Philippe Lamarre, fondateur & président, Urbania

  • Expression utilisée fréquemment : Je n’ai pas vraiment d’expression fétiche en tant que tel, mais je suis reconnu pour utiliser de façon démesurée des métaphores alimentaires et horticoles. Une entreprise, c’est pas mal comme un restaurant finalement… 
  • Film favori (ou série favorite) : En ce moment c’est Succession! Une série qui se passe dans le monde des médias (vaguement basée sur Rupert Murdoch et autres tycoons médiatiques internationaux) avec des personnages détestables auxquels on s’attache néanmoins. La récente épopée de Rogers avec la bisbille familiale et autres putschs a démontré combien les guerres de pouvoir au sein d’entreprises qui mélangent fratrie, pouvoir et succession sont des terreaux fertiles narrativement!
  • Occupation préférée : Voyager, faire la fête et jouer au hockey, dans l’ordre.
  • Fun fact : Je dois être la personne qui tape au clavier à deux doigts la plus rapide et bruyante au monde.

Plus jeune, j’ai d’abord pensé que je deviendrais astronaute, ensuite bédéiste, puis joueur de baseball. À mon grand désarroi, aucune de ces ambitions ne s’est concrétisée, mais j’en garde le souvenir de passions aussi dévorantes que soudaines. J’ai toujours été comme ça : quand je me mets à tripper sur quelque chose, je deviens boulimique et je veux tout apprendre, tout connaître d’un sujet et je passe alors chaque temps libre à lire ou m’informer à propos de ce qui monopolise mon intérêt.

J’ai étudié en lettres au cégep tout en jouant au football. Pour mes coéquipiers, j’étais le nerd qui lisait Maupassant ou Emily Brontë dans le vestiaire, et pour mes camarades de classe, j’étais un jock à casquette. Quand est venu le temps de choisir mon programme universitaire, j’hésitais entre le journalisme et le design graphique, car j’avais toujours aimé dessiner. J’ai été accepté dans les deux programmes à l’UQAM, mais j’ai choisi le design en me disant que l’on peut toujours revenir au journalisme après des chemins de traverse. Étant alors surtout un gars de mots, je me suis retrouvé entouré de gens d’images et j’ai adoré sortir de ma zone de confort. Être à l’intersection de deux univers est pour moi la meilleure des postures, car elle permet d’être à la convergence de regards qui se croisent et d’ainsi pouvoir voir le monde avec une plus large perspective.

J’ai lancé mon entreprise à 25 ans parce que je suis allergique à l’autorité. Je ne l’ai jamais regretté, j’ai même fait de cet esprit un peu rebelle une valeur de la marque URBANIA. Puis, il y a quelques années, nous avons sérieusement commencé à reluquer du côté de la France. D’abord, en envoyant une équipe à Paris produire une édition du magazine, ensuite en coproduisant avec l’ONF et ARTE France le webdocumentaire Fort McMoney. Ces deux incursions nous ont galvanisés et nous ont permis d’imaginer comment on pourrait bâtir une entreprise qui devienne un pont culturel entre deux continents. Depuis, cette folle ambition s’est concrétisée, puisque nous avons, en pleine pandémie, lancé URBANIA FR avec ses branches média et audiovisuelle. Évidemment, d’aucune manière nous ne pouvons encore prétendre avoir conquis la France, mais au moins, le rêve abstrait d’il y a dix ans est pas mal plus concret qu’à l’époque.

Aujourd’hui, je dirige une entreprise comptant 80 personnes… Des gens de tous horizons : des designers comme au premier jour, mais aussi des réalisatrices, des journalistes, des analystes de données, développeurs, recherchistes, producteurs, basés sur deux continents et pour qui—je l’espère—URBANIA est un lieu où peuvent se concrétiser leurs idées et leurs talents s’épanouir, sans se sentir écrasés par une hiérarchie ou une structure étouffante.

Et j’ose croire que tous apprécient autant que moi le plaisir de se retrouver à l’intersection d’univers opposés, que ce soit l’art et le commerce, les mots ou les images ou encore l’Amérique du Nord et l’Europe.