À l’approche des Fêtes, et après plus de vingt mois de pandémie, la santé mentale des communicateurs en agence continue de préoccuper. Noël, avec ses célébrations et ses congés, est-il un allié ou une nuisance ? Discussion sur le sujet en compagnie de dirigeants du milieu.

Noël 2021 marquera pour plusieurs agences le retour des proverbiales célébrations d’entreprises — communément appelées «party de bureau» naguère. Des festivités qui avaient été emportées l’année dernière dans la foulée des restrictions imposées par les mesures sanitaires liées à la COVID-19, mais qui, tel un phénix, semblent vouloir renaître modestement de leurs cendres cette année*. Mais au-delà des (petits) rassemblements et du retour à une certaine socialisation, Noël est aussi reconnu comme une période de l’année où la solitude, l’anxiété chronique et la dépression pèsent davantage sur les personnes vulnérables, qui en souffrent. Une frange de la population qui n’est plus au demeurant marginale et que la pandémie aura à coup sûr exacerbée. «On met tellement de pression sur le monde en lien avec la période des Fêtes, que ça en devient presque lourd, nous dit une directrice de RH sous le couvert de l’anonymat. Les derniers mois ont été tough, et là on te dit : les vacances s’en viennent, tu vas pouvoir te reposer et voir du monde que tu aimes, yeah right. Ça n’a pas rapport. Noël, pour plusieurs, est un challenge chaque année et la santé mentale de tout le monde est affectée en ce moment.»

Milieu énergivore
Une situation qui est encore plus particulière cette année. «Plusieurs m’ont confié l’année dernière avoir été quelque peu soulagés de voir les Fêtes passer dans le tordeur, poursuit-elle. Mais cette année, le grand retour de Noël, si je peux l’appeler ainsi, en fait angoisser plus d’un. Je ne veux pas généraliser, mais, en agence, nous sommes entourés de gens qui carburent à la performance, aux défis et aux idées nouvelles. C’est essoufflant, c’est drainant. On décrit les vacances des Fêtes comme un moment pour se ressourcer, mais c’est tout le contraire qui se produit. Le milieu du marketing est hautement énergivore, les gens qui y travaillent arrivent à Noël, souvent extrêmement fatigués. Heureusement, nous avons pu travailler depuis le début de la pandémie à apporter une amélioration significative non seulement à la prise en charge de la santé mentale des employés, mais aussi, et concrètement, aux conditions de travail de ceux-ci.»

Work life blend
Une affirmation corroborée. «On n’a jamais parlé autant de santé mentale dans le milieu que depuis les vingt derniers mois, affirme Alex Lefebvre, associé principal chez Rethink. Des changements ont été opérés en lien avec l’hygiène de travail. On ne parle plus désormais de work life balance, mais plutôt de work life blend. Il était temps que des consciences s’éveillent dans l’ensemble du milieu. Plus que jamais faut-il faire preuve de flexibilité et d’écoute. Il existe autant de situations qu’il y a d’individus : la solution unique ne doit pas être envisagée, car elle n’existe pas. Et la santé de l’humain passe avant le reste. Noël, cette année, sera le point culminant de deux années folles et difficiles pour tout le monde. Nous avons tous été touchés de plein fouet (et à différents degrés) par ce que nous avons vécu lors de la pandémie. En matière de santé mentale, on parle effectivement beaucoup de la période des Fêtes, qui est névralgique, mais cette dernière est l’aboutissement d’un plan annuel que nous avons, comme plusieurs autres agences, mis en place.»

Prévenir
Prévenir tout au long de l’année, donc, pour amener les communicateurs dans les meilleures dispositions qui soient à Noël. «C’est l’objectif, affirme Rafik Belmesk, VP, Chef de la stratégie chez Taxi. Il faut prendre soin de son monde pendant 12 mois si l’on souhaite les voir entamer la période des Fêtes avec aplomb et les savoir bien dans leur corps comme dans leur tête. On parle beaucoup de Noël, mais les mois d’hiver qui suivent le temps des Fêtes ne sont jamais faciles eux non plus. C’est pourquoi nous offrons aux employés, toute l’année, une pléthore de moyens et d’activités intrabusiness pour les accompagner au quotidien; mais aussi, et surtout, un programme de soutien, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pour celles et ceux qui en ont besoin. Nous offrons de plus les services de psychologues, de psychothérapeutes et de travailleurs sociaux depuis cette année. Un accompagnement qui, je le sens, fait une différence significative. C’est à tout le moins le genre d’apport dont notre milieu a besoin. Pour Noël, certes, mais aussi pour le reste de l’année. Il faut prévenir pour prendre soin.» 

*Au moment de mettre le texte en ligne, les indications gouvernementales quant aux rassemblements étaient toujours à l’étude et sujet à des changements en fonction de l’apparition de nouveaux variants.

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