Deux ans après être passée aux mains d’un quatuor de nouveaux actionnaires, l’agence Cartier célèbre cette année ses 30 ans sous le signe du renouveau… et de la tradition. Portrait d’un incontournable géant de l’industrie (et discussion sur le sujet de l’humanisme horizontal en agence) en compagnie d’Audrée Couture, Sébastien Pelletier, Luis Areas et Victor Dagenais.

Un adage du monde de l’entrepreneuriat dit que la capacité de savoir durer relève du grand art ; un proverbe (plus obscur celui-ci) du milieu des communications affirme quant à lui que cette même capacité en agence ne relèverait de rien de moins que de l’orfèvrerie, voire de l’alchimie. Un pouvoir que nous pourrions attribuer de facto à la vénérable agence Cartier, laquelle souffle cette année ses 30 bougies. Un fait rare, certes, qui ne passe pas sous silence. « Célébrer 30 ans d’existence en entrepreneuriat, c’est le fun, mais c’est surtout phénoménal, lance d’entrée de jeu Victor Dagenais, directeur principal, stratégie et associé. Le tour de force qu’aura réussi Benoit Cartier [NDLR : fondateur éponyme de l’agence] est quelque chose d’exceptionnel. Lorsque mes trois associés et moi-même avons fait l’acquisition de Cartier il y a deux ans, nous savions que nous mettions la main sur une grande institution menée à échelle humaine – et que nous allions continuer à chérir cet ADN. Mais les défis sont grands lorsqu’il est question de contribuer à l’essor d’une entreprise si bien ancrée. Il en revenait à mes associés et moi de construire sur ce que Benoit avait créé tout en continuant à évoluer. »

Victor Dagenais
Victor Dagenais | Directeur principal, stratégie et associé

Croître en qualité
Car les nouveaux actionnaires avaient un objectif précis en tête au moment d’acquérir l’entreprise. « Diversifier notre expertise et acquérir de nouveaux talents, poursuit Audrée Couture, directrice principale, service-conseil et associée. En l’espace de deux ans, nous avons pratiquement doublé notre nombre d’effectif en matière de collaborateurs. C’est significatif, et ce, en dépit du fait que notre but n’était pas de devenir gros. Cela dit, grandir en tant qu’entreprise est un passage obligé pour continuer d’atteindre cet objectif ultime qui est d’aider nos clients. Lorsque tu travailles en publicité, c’est pour régler des problèmes, c’est pour venir à bout de différents enjeux qui importent à tes clients. Et lesdits enjeux, eux, se diversifient, se complexifient au fil du temps et des mandats. Nous, on veut apporter des idées fraîches, des solutions à la fois créatives et intelligentes. Et nous ne serons jamais trop de cerveaux pour nous pencher sur un problème. »

Audrée Couture
Audrée Couture | Directrice principale, service-conseil et associée

Rester pertinent
Depuis ses débuts, Cartier s’est, entre autres réalisations, constitué un joli tableau des médailles du côté des mandats gouvernementaux. « Ça fait trois décennies que nous excellons dans le spectre gouvernemental, affirme Sébastien Pelletier, directeur principal, création et associé. Nous approchons les appels d’offres d’une façon à la fois inventive et efficace, ce qui nous a valu (et qui nous vaut encore) de magnifiques mandats. C’est une de nos grandes forces. Il était toutefois important pour la suite de ne pas surfer sur une seule grande expertise et de continuer à bien développer nos approches auprès du privé. En ce sens, je dirais que nous sortons peu à peu de l’ère tranquille de l’entreprise pour nous positionner dans la proactivité marketing. Qu’on se le dise : Cartier est là pour aider les entreprises à rester pertinentes : nous sommes là pour les aider à trouver des solutions qui n’existaient pas encore il y a de cela six mois, deux mois ou encore deux semaines. Et nous sommes surtout là pour créer des relations fortes avec des clients et des collaborateurs qui ont, tout comme nous, envie de construire une relation humaine de qualité. »

Sébastien Pelletier
Sébastien Pelletier | Directeur principal, création et associé

Intelligence et sensibilité
Le facteur humain : une donnée récurrente au cours de l’entretien. « C’est tout là le grand héritage de Benoit Cartier, enchaîne Luis Areas, directeur principal, stratégie de canaux et associé. C’est lui qui a bâti l’organigramme à la fois humain et horizontal de l’entreprise. Et nous souhaitons pousser l’expérience encore plus loin. Nous savions que de faire l’acquisition de Cartier allait bien au-delà que de mettre la main sur un bon brand et une cinquantaine de laptops : c’était plutôt le privilège de mettre à profit des intelligences et des sensibilités humaines dont nous sommes fiers et dont on souhaite prendre soin. Pour performer à la hauteur de nos attentes, ça prend de la chimie, de la bienveillance et du plaisir. Travailler en agence, on peut se le dire, c’est tough, car l’aspect humain est souvent relégué derrière le rendement et les chiffres. Pas chez nous, pas chez Cartier. Et les trente prochaines années se dérouleront elles aussi sous le signe de la fraternité. Malgré notre belle histoire, nous sommes encore un secret bien gardé pour bien des gens de l’industrie, et c’est correct ainsi. Mais de découvrir Cartier, c’est d’adopter un groupe de créatifs qui savent mettre l’ensemble de leurs ressources collectives au service d’un besoin. » 

Luis Ares
Luis Areas | Directeur principal, stratégie de canaux et associé

Cartier
Crédit illustration : Felipe Arriagada