2022 sera-t-elle la grande année de la relance touristique au Québec? Si on se fie au récent budget présenté par le ministre de l’Économie, Éric Girard, l’éventail de mesures déployées aidera certainement le secteur touristique à créer de nouvelles opportunités et à innover dans des initiatives durables. En effet, le gouvernement caquiste prévoit investir 113 millions pour «promouvoir la destination touristique québécoise» ainsi «qu’accompagner les régions touristiques et leurs entreprises». Comme le rappelle Martin Soucy, président-directeur général de l’Alliance de l’industrie touristique du Québec, la participation du tourisme au Québec est importante dans l’économie et le rayonnement de la province et du pays: «Le tourisme au Québec, c’est 25 000 entreprises et 400 000 équipier·ères qui contribuent à bâtir la réputation du Québec comme destination de choix partout dans le monde et génèrent un apport économique important pour les régions.» 

À ce propos, le Grenier a voulu creuser cette question de relance avec le président-directeur général de l’Alliance de l’industrie touristique du Québec, Martin Soucy.

Bon, alors quand on s’intéresse au budget présenté par la CAQ, on voit apparaitre les mots «relance économique». Mais qu’est-ce que ça implique plus concrètement sur le plan de la stratégie? Autrement dit, quels sont les enjeux de cette relance pour l’industrie touristique?
Martin Soucy:
Puisque les évènements et les congrès se planifient longtemps à l’avance et que la compétition est forte entre les destinations pour tenir des évènements d’envergure, il est important que les organisateur·trices soient au fait et comprennent bien les besoins/tendances des clientèles actuelles. Ces critères sont présentement la sécurité, l’hygiène et la propreté, de même que l’aspect durable et responsable de l’évènement.

Dans un contexte de congrès ou d’un évènement international qui fait appel à une formule hybride, il faut faire en sorte de transposer les marques distinctives de notre industrie (ex: accueil chaleureux) à travers ces évènements afin de créer, malgré la distance, une expérience distinctive, mémorable et tout de même réussir à semer une graine chez les participant·es afin qu’il·elles aient le Québec en tête lorsque ce sera le temps de planifier des vacances. La création de contenu de grande qualité, le charisme des intervenant·es et la technologie (audiovisuel) contribuent plus que jamais à renforcer cette image positive de notre destination.

Est-ce que c’est le bon moment pour faire valoir des opportunités évènementielles au Québec et au Canada?
Martin Soucy:
Oui, c’est le bon moment, car l’assouplissement des mesures sanitaires et la prévisibilité que nous avons de plus en plus permettent aux organisateurs·trices de renforcer la promotion et d’être davantage proactif·ves. Dans un contexte de grande compétition sur les marchés touristiques et évènementiels, il faut répondre présent et c’est ce que l’industrie touristique québécoise s’applique à faire en étant innovante, créative et distinguée dans la façon de présenter son offre.

Est-ce que l’industrie touristique et évènementielle québécoise doit revoir son positionnement face aux marchés internationaux? Si oui, quelles sont ses options?
Martin Soucy:
L’industrie touristique met de l’avant des expériences phares, des piliers de la marque Bonjour Québec que sont l’accueil chaleureux, la culture vivante, le territoire spectaculaire, les villes vibrantes. L’objectif est de démontrer aux organisateur·trices d’évènements ou de congrès qu’il·elles ont beaucoup de choix pour donner une expérience mémorable à leur clientèle, autant dans les villes que dans les régions.

Est-ce que l’avenir de l’évènement est hybride? Quelles sont les opportunités du modèle virtuel et quelles nouvelles stratégies permet-il de développer?Martin Soucy: La formule hybride est intéressante, car elle permet d’élargir, grossir, et délocaliser les audiences. La formule hybride permet de maximiser l’utilisation des plateformes en ligne afin de faciliter le réseautage, la création et le maintien de liens avant/pendant/après l’évènement, et contribue à faciliter l’échange de bonnes pratiques.

Dans le cadre de notre Bourse des médias, par exemple, on constate avec le mode virtuel une meilleure préparation et un engagement renforcé des participant·es au déroulement et au succès de l’évènement.

Toutefois, après deux ans de restrictions, on sent que les gens veulent revenir au présentiel. La formule hybride est clairement une option qui est là pour rester, mais pas au détriment du contact humain, car ce contact est extrêmement important pour vendre encore mieux non seulement l’évènement, mais la destination dans son ensemble.

Qu’est-ce que l’Alliance de l’industrie touristique du Québec suggère pour une relance prospère et durable du tourisme?
Martin Soucy: Il faut apprendre à vivre avec le virus et éviter les retours en arrière. S’assurer de faire preuve de prévisibilité en tout temps. L’industrie touristique et le secteur évènementiel ont réussi à démontrer leur professionnalisme et leur sens des responsabilités dans la gestion de la pandémie, n’ayant pas été des foyers d’éclosion. La relance passe par notre faculté à susciter la confiance des clientèles et à s’adapter aux tendances actuelles.

En misant sur notre capacité d’accueil, sur la qualité de nos installations, sur notre sensibilité aux aspects de développement durable et sur la variété et l’originalité des expériences, nous serons en meilleure position pour demeurer une destination de choix et de calibre mondial pour l’organisation d’évènements. 

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