialisées comme Hololive Production et NIJISANJI représentent même des VTubers.

Qui les consomme?
Tout comme leurs comparses humain·es, le contenu des VTubers peut grandement varier — allant de vidéo classique au jeu vidéo, de l’ASMR au vlog, et ainsi de suite. Et, tout comme leurs homologues humains, ces créateur·trices tentent de monétiser leur chaîne. C’est toutefois le live streaming qui représente la principale activité (et qui rapporte gros). D’après Stratégies, les neuf chaînes YouTube qui ont généré le plus de revenus dans le monde avec la fonction Super Chat l’an dernier appartenaient à des VTubers! En effet, des légions de fans sont prêt·es à débourser une somme d’argent pour voir leur message écrit mis en valeur grâce à cette fonction.

Toujours selon Stratégies, un admirateur avoue dépenser jusqu’à 70 euros pour qu’un de ses commentaires soit surligné et vu par sa VTubeuse favorite ou encore un autre fan, qui n’hésite pas à remplir son studio nippon d’affiches et de photos encadrées de son idole virtuelle. Avec des communautés de fans tant sur YouTube, Twitch ou Tik Tok aussi avides d’ouvrir leur portefeuille, il n’est pas étonnant que des marques fassent de plus en plus appel à des créateur·trices de contenu virtuel pour des coups de pub. C’est ainsi qu’en 2019, la VTubeuse Kaguya Luna avait organisé une diffusion en direct pour faire la promotion des nouilles Yakisoba UFO. Le concept? Attacher un smartphone à un ballon d’hélium et faire une performance en direct, ce qui lui a même valu une inscription dans le Guinness World Records comme le flux en direct enregistré à la plus haute altitude. Même Netflix s’est également mis de la partie pour faire la promotion de sa gamme d’animés en développant le personnage N-ko, la VTuber et ambassadrice officielle de Netflix Anime.

De VTubers à collecter des NFT?
En décembre 2021, la populaire Kizuna AI a annoncé qu’elle prenait une «pause indéfinie» pour se réinventer dans le métavers et investir dans les NFT. D’autres ont emboîté le pas depuis. Après tout, que l’on comprenne l’engouement pour les jetons non fongibles ou pas, reste qu’ils peuvent offrir une belle avenue pour les marques.

Le virtuel finira-t-il par l’emporter sur le réel?