Alors que tous se tournent graduellement vers les plateformes de streaming telles que Netflix, Disney+, AppleTV+ ou Crave, les Québécois restent fidèles à la télévision traditionnelle. NLogic vient de révéler que les Canadiens francophones regardent en moyenne 8 heures de plus de télévision par semaine comparativement au reste du Canada.

Comment expliquer ce phénomène? Dany Meloul, directrice générale de la télévision chez Radio-Canada, nous rappelle que le peuple québécois est particulier. Il est unique en Amérique du Nord. Il est francophone et son histoire est différente du reste du Canada. La télévision québécoise est le reflet de ça. «Quand les Québécois regardent la télévision d’ici, ça les ressemble, ça les rassemble. C’est pour cette raison qu’ils ressentent un plus grand sentiment d’attachement que lorsqu’ils écoutent Netflix», explique-t-elle.

«Au Québec, on a toujours raconté des histoires de chez nous. Ça remonte aux radiothéâtres et Aux pays d’en haut. On se raconte en tant que société. C’est la force de la télévision québécoise», ajoute Jérôme Hellio, directeur des contenus chez TV5 et Unis TV.

Il y en a pour tous les goûts
Loin d’être en compétition avec les plateformes de streaming, les diffuseurs se renouvellent constamment tout en restant authentiques. «Chez Radio-Canada, on dit qu’il n’y a pas de diffuseur sans public. Le public est toujours au cœur de toutes nos décisions. On se demande toujours à qui s’adresse notre contenu et qu’est-ce que ça ajoute au panorama d’ici», dit Dany Meloul.

Selon NLogic, au Québec, District 31 obtient la première place chez les individus de 2 ans et plus tandis que Les beaux malaises 2.0 est l’émission préférée des adultes de 25 à 54 ans. Diffusée depuis 2016 sur Radio-Canada, la série District 31 demeure au sommet du palmarès Numéris semaine après semaine. Comment expliquer un tel succès? «Ça commence avec une belle histoire. Luc Dionne (l’auteur de District 31) est un auteur exceptionnel. Il raconte une histoire simple, mais les personnages sont bien incarnés et attachants. Il y a toujours un fil conducteur qui fait en sorte que chaque soir, on revient pour découvrir la suite des choses», explique Dany Meloul.

Du côté des chaînes TV5 et Unis TV, le fil conducteur est la francophonie. «On essaie de faire les choses différemment, des concepts que les chaînes traditionnelles ne se permettent pas. Puisqu’on est moins dépendants des cotes d’écoutes, on peut se permettre de prendre des risques. On aime introduire de nouveaux visages et cultiver l’audace et la bienveillance», partage Jérôme Hellio. Par exemple, dans la nouvelle émission Tenir Salon, l'animatrice Sophie Fouron amène le spectateur à la rencontre de coiffeuses, coiffeurs et barbiers de Montréal. Au fil des épisodes, on découvre les différentes cultures et communautés à travers les quartiers de la métropole. 

Les médias sociaux, le nouveau pouls social
L’écoute est essentielle pour offrir aux téléspectateurs du contenu qu’ils vont consommer. Les réseaux sociaux s’avèrent être des outils précieux et importants grâce à leur spontanéité. «Lors de la diffusion du Bye Bye de l’an dernier, on regardait les médias sociaux et on avait déjà un sentiment que les gens appréciaient ce qu’ils visionnaient», raconte Dany Meloul. Le Bye Bye 2020 a fini par battre des records d’audience avec un auditoire confirmé de 4 662 000 téléspectateurs.

Pour leur part, du côté de TV5 et Unis TV, on ne se gêne pas pour demander aux abonnés ce qu’ils ont envie de regarder à l’aide de sondages. «On leur demande, par exmple, ce qu’ils préfèrent entre Watatatow, L’appart du 5e ou Radio Enfer sur Facebook ou Twitter avant d’en faire l’acquisition. Ce sont des outils extraordinaires», dit Jérôme Hellio.

Aller vers les téléspectateurs
Les chaînes de télévision proposent une offre complémentaire sur le web depuis quelques années. Récemment, la nouvelle plateforme TVA+ s’est ajoutée aux plateformes comme Ici.Tou.TV, noovo.ca, tv5unis.ca, seriesplus.com, entre autres, permettant aux Québécois de visionner en direct ou en rafale des émissions d’ici. «La télévision telle qu’on la connait a changé, mais les gens écoutent la télé. La consommation en ligne est un incontournable. Il faut être disponible en ligne», explique Jérôme Hellio.

La pandémie a forcé les chaînes a adapté leurs programmations à la nouvelle réalité et à innover. Plusieurs bons coups ont été réalisés durant cette période : Bonsoir bonsoir ou À tour de rôles. «La pandémie nous a poussés à nous mettre sur pause et à réfléchir. Elle agit comme un accélérateur ou révélateur de tendances. Ce qui doit tomber, va tomber plus vite et ce qui doit émerger, va émerger plus vite», termine Jérôme Hellio. Reste à voir si la pandémie marquera un tournant dans la manière de faire de la télévision.  

televisionDany Meloul (Radio-Canada) et Jérôme Hellio (TV5 et Unis TV)