Fascinant le métier de réalisateur·trice, n’est-ce pas? Véritable chef·fe d’orchestre, au-delà de la vision créative d’un film (publicitaire), les réals doivent composer avec la gestion des talents sur le plateau (acteur·trices et équipe technique) et interviennent avant, pendant et après un tournage. Ouf! Portrait de 3 duos de réals représentés chez ALT Productions. Action!

Deux têtes valent mieux qu’une
Baptisées Sonia et Ginette par un prof un peu dur de la feuille, les réalisatrices Sophia Belahmer et Juliette Gosselin forment un duo (comique) hors pair. Alors au baccalauréat en cinéma à l’UQAM, ce fut le coup de foudre immédiat. «Dès la première semaine, on s’est mises en équipe et on ne s’est jamais lâchées», expliquent celles dont la genèse de leur duo a été l’humour. «On rit des mêmes affaires, on est deux grandes ricaneuses qui adorent s’envoyer des niaiseries. De ce sens de l’humour commun, on a eu envie de créer des œuvres humoristiques, à la rencontre de nos deux univers. L’aventure Switch & Bitch, la websérie de Tou.tv qu’on a écrit et réalisé sur trois saisons, nous a confirmé qu’on était capables de travailler en tandem et que ça nous rendait particulièrement efficaces. En prime, tout est plus l’fun à deux!»

Caressant le rêve de fonder leur propre compagnie de production de vidéoclip, Daniel Abraham et Pierre-Alexandre Girard, du duo DAN & PAG, ont fait le saut. «On voulait réaliser les deux, et lorsque les projets rentraient, on les faisait ensemble. On a trouvé que nos visions se complémentaient bien, on n’a donc pas lâché ce filon.» Faut croire que le filon était bon, puisqu’une décennie plus tard, le duo tient toujours la route! Qu’est-ce qui fait qu’ils aient eu un coup de cœur professionnel l’un pour l’autre d’ailleurs? «Sûrement parce que PAG ne faisait pas sa vaisselle en appart», de répondre l’un. «Je faisais la vaisselle, mais à mon rythme», de répondre l’autre. Un duo tout en humour aussi on dirait bien! La genèse? Vous vous en doutiez sûrement – une colocation à l’époque où ils étudiaient au Cégep de Jonquière en Art et technologie des médias (ATM pour les habitué·es)!

Outre le fait de «devoir partager un salaire avec son frère (haha)», tout va bien pour Les Frères Sanchez, Carlos et Jason, dont la genèse repose sur le lien fraternel! Ayant collaboré à l’université sur différents projets de photographie, leur association est arrivée naturellement, et depuis, elle n’a jamais stoppé.

Créer en tandem
Issus de l’univers de la photo et ayant œuvré dans le médium pendant près de 20 ans, les Frères Sanchez savent comment raconter une histoire dans un seul cadre. «Nous avons compris comment la combinaison du cadrage, la lumière et la couleur guident les spectateur·trices dans leur connexion et leur compréhension de l’œuvre.» Compétence que le duo applique assidument à chacun des projets sur lequel il s’attèle. À la question comment est-ce de travailler en duo, les Frères Sanchez sont d’avis que d’avoir quelqu’un avec qui rebondir et affiner les approches des projets est toujours enrichissant. «Avec les publicités, nous réfléchissons aux concepts qui nous sont présentés par les créatif·ves et lorsque nous produisons nos propres projets, l’un de nous proposera une idée initiale, puis nous collaborerons pour trouver la meilleure façon de la réaliser, que ce soit à travers des films, des photographies ou des installations.»

Pour la paire Sonia et Ginette, c’est une question de symbiose. «Comme un ballet qu’on a appris à danser ensemble et qui se fait maintenant presque instinctivement. Dans l’écriture, le squelette se fait souvent à quatre mains, pour qu’on brasse toutes les possibilités ensemble. Ensuite, on divise le travail pour être plus efficaces. En série, on se partage les épisodes.» Par exemple, Sonia/Sofia fera l’épisode 2-4, et Ginette/Juliette fera l’épisode 3-5. Pour la co-réalisation, c’est encore plus une histoire de chimie, nous disent-elles. «En préprod, le fait d’être deux nous permet d’avancer plus vite. Sur le tournage, après “Coupez !”, on se consulte rapidement avant de se splitter pour donner nos notes aux départements concernés. Souvent, par instinct, je vais aller m’adresser aux acteur·trices et Sophia à la technique, mais parfois, on interchange tout dépendant de la nature de nos notes.»

C’est parce que Juliette est aussi comédienne. Est-ce que cela lui confère un avantage lorsqu’elle est derrière la caméra? «Évidemment que mon amour du jeu teinte la réalisatrice que je suis. C’est ma première porte d’entrée dans l’univers de la réalisation», explique celle qui aime jouer, regarder ses pairs jouer, diriger, «trouver le bon chemin pour arriver à transmettre une idée, une émotion, un effet comique». Pour elle, le rôle de la réalisation est de s’adapter à chacun·e des acteur·trices afin de créer le meilleur canal créatif.  Juliette estime que son amour du jeu fait d’elle une réalisatrice très sensible et généreuse avec les acteur·trices. C’est pourquoi elle essaie de diriger des plateaux où les acteur·trices se sentiront respecté·es, pas rushé·es et entendu·es. Ceci étant dit, elle ajoute que Sophia et elle se ressemblent à gogo là-dessus. «Ce n’est pas parce que c’est moi l’actrice du duo que je suis la seule à avoir cet instinct-là! La bienveillance fait partie de l’ADN de notre duo.»

«On a appris à travailler de cette façon, donc c’est difficile pour nous de vraiment définir notre méthode», partagent DAN & PAG, qui estiment que travailler à deux se fait de manière organique.

«Le côté fondamentalement collaboratif d’un duo fait que les discussions avec tous les départements deviennent des conversations et non “des ordres”, alors ça crée vraiment une belle collégialité. Ça mène à ce qu’on considère vraiment beaucoup les visions créatives de nos collaborateur·trices et ça, c’est très riche dans un projet», partage le duo.   

Et le style cinématographique dans tout ça
La devise de DAN & PAN? «Simple, stupide». Le duo s’explique. «À travers tous nos clips, on s’est rendu compte d’une chose. Plus c’est simple, plus c’est efficace. Puis on a décidé d’appliquer cette mentalité à toutes les facettes de notre travail. On aime beaucoup être sobres dans nos réalisations. On aime la vérité, le senti. Et ça nous sert bien, on pense. Surtout en humour! On campe nos situations dans des univers réels et pas trop gros. On donne beaucoup de place aux interprètes et aux textes. On aime aussi beaucoup avoir un esthétisme prononcé et une direction artistique et photographique soignée et réfléchie.» Qu’il s’agisse d’un projet personnel ou d’une pub, le duo croit que la réalisation est au service de l’idée et non le contraire. «En pub, on est vraiment au service de l’idée créative de l’équipe de l’agence. On tente de vraiment bien cerner leurs besoins et désirs et de s’assurer qu’on saisit bien leurs intentions pour pouvoir maximiser leur vision. On essaie vraiment de mettre notre touche en concordance et de s’arrimer à ça. Une fois qu’on a bien saisi l’intention, on brainstorm ensemble pour voir comment notre vision peut venir bonifier la leur.»

Les comparses Sonia et Ginette estiment que leur style s’est élargi et précisé à la fois, à mesure qu’elles prennent de l’expérience. «S’élargit, au sens où on se sent de plus en plus à l’aise de ne pas être cantonnées uniquement dans le genre humoristique. En vieillissant, on a envie, même dans l’humour, d’avoir un propos fort, une facture visuelle recherchée, d’oser des découpages plus audacieux, d’emprunter au cinéma de genre. Et se précise, dans la mesure où on sait de plus en plus ce qu’on aime, ce qu’on veut.» Dans tous les projets du duo, même les plus dark, l’humour y est présent. «Il y a de l’humour, du quotidien qui devient presque absurde. On aime quand l’hyper banal devient étrange, décalé, weird. On aime le quotidien qui s’inscrit aussi dans une direction artistique incarnée. On déteste sentir que le linge a été acheté pour le tournage! On aime la vie, dans ce qu’elle a de messy, d’imparfait, de touchant.» Que ce soit un projet de leur cru ou une pub, le premier réflexe des réalisatrices est de se demander comment raconter l’histoire le plus efficacement possible. «On n’impose jamais une facture si elle ne colle pas à l’histoire qu’on veut raconter, au mood qu’on veut créer. Dans tous les cas, on veut créer des pièces qui résonnent avec nous et avoir du plaisir en les faisant.»

Les Frères Sanchez, eux, n’ont pas de style cinématographique fixe ou de «recette» lorsque vient le temps de créer des publicités. «Bien sûr, nous avons des préférences, une signature, quant à la façon dont nous éclairons une scène, comment on construit la mise-en-scène ou comment la caméra bouge, mais la chose la plus importante pour nous lorsque nous nous lançons dans une pub c’est de trouver le style qui convient le mieux au projet.» Pour eux, il est important de demeurer flexible dans leur style, que ce soit des concepts comiques ou dramatiques. «Il s’agit de comprendre quelle approche donnera le mieux vie à ce que l’agence et le client recherchent.»

Des projets plein la (les) tête(s)
Décidément, nos réals ne chôment pas! Il·elles enfilent projet après projet. DAN & PAG viennent de livrer une pub pour le McFlurry de McDonald’s et un vidéoclip pour Larry Kid. «On est en développement pour plein de projets de fictions à formats courts et longs. C’est vraiment beaucoup de points d’interrogation, mais c’est super stimulant. On est aussi au tout début de notre collabo avec ALT, autre aspect super stimulant!»

Sonia et Ginette, elles, terminent la post-production d’une série jeunesse pour les 9-12 ans qui sera diffusée à TFO. Sophia entame la post-production d’une websérie pour UNIS.tv. En parallèle, toutes deux travaillent sur trois projets en développement. Si elles ne peuvent en dire plus parce qu’à ce stade-ci rien n’a été annoncé, on sait qu’il s’agit de l’écriture d’un thriller sous forme de websérie, d’une comédie dramatique sous forme de série télé et d’une comédie ésotérique en format long-métrage. «Bref, les madames ont du pain sur la planche!», disent-elles.

Les Frères Sanchez, eux, travaillent sur un nouveau scénario de long-métrage et des expositions photos sont à venir à Amsterdam et à Miami.

Nos réals sont bien occupé·es, mais n’hésitez pas à leur booker un projet publicitaire! Cliquez ici pour découvrir leurs univers respectifs.