Vous pensez faire carrière dans l’univers numérique? Bonne idée! En 2019, l’économie numérique canadienne représentait 118 milliards de dollars, tout juste au-dessous de l’exploitation minière et pétrolière. Cette même année, 82% des emplois liés à ce domaine étaient concentrés en Ontario, en Colombie-Britannique et, ici, au Québec. D’ailleurs, l’industrie 4.0 fait partie des quatre vecteurs clés qui appuient la stratégie de développement économique de Montréal!

Mais savez-vous de quoi a besoin ce monde bouillonnant? De vous. En effet, selon les résultats d’une enquête de la firme KPMG, la pénurie de main-d’œuvre représente la principale menace à l’essor des entreprises à travers le pays.

Jean-Sébastien Giroux, vice-président exécutif et associé chez Substance et enseignant au programme de maîtrise en communication marketing à l’Université de Sherbrooke, est depuis plus d’une décennie aux premières loges des changements qui s’opèrent dans le milieu au rythme de l’innovation technologique. Voici quatre choses que toutes les personnes qui aspirent à travailler dans le domaine devraient savoir selon le professionnel chevronné.

1. Le statu quo est impensable
Lorsque l’agence Substance a été fondée il y a 10 ans, Jean-Sébastien et son partenaire d’affaires Guillaume Brunet étaient persuadés que les plateformes numériques et sociales étaient bien plus qu’une mode passagère. Pour eux, les marques et les organisations allaient devoir approfondir leur maîtrise de ces technologies pour demeurer pertinentes et développer des liens avec leurs cibles. Ils ont vu juste et leur agence spécialisée en contenu numérique s’est imposée dans le marché québécois.

Depuis, les plateformes sont passées par trois grandes phases d’évolution, selon Jean-Sébastien.

«Il y a une quinzaine d’années, les plateformes sociales étaient axées sur le texte. Il y avait très peu de place pour les supports visuels et l’achat média était quasi inexistant. À cette époque, les gens les mieux placés pour gérer les comptes des entreprises étaient ceux qui comprenaient les enjeux de communication et écrivaient sans faire de fautes: les équipes de RP et de communication corporative.»

Puis, les images et les possibilités d’achat média se sont mises à prendre de l’importance. Lors de cette deuxième phase, les responsabilités ont été transférées aux équipes de marketing. Aujourd’hui, au cœur de la troisième phase, les attentes des internautes sont encore plus élevées à l’égard du contenu.

«Les gens veulent de la création originale et les possibilités en achat média sont de plus en plus complexes. C’est ce qui a mis la table pour l’impartition à des agences spécialisées et l’apparition d’une multitude de rôles qui exigent un niveau d’expertise pointu», poursuit le communicateur d’expérience.

Si le passé est garant de l’avenir, d’autres phases se préparent et la popularisation des plateformes d’instantanéité comme TikTok continuera de faire bouger le secteur selon Jean-Sébastien.

2. Les métiers d’aujourd’hui ne sont pas forcément les métiers de demain
Comme les plateformes et les outils, les métiers évoluent eux aussi! Certain·es spécialistes d’aujourd’hui n’avaient probablement jamais entendu parler de leurs emplois pendant leurs études.

«Ça prend maintenant une équipe d’une dizaine de personnes pour bien faire le travail, explique Jean-Sébastien. Il faut des stratèges de marque, des stratèges de contenu, des directeur·trices de création, des gens en conception-rédaction (anglos et francos), des designers, des réviseur·es, des planificateur·trices média, acheteur·euses média et une personne qui supervise tout ce beau monde-là.»

Dans les dernières années, les postes de stratèges de contenu et numériques, d’éditeur·trices de contenu et de gestionnaires de communauté ont rapidement émergé. Et si Jean-Sébastien avait à prédire lesquels seront les plus recherchés dans cinq ans, il dirait que ce sont ceux qui gravitent autour de la maîtrise des données.

«On est loin de l’ancienne méthode spray and pray. Désormais, chaque dollar investi peut être optimisé. Il y a un besoin criant de personnes qui ont les habiletés nécessaires pour recueillir et analyser les données.»

D’ailleurs, analyste en intelligence d’affaires figure au palmarès des 20 métiers d’avenir en web au Québec d’Espresso-Jobs, réalisé selon des données de Métiers Québec. Le rôle exige une vaste connaissance des technologies de base de données et des outils analytiques et de génération de rapport.

3. Il y a un réel avantage à étudier là-dedans
Bien sûr, vous pourriez essayer de devenir une sensation TikTok du jour au lendemain, mais rien n’est comparable à des connaissances approfondies.

«La notoriété instantanée est très friable, car elle dépend de quelque chose que ces gens-là ne contrôlent même pas: un algorithme», rappelle Jean-Sébastien.

Comme les possibilités sont innombrables, l’industrie numérique repose sur une panoplie de compétences et d’expertises précises, qui s’acquièrent grâce à une combinaison de formations scolaires et d’expérience pratique.

«Je conseille aux jeunes de terminer au minimum leur baccalauréat et, si possible, de poursuivre à la maîtrise. Je leur dis aussi de faire des projets personnels! Que ce soit la gestion des médias sociaux d’une voisine qui démarre son café de quartier ou les Jeux de la comm, faites des projets!»

4. Les soft skills font la différence
En quatre ans d’enseignement universitaire, Jean-Sébastien a constaté que la relève est très bien formée pour savoir faire les choses. Rédiger un brief, concevoir une campagne, monter un plan média, sont toutes des tâches que les jeunes réalisent mieux que jamais. Cependant, à son arrivée sur le marché du travail, la relève doit composer avec une nouvelle réalité: des équipes complexes et des collègues ou une clientèle provenant de différentes générations.

«Ces personnes ont des perspectives différentes sur la structure du travail et ne comprennent pas toujours les comportements des internautes sur les plateformes numériques. Le plus grand défi des jeunes n’est donc pas lié au savoir-faire, mais au savoir-être. C’est d’apprendre à travailler dans des équipes mixtes», croit Jean-Sébastien.

Quelles sont les principales qualités recherchées selon lui? L’ouverture, la curiosité, la persévérance, l’empathie et, paradoxalement, la patience. Même dans un univers où la culture d’immédiateté domine, il faut faire preuve de patience et d’écoute pour acquérir les compétences et les connaissances qui permettent de développer les bonnes stratégies, les bons outils et le bon contenu pour une variété de marques et de secteurs différents.

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