La pandémie mondiale a amené son lot de doutes, de craintes, de déceptions, mais aussi d'adaptation et de solutions. Bien que plusieurs d’entre nous ont eu de la difficulté à travers cette épreuve sans heurts, la majorité a du moins su développer une impressionnante résilience au cours des deux dernières années. Pour beaucoup d’industries, la crise n’a pas amené que du mauvais, bien au contraire. Découvrons comment le coronavirus a pu laisser des marques positives (à défaut du même résultat dans notre corps) sur les mondes du numérique, de l’événementiel et de l’emploi.

Au printemps 2020, la panique s’est rapidement installée. Fermetures abruptes, confinement imposé, réorganisation subite. Alors que plusieurs perdaient leur emploi, d’autres ont dû tout mettre en œuvre pour se renouveler afin de survivre au raz-de-marée de mauvaises nouvelles qu’amenait la COVID-19. Aujourd’hui, alors que le retour à la normale semble enfin palpable, peut-on dire que la crise n’a apporté que du mauvais? Si l’on regarde de l’autre côté de la médaille, dans la perspective d’apprendre et de grandir de ce mauvais rêve, quelles pourraient être les retombées positives de la pandémie?

Claque au visage, mais fin heureuse pour l’événementiel
On en a longuement parlé, parce que cette industrie a été aux premières loges du déclenchement de la crise, subissant les foudroyantes conséquences d’un confinement obligatoire et de la désertion subite des salles, des événements et des festivals.

 Prête à se renouveler dès les premiers instants, l’entreprise Lulu événements a mis sur pied l'initiative «Lulu Emplettes», un service qui proposait aux aîné·es d'effectuer pour eux des visites à l’épicerie ou toutes autres tâches qui pourraient les aider. 

 «Nous avons réussi à rassembler plus de 180 bénévoles pour cette cause, et ainsi opérer cette initiative jusqu'à la fin du mois de juin 2020. Par la suite, nous avons réinvesti dans le domaine virtuel, une expertise déployée et renforcée en fonction des besoins de nos clients. Nous constatons aujourd’hui que le virage virtuel a été tellement efficace qu’il peut s’inscrire sur le long terme avec l’organisation des événements hybrides», explique Mirella Di Blasio, présidente et directrice de création chez Lulu événements.

 Les formules jumelant le virtuel et le présentiel sont assurément là pour de bon, et sont positivement devenues le symbole de la transformation numérique pratiquement instantanée de cette industrie. Mais qu’a-t-on vu s’améliorer dans l’organisation d’événements?

Mirella Di Blasio remarque notamment que les anciennes pratiques, qu’elle qualifie de «lisses ou beiges» ont été améliorées au profit d’une expérience plus humaine. «On a mis de côté les longs discours et les nappes blanches pour donner aux convives une véritable raison de se déplacer. L’idée était de développer d’autres pratiques pour renforcer la connectivité des participant·es à un événement.»

Pour la spécialiste de l’événementiel, le programme proposé lors des conférences a aussi beaucoup gagné en qualité grâce à la crise sanitaire. «L’autre point positif, c’est la diversité des contenus à utiliser et réutiliser. En matière d’image de marque, les événements 2.0 (hybrides et virtuels) tiennent un rôle important dans le rayonnement communicationnel de l’entreprise ou des partenaires. Disons que la diversité de création de contenu établit un retour sur investissement que nous n’aurions pas forcément imaginé avant l’arrivée de la pandémie.»

Les agences numériques aussi optimistes
L’industrie du marketing numérique dénote également plusieurs changements positifs amenés par la crise sanitaire. À défaut de pouvoir se rassembler en personne, la population s’est tournée rapidement vers les plateformes en ligne, et ces rendez-vous numériques ont profité aux marques, comme aux consommateur·trices de contenu, selon deux spécialistes de l’agence créative LEEROY.

 «Depuis le premier confinement, il y a eu une très forte augmentation des visites et du temps passé sur les médias numériques. Ce que l’on a observé, c’est que les internautes se sont d’abord tourné·es vers les plateformes qu'il·elles connaissaient déjà. Mais petit à petit, le besoin de nouveauté s'est fait ressentir, et on a vu émerger de nouvelles plateformes comme TikTok, mais également Twitch, Clubhouse et d'autres encore. Le point positif dans tout ça, c'est que l’on constate maintenant une réelle diversité dans les médias sociaux utilisés et le contenu privilégié aujourd'hui est davantage les courtes vidéos. Les utilisateur·trices et les marques ont donc facilement accès à cette nouvelle forme de contenu extrêmement divertissante qui laisse place à plus de créativité et qui permet de mieux communiquer le positionnement des marques», remarque Manon Simenel, lead stratège marketing numérique à l’agence LEEROY

 Les fermetures des commerces et les restrictions en magasin ont aussi amené les consommateur·trices à se tourner vers les achats en ligne, notamment pour se procurer des  produits d'ici. Les entreprises locales qui ont attrapé rapidement le train du numérique ont pu profiter d’une intéressante opportunité de voir augmenter leurs recettes et leur notoriété. 

 «La pandémie a offert de véritables opportunités aux PME d'ici, du moins celles qui se sont tournées à temps vers le web. La situation a motivé, si non obligé, plusieurs d’entre elles à lancer leur e-commerce pour lever les frontières et conquérir un public beaucoup plus large. Pour plusieurs, ça a été l'opportunité rêvée de développer leur D2C (direct to consumer), donc de bâtir des relations avec leurs consommateur·trices et ainsi d’approfondir leur connaissance de leurs publics cibles», ajoute Nicole Tarazi, vice-présidente de LEEROY

La pandémie, c’est aussi une révolution positive du travail
Complètement bouleversé par la crise dès le départ, le monde de l’emploi a par la suite connu des changements sans précédent que l’on peut certainement attribuer aux modifications drastiques des pratiques de travail amenées par la situation sanitaire.

Selon Julie Surprenant, directrice-conseil, recrutement chez Grenier aux nouvelles, la pandémie a créé un marché d’employé·es pour la première fois depuis fort longtemps, un revirement de situation qui apporte son lot de points positifs pour les travailleur·euses. «Il y a plus d’offres que de demandes, et cette réalité va certainement générer une montée ou des ajustements des échelles salariales. Il était temps, celles-ci stagnent depuis au moins 15 ans!», souligne-t-elle. 

Travail de la maison, flexibilité d’horaire ou valorisation de l’autonomie, l’univers de l’emploi a bénéficié de plusieurs conditions favorables aux travailleur·euses depuis le début de la pandémie. 

«Le télétravail se répandait déjà très bien, mais l’accélération pandémique a fini de convaincre les plus résistant·es! C’est là pour rester. On a appris depuis deux ans que c’est possible et rentable. Les candidat·es cherchent un emploi où il·elles pourront acquérir de nouvelles compétences et de nouvelles expériences. La compétition est féroce et les opportunités sont plus que nombreuses. Les employeurs sont en train d'assimiler l’état de la situation et d’ajuster leur offre. Ça fait des décennies que ces choses n’ont pas été mises sur la table. Ça fait du bien!»

Armés pour la suite?
Ces constats démontrent que toute situation, si mauvaise soit-elle, peut voir émerger du beau et du bon. Un angle qu’a voulu étudier la professeure Nancy Brassard dans une étude parue en 2021 dans la revue Ad Machina et qui explore les différents aspects positifs du confinement en sol québécois lors de la première vague. La démarche avait pour but «d’encourager les acteur·trices de la société à se mobiliser en vue de devenir plus résilient·es et innovateur·trices» si une situation problématique venait à se présenter de nouveau.

D’entrée de jeu, la chercheuse note dans le résumé de l’étude que «les individus ont observé des changements positifs quant à leur rapport à la consommation, leur comportement alimentaire, leur rapport au temps, leur mobilité, leur équilibre personnel, leurs liens communautaires, leur capacité de résilience et leur littératie numérique». 

À la vue de ces multiples constats positifs, peut-on dire que nous sommes aujourd’hui prêt·es à affronter pire que la pandémie? Ça reste encore à voir !

---

*Source de l’étude : http ://revues.uqac.ca/index.php/ad_machina/article/view/1241/1045

https ://www.uquebec.ca/reseau/fr/medias/actualites-du-reseau/la-covid-19-et-les-effets-positifs-du-confinement

 

3