Plusieurs d’entre nous croient que le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité est lié à l’enfance. Pourtant, 4 % des adultes, voire davantage selon les recherches, en sont diagnostiqués. Examinons ce qu’est le TDAH de plus près et comment un profil TDAH pourrait être un atout non négligeable au sein des organisations.

Penser autrement
Lorsqu’Augustin Vazquez-Levi, président fondateur d’AOD Marketing, a appris que son fils était sévèrement TDA sans le H, lui-même a décidé de passer un test puisqu’il avait remarqué plusieurs similarités dans leurs comportements respectifs. Verdict ? Lui aussi l’est, et son paternel également. Une histoire de famille. « Ça explique beaucoup de choses », s’esclaffe Augustin. Pour lui, le diagnostic a été accueilli comme un soulagement, car il pouvait enfin mettre un mot sur sa condition : « une fois qu’on en est conscient, on peut trouver des outils pour compenser certaines choses. C’est juste une différente façon de penser ». Ghostwriter et TDA sans le H, Joannie Tremblay nous confie que ce fut un immense soulagement que d’apprendre, à 35 ans, qu’elle l’était, même si elle avait toujours su sans pouvoir mettre le doigt dessus. La jeune femme n’essaie pas de changer la manière dont elle pense et agit, car elle considère le TDA comme un trait comme un autre. « C’est plus rare, soit, tout comme le sont les yeux bleus ou verts », précise-t-elle. 

Le livre JM les TDAH affirmait justement que les cerveaux TDAH fonctionnent de manière différente que les cerveaux neurotypiques – c’est-à-dire ni « mieux », ni « pire ». Simplement différemment. Brièvement, le TDAH s’agit d’un trouble neurodéveloppemental se caractérisant par un déséquilibre dans la production des substances chimiques spécifiques impliquées dans le plaisir et la récompense. Les personnes TDAH chercheront donc à stimuler ces substances, résultant ainsi par de l’inattention, de l’impulsivité et de l’hyperactivité entre autres. Parmi les symptômes courants du TDAH ? Se laisser distraire par d’autres tâches, rechercher le risque, se sentir agité, interrompre les autres involontairement, ne pas persévérer dans des tâches qui prennent plus de temps ou encore être hyperfocus dans une tâche donnée.  

Penser autrement au travail
Faute de bien saisir ce « trouble », les traits mentionnés plus haut peuvent causer leurs lots de défis dans certains environnements, comme en milieu scolaire ou en milieu de travail. Encore aujourd’hui, la stigmatisation autour du TDAH pose difficulté dans le cheminement professionnel de ceux et celles qui le sont. Pourtant, nombre d’organisations pourraient bénéficier d’un cerveau qui pense d’une manière autre. Et paraît-il que les personnes TDAH seraient 300 % plus enclines à fonder leur propre entreprise! 

À une époque où on embrasse les profils diversifiés et les parcours atypiques en entreprise, on devrait mieux encadrer les employés TDAH, dont le profil peut être sous-estimé. Évidemment, il est compliqué de généraliser puisqu’il y a beaucoup de nuances, comme le témoigne Joannie, mais dans son cas, « la pensée out of the box, la soif de nouveaux projets, la capacité à absorber rapidement de nouveaux contextes et une énergie sans cesse renouvelable lorsqu’il s’agit de tâches excitantes » ont été des avantages qui lui ont grandement servi. Selon Augustin, les profils TDAH peuvent se faire remarquer grâce aux activités dans lesquelles ils excellent en entreprise. Fait cocasse, lors de l’un de ses premiers emplois, il a complètement divergé de son mandat et le chiffre d’affaires de l’organisation a augmenté grâce au référencement — dont il est spécialiste. « Je me suis moins fait taper sur les doigts (RIRES) ! »  

S’outiller autrement ?
Le TDA avec ou sans hyperactivité n’est pas une béquille. Et si on est dans l’impossibilité de gérer son TDAH, avoir recours à la médicamentation n’est pas un échec, aux dires d’Augustin. Selon lui, il faut s’éloigner de la stigmatisation entourant cette dernière. « Ça peut énormément aider à guérir les symptômes pour une certaine période, surtout si on a besoin de structure, comme lorsqu’on commence un nouvel emploi. » Un des trucs que le président fondateur livrerait aux personnes venant d’apprendre qu’elles sont aux prises avec le TDAH est de se concentrer ou de trouver quelque chose qui les intéresse : « parce ce que tu vas bien le faire et obsessivement ». Et surtout, ne pas avoir peur. D’ajouter Joannie : « apprendre à (re)connecter avec son instinct, apprendre à se faire confiance et à mieux communiquer. Si c’est difficile au travail, c’est peut-être parce que l’environnement ou la charge de travail ne sont pas adaptés pour soi ». Par ailleurs, elle n’hésite pas à demander de fermer la porte lors d’une rencontre lorsqu’elle sent que des conversations extérieures pourraient la déranger. Requête qu’on lui refuse rarement. Parce que c’est aussi ça, composer avec les profils TDAH. Être ouvert, empathique et réceptif à autrui. Comme dirait Augustin, il y a plusieurs personnalités TDAH et il suffit de trouver celles qui fit avec l’équipe. Il existe également une panoplie d’outils pour aider et mieux encadrer nos pairs TDAH. Les outils peuvent prendre la forme d’agendas, de calendriers et de processus de travail afin de donner une structure. « Et c’est d’autant plus important en mode télétravail », insiste-t-il.

Lorsqu’elle s’entoure de gens en qui elle a confiance et avec qui elle se sent à l’aise, l’impulsivité de Joannie lui permet de tout dire ce qui lui passe par la tête et se lancer cœur et tête dans un projet. « À l’inverse, le moindre malaise peut éteindre ma flamme. » D’où l’importance de ne pas se priver de cerveaux qui pensent différemment – et si on célébrait le potentiel créatif, la spontanéité et l’énergie dans nos écoles et nos organisations ? 

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