La pénurie de main-d’œuvre atteint des sommets au Québec. Alors que l’attention est beaucoup tournée vers le secteur de la santé ou de la construction, le domaine de la communication créative est tout autant affecté. En août dernier, on comptait plus de 360 postes disponibles en agence au Québec. L’ensemble de l’industrie est aux prises avec ce défi et cela entraîne une foulée de conséquences. Appuyé par ses membres, le rôle de l’Association des agences de communication créative (A2C) est notamment de mieux faire connaître les carrières en agence. Nous nous sommes donc tournés vers Dominique Villeneuve, présidente-directrice générale de l’A2C, pour en savoir plus sur les initiatives proposées par l’Association pour encourager la relève à découvrir le monde des agences. 

L’impact se ressent au quotidien et peut mener à des retards de production et de livraisons de projets. Il y a aussi actuellement une pénurie de main-d’œuvre chez les techniciens et ça entraîne des retards en production publicitaire. L’écosystème entier est affecté. Il faut prévoir à l’avance. On doit également faire attention au surmenage chez les employés actuels pour les garder », explique Dominique Villeneuve. 

À la rencontre des jeunes
Pour remédier à la situation, il faut aller à la rencontre des jeunes. Qu’ils soient au secondaire, au cégep ou à l’université, il n’est jamais trop tôt pour faire germer dans leurs esprits l’idée de faire carrière en agence.

L’A2C a développé un plan d’action concret et travaille sur un positionnement employeur pour l’industrie. Entre-temps, elle continue de démystifier l’univers des agences et les possibilités de carrière auprès de la relève grâce à la Journée Portes ouvertes en agence (4 février 2022). « Cette journée permet aux étudiants un rapprochement avec les professionnels et de leur poser des questions. Il y a tellement de métiers en agence que le parcours n’est pas linéaire. C’est un défi. Plusieurs pensent que le monde des agences n’est pas pour eux alors qu’il y a d’excellentes opportunités à long terme. Sur les 500 participants annuels, autour de 98 % d’entre eux nous communiquent leur souhait d’y travailler. » Un autre défi est le nombre de ses participants qui finissent par réellement y faire carrière. « On entend qu’entrer en agence n’est pas facile. On va les aider à intégrer ce monde », assure Dominique Villeneuve. Une formation d’onboarding en agence, l’Académie A2C, est en développement et sera offerte dès ce printemps aux finissants.

Chaque année, les concours Relève (dès mi-janvier 2022), une compétition interuniversitaire, permettent à soixante étudiants en communication et marketing d’appliquer de manière concrète les notions et concepts appris au cours de leur formation, en travaillant sur des mandats pour de véritables clients. « C’est une belle opportunité pour les universitaires. C’est une chance incroyable d’avoir une expérience réelle et un avant-goût de ce qui les attendra dans le monde des agences », explique Dominique. 

Visant davantage les jeunes étudiants du secondaire, il y a Le monde de la comm. (26 octobre, 2, 9 et 16 novembre 2021). Il s’agit d’une série de conférences virtuelles qui a pour but de faire découvrir les divers métiers du milieu de la communication créative. « Les quatre conférences ont lieu en fin de journée et seront ensuite disponibles en ligne. Lors de ces conférences, d’une durée d’une heure trente, de jeunes professionnels de l’industrie présenteront un projet concret sur lequel ils ont travaillé, puis partageront leur parcours, leur expérience et leur vision de la profession avant de répondre aux questions des participants. »

L’A2C offre aussi des présentations en classe dans les écoles pour rejoindre les étudiants. « Nous sommes présentement en discussion avec des orienteurs et leur donnons des outils. Souvent, ils font plus la promotion de métiers plus campés comme le droit, la comptabilité et la médecine. En communication, les métiers sont plus disparates et très diversifiés. » L’A2C collabore également avec Academos où plusieurs mentors sont disponibles pour répondre aux questions des plus jeunes.

Dans l’industrie, la porte est ouverte à tous. « L’A2C s’est récemment dotée d’une politique de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI). Elle est intrinsèquement intégrée dans toutes les initiatives que nous mettons de l’avant. »

Changer les perceptions
La vie en agence à la Mad Men est bien derrière nous. Il fut une époque où faire du travail sa priorité dans la vie était célébré. On admirait ces gens qui semblaient être l’exemple ultime du succès à atteindre. Les mentalités ont pourtant changé. « Il y a une grande évolution depuis les 15 ou 20 dernières années, surtout dans la manière de travailler en agence. Les gens travaillent toujours fort, mais on est moins dans le “work hard, play hard”, plus dans le “work fine, live great”. Chaque agence a sa propre culture. Ce changement gagne à être partagé avec les étudiants. »

La situation mondiale actuelle a apporté son lot de réflexion. Elle a poussé beaucoup de gens à repenser leurs aspirations et à se questionner sur leur carrière. Des artistes sont retournés aux études dans l’espoir d’avoir une vie plus stable. Plusieurs se sont orientés vers la santé pour apporter de l’aide aux malades. Certains pigistes ont décidé d’aller travailler en agence alors que d’autres ont choisi de devenir travailleurs autonomes. En revanche, la pandémie n’est pas la cause de cette pénurie. « La pénurie était présente avant, mais elle l’a certainement exacerbée. Le problème, c’est que le bassin de talents disponibles est limité par rapport aux besoins présents », termine Dominique Villeneuve.  

Journée Portes ouvertes en agence