Après une sixième vague, on espère que certaines règles sanitaires s’assoupliront bientôt, et que des habitudes mises de côté depuis le début de la pandémie reviennent peu à peu dans nos quotidiens. 

L’un des domaines qui se pointe à nouveau le nez est l’événementiel en présentiel. Mis de côté presque à 100% pendant deux ans, le milieu et ses artisans ont dû s'adapter pour composer avec une toute nouvelle réalité. Pour discuter des bouleversements de l’industrie, nous avons rencontré Mirella Di Blasio, fondatrice de Lulu événements pour nous parler de ses observations sur les changements qu'a connu l’industrie et des grandes tendances qu’elle voit se dessiner pour la suite. 

Lorsque l’on parle à Mirella du début de la pandémie, elle se rappelle la rapidité à laquelle son équipe et elle ont dû s'adapter. «Après 17 ans (maintenant 19) dans le domaine de l’événementiel, on a basculé rapidement en virtuel, on a changé notre fusil d’épaule et on a commencé à créer des événements de style production télévisuelle. On ne voulait pas faire des zooms ou teams, on voulait le faire plus comme de la télévision live avec une facture visuelle très léchée pour se sortir du lot.»

Rapidement, Lulu a eu l’opportunité de tester cette formule avec une cliente de longue date qui souhaitait faire basculer son gala annuel en virtuel. Selon Mirella, ce gala virtuel a été le point de départ de la nouvelle vie de Lulu événements. «Le gala virtuel nous a rapidement mis sur la map, et c’est ce qui nous a fait passer les deux dernières années avec brio.»

Mirella reconnaît même que la pandémie aura eu un effet positif pour son entreprise alors que de nouveaux clients se tournaient vers ses services étant donné que les agences traditionnelles ne pouvaient plus répondre à leurs besoins: «On a fait beaucoup de veilles de marché, on s’est intéressés aux gens, aux nouvelles tendances pour bonifier l’offre parce que le virtuel c’est un nouveau terrain de jeu. On a constaté que l’humain a changé pendant la pandémie. La pandémie a bousculé nos valeurs, plein de choses de notre quotidien.»

Alors comment est-ce que ces changements se répercutent-ils lors du retour en présentiel? Selon Mirella, cela passera par une bonne dose d’authenticité, d’ouverture aux autres, d’interactivité et oui encore du virtuel. 

Authenticité 
Pour parler d’authenticité, Mirella fait un parallèle intéressant entre le télétravail et l’événementiel: «Tout le monde pensait que le retour au bureau allait être facile et que tout le monde allait se jeter dans ce retour au travail alors qu’on voit que non. [...] Pour l’événementiel c’est pareil, l’humain ne va pas se déplacer pour un événement s’il n’y a pas quelque chose d’intéressant, quelque chose de différent.»

Le télétravail a permis d’abaisser des barrières hiérarchiques établies depuis des décennies. Les travailleurs ont composé avec une proximité nouvelle avec leurs collègues et supérieurs et cela a selon Mirella amené un désir d’une plus grande authenticité dans tous les domaines. «On ne peut plus avoir un PDG se pointer sur la scène avec son lutrin, avec son speech bien carré, bien étudié, sans faute, sans authenticité. On a besoin de tout casser ces codes qui étaient là avant et qui étaient déjà des irritants qu’on ne nommait pas.»

Diversité, équité, inclusion
Outre une proximité naturelle plus grande, Mirella a noté une plus grande ouverture aux autres et à leurs différences: «On a vu des mouvements très intéressants pendant la pandémie comme, par exemple: diversité, équité, inclusion. [...] Récemment, on m’a demandé une drag queen comme co-animatrice d’un gala, et on n’aurait jamais vu ça avant. Il y a cette ouverture d’esprit-là, on a le souhait d’être beaucoup plus exclusifs.»

Santé mentale
Une autre tendance qui façonne les événements sont les notions de santé mentale et de bien-être. De plus en plus, les clients demandent aux organisateurs d’intégrer des moments dédiés à la santé mentale pour leurs participants. «Dans des congrès corpo, on offre maintenant des activités de bien-être comme des pauses de zoothérapie ou des pauses de santé mentale. Avant c’était tabou dans les milieux plus formels», ajoute Mirella

L’interactivité
Une des révolutions qu’a amenée le virtuel à l’événementiel est la notion d’interactivité. Avant la pandémie, les participants étaient souvent témoins plus que participants actifs des congrès ou gala. Avec le virtuel, les invités peuvent maintenant commenter, liker et interagir avec le contenu. Selon Mirella, ce sera un beau défi d’intégrer cette notion au présentiel. Elle parle notamment de l’intégration du maintenant très populaire code QR aux événements physiques pour permettre les avantages du virtuel même en chair et en os. Il ne faut pas mettre de côté les avantages du virtuel parce que l’on retourne en présentiel. 

Le virtuel là pour rester
C’est d’ailleurs le son de cloche de plusieurs clients qui souhaitent conserver des formules virtuelles même dans les années à venir. Mirella confie avoir déjà des demandes d’événements virtuels pour 2023. «Pour les entreprises, c’est une énorme économie d'échelle: pas de déplacement, pas d’avion, pas de taxi, moins d’empreinte écologique et les cibles de communication sont atteintes.»

Et le pour le futur? 
Quand on lui demande de se projeter dans le futur, ce que Mirella souhaite plus que tout c’est que l’industrie transpose les apprentissages de la pandémie aux événements présentiels: «J’aimerais que tout le monde réalise qu’on ne peut pas faire les choses de la même façon; qu’il y a un avant et un après. Qu’on saisisse cette nouvelle ère dans laquelle on entre et qu’on réalise qu’il faut se poser les bonnes nouvelles questions et que faire du copier-coller de pré-pandémie à post-pandémie ne se peut plus et que tous ces irritants qu’on avait, qu’on les élimine.» 

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