Loin de n’être qu’une plateforme axée vers les Gen Z, TikTok atteint le milliard d’utilisateur·trices mensuellement. Depuis sa création en 2016, elle atteint en popularité avec ses courtes vidéos, si bien que d’autres plateformes — salut Insta — tentent de l’imiter et d’accoter les fonctions du géant chinois tant bien que mal. Le pinacle? TikTok a dépassé Google en termes de site le plus visité. Regard sur un réseau à la fois divertissant et éducatif.

Stratégies à préconiser
Plus que jamais, depuis la pandémie, alors que nous étions confiné·es aux quatre coins du globe, notre temps d’écran a considérablement augmenté. La découverte du confinement? L’application TikTok, qui a propulsé des Québécois·es à être connu·es ici et à l’étranger. On n’a qu’à regarder la danseuse Enola Bédard, qui vient de s’établir à Los Angeles pour poursuivre sa carrière. D’autres gens se sont joints à la danse, mais pas que. Des spécialistes d’autres sphères ont aussi rejoint l’application — médecine, fitness, enseignement, pour ne nommer que ceux-là.

Le contenu s’est grandement spécialisé et est devenu de niche. Chaque vidéo TikTok retrouve une audience spécifique. Si une personne, ou une marque, désire s’y tremper les pieds, elle doit se mouiller complètement. Alexandre Turcotte, spécialiste de la plateforme et formateur sur le sujet en question au Grenier, nomme trois choses. D’un, il faut faire comme Nike et just do it. De deux, il faut faire des tests, car on ne sait jamais ce qui va fonctionner. Et de trois, l’imperfection marche très bien sur TikTok. Selon l’expert, une des erreurs des marques, ou l’un des freins, si l’on peut dire ainsi, est de vouloir rester trop «clean». «Les marques ne veulent pas déroger de leur image. Et TikTok, ce n’est pas clean. C’est vrai. On veut te voir planter, on veut voir les produits qui n’ont pas fonctionné. On veut aussi voir que tu réussis, mais on veut voir le behind-the-scenes. C’est plus le fun, parce que c’est plus authentique et humain de voir ce processus-là», partage Alexandre.

Jessyca David, entrepreneure, autrice et TikTokeuse, abonde dans le même sens. «Il ne faut pas avoir peur de publier la même vidéo trois fois avec des sons différents au cours de la même journée pour tester ce qui fonctionne», dit celle qui s’est lancée comme défi de changer le monde du livre au Québec une vidéo TikTok à la fois! Son initiative lui a d’ailleurs permis de faire des centaines de ventes avant le lancement officiel de son livre La note brisée en librairie. La créatrice explique que les gens ne vont pas nécessairement consulter le contenu sur la page — il·elles vont surtout la consommer via la page «For you page», soit l’équivalent de la «Explore page» page sur Instagram. Donc, il se pourrait fort bien que les 3 vidéos soient consommées par 3 publics différents qui ne recroiseront jamais les mêmes utilisateurs·trices. Un conseil? «Parfois, il y a des vidéos qui reprennent vie après 3 mois de publication. Donc, ne pas les supprimer même si on ne les aime pas! (RIRES)».

« Grossir son following » aka bâtir sa communauté
Nos deux TikTokers estiment que la popularité de la plateforme repose sur son authenticité et son côté imparfait. Sur Instagram, on retrouve des photos léchées, des captions bien écrites, alors que TikTok montre l’envers des coulisses, sans filtre. Pour Jessyca, la plateforme valorise la personnalité et la couleur des gens.

De nos jours, une pléthore d’utilisateur·trices cherchent à créer du contenu viral. LA question qui tue: comment créer du contenu qui deviendra viral? «Si tu veux que ta vidéo soit virale, elle doit être inspirante, être captivante et toucher le plus de monde possible. Il faut que ça se démarque.» La créatrice ajoute aussi qu’il est important de regarder ce qui se fait dans son créneau respectif. «Parce que TikTok, c’est beaucoup de sons, de trends, d’effets. Plus tu sautes dans la vague et que tu l’adaptes à ton marché et à ta niche, plus ça permet d’aller chercher des gens qui s’associent à toi et à ta niche.» Selon Alexandre, beaucoup de gens vont refaire les trends, mais, en termes de stratégie, il estime que ce n’est pas gagnant. «Tout le monde le fait, alors comment se démarquer? C’est en parlant de ta marque, de toi, de tes produits, et en faisant du contenu original. Si tu es capable de prendre une tendance et de l’appliquer dans ta niche, tant mieux, car non seulement on fait quelque chose d’original et d’authentique, on fait un clin d’œil à ce trend-là.»

Pour nos deux spécialistes de la plateforme, on doit à l’application une aussi grande popularité grâce à sa rapidité de consommation. «Ce sont de courtes vidéos en mode vertical, qui se consultent rapidement au bout du pouce. 10 secondes quand on est pressé, 30 secondes, 1 minute et même 3 minutes quand on a un peu plus de temps», précise Alexandre. Si le format vidéo peut faire peur par son côté plus «personnel», car ça demande d’être davantage mis à nu qu’une photo, Jessyca croit que les gens ont moins peur de publier sur TikTok qu’Instagram. «Sur TikTok, personne ne te connaît. Ça enlève un peu l’inhibition, il n’y a pas ton cercle fermé, soit des ami·es proches ou des collègues.»

#BookTok
Selon Forbes, Publishers Weekly aurait rapporté que certains best-sellers imprimés doivent leur succès à l’influence numérique. À elle seule, la catégorie fiction pour jeunes adultes aurait été stimulée par #BookTok, une communauté d’utilisateur·trices qui publient sur les livres. Résultat? Des gains de 30,7% des ventes imprimées! Davantage une tendance américaine, les Québécois·es peuvent ajouter les mots-clics #BookTokQc ou #BookTokQuebec afin de rejoindre la communauté #BookTok francophone d’ici.

Il faut aussi dire que Jessyca avait de l’expérience avec la plateforme. Outre son bouquin, la femme d’affaires possède sa propre compagnie de vêtements de maternité, pour enfants et produits d’allaitement. En 2020, elle a étudié le réseau social de fond en comble avant de développer sa propre stratégie. Ce qui lui a valu des ventes en dehors du Québec! Très marketeuse dans l’âme, Jessyca a décidé de recréer l’exercice pour son livre en s’ouvrant un autre compte TikTok (à chaque audience son compte) et appliquer des stratégies axées vers sa cible — et son futur lectorat. Par exemple? Bâtir sa communauté en suivant des trends, en publiant du contenu plus informatif, parler des livres qui allaient rejoindre le client type de son roman, partager les coulisses du monde de l’édition, etc. Ça n’a pris de temps avant que son compte prenne son envol, cumulant près de 33 000 abonné·es.

Ce qui fonctionne sur TikTok? Se positionner comme source d’autorité dans son champ d’expertise. «Si j’offre des services en investissement, partage Alexandre, je vais me placer comme une source d’autorité. Je parle de mon expérience, du montant que j’ai investi, je donne des trucs, car j’ai une expertise et je ne suis pas n’importe qui qui dit n’importe quoi.»

Prêt·es à décoller sur TikTok? Trouvez votre domaine de prédilection, et lancez-vous — comme le dit Alexandre, le meilleur moment pour créer et se lancer sur la plateforme, c’est maintenant!

Pour suivre Jessyca David, c'est par ici. Pour suivre Alexandre Turcotte, c'est ici.

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