Qui l’eut cru qu’en sillonnant les routes de l’Amérique du Nord pour distribuer la première édition de BESIDE il y a de cela cinq ans, Jean-Daniel Petit, cofondateur et président du magazine, aurait non seulement relevé le pari du papier, mais plus encore ? On jase nature, design et transmission du savoir-faire québécois.

Jean-Daniel Petit
Jean-Daniel Petit

Passer le cap des cinq ans
Près de 100 000 copies vendues plus tard, BESIDE a dévoilé son numéro Nos transformations le 11 juin dernier, célébrant par la même occasion les cinq ans du magazine sous de nouvelles parures. « Le design a toujours été au cœur de BESIDE dès le départ, relate Jean-Daniel Petit. On voulait être un Mini-Wheats (RIRES). » Blé entier pour sa substance et sa rigueur, et enrobé d’un design attrayant et recherché. « On essaie de faire évoluer le design et de trouver la meilleure façon qu’il soit de représenter le contenu à chacun des numéros. Une fois de plus, l’équipe éditoriale et de design a fait un superbe travail pour cette 10e édition », évoque-t-il fièrement. Pour lui, il ne fait pas de doute que le stylisme du magazine aide à rejoindre le public, mais aussi à acquérir une crédibilité autant localement qu’internationalement. Année après année, BESIDE peut s’enorgueillir de sa nomination au National Magazine Awards pour la direction artistique de l’année – tant pour les dossiers que le magazine dans son intégralité. Pas gênant. Cette année encore, BESIDE cumule 11 nominations dans divers concours, dont National Magazine Awards et Art Directors Club.

Pourquoi avoir jeté son dévolu sur le papier alors que c’était un pari très risqué ? Si au départ très peu de gens misaient sur BESIDE à ses tout débuts, se remémore Jean-Daniel Petit, le papier a encore sa raison d’être. « Mais, un magazine papier a besoin de se diversifier et d’avoir des activités complémentaires. Le papier nous permet d’avoir un contact physique avec les gens, alors que le numérique nous permet d’avoir des articles plus courts, et des sujets qui vont rejoindre plus de gens. »

Comme quoi l’ouvrage papier et le support numérique peuvent très bien vivre ensemble. Tout n’est qu’une question d’équilibre. 

BESIDE 1

BESIDE 2

Forger une oasis de paix
La devise du magazine bilingue a toujours reposé sur la création de ponts entre les humains et la nature. Et si on vous disait qu’il existait un lieu physique où la ligne éditoriale pouvait y vivre ? C’est ce que BESIDE souhaitait créer, au-delà du contenu. Au cœur de la forêt de la région de Lanaudière s’échafaude le projet architectural BESIDE Habitat sur un territoire de 1254 acres — soit l’équivalent d’une fois et demie la superficie du Central Park de New York, pensé avant la pandémie et concrétisé pendant. Ce lieu unique où humains et animaux cohabitent dans un cadre enchanteur et culturel abritera deux lacs, des sentiers, 75 chalets et pods dispersés, 2 bibliothèques cachées, un studio de musique et un bâtiment commun, à mi-chemin entre « café de quartier », « lobby d’hôtel » et espace de coworking. Une oasis protégée disponible en location et à la vente pour faire profiter le plus d’humains possible. Pour les idéateurs du projet, il était primordial de garder la notion de culture. « Quand je dis culture, c’est beaucoup l’aspect architectural, relate Jean-Daniel Petit. Lorsqu’on dit “créer le pont entre les humains et la nature”, le pont c’est autant la musique, l’agriculture, l’architecture, la littérature : tous des éléments qui font un langage universel. »

Si l’entrepreneur estime que l’intérêt pour la nature n’est pas inné — comme le camping ou la randonnée — il croit que c’est assez universel qu’être en nature fasse du bien. « Habitat se veut un lieu invitant pour que les gens aient le goût de passer du temps en nature et qu’ils l’apprécient. Soit par la contemplation ou l’expérimentation et l’apprentissage. » Et ce transfert de connaissances se poursuivra à longueur d’année sur le site d’Habitat, à l’instar du Festival BESIDE, qui avait lieu au Parc national des Îles-de-Boucherville. Festivaliers pouvaient renouer avec la nature à travers une multitude d’expériences. À présent que le Festival n’est plus pour les raisons que l’on connait (bonjour pandémie), canots-concerts et ateliers continueront d’habiter le territoire BESIDE. 

BESIDE Habitat

Trouver l’équilibre
Depuis la fondation de BESIDE, l’équipe n’a pas beaucoup changé — elle est maintenant constituée de 30 âmes partageant une passion pour le sport et le plein air. À travers le temps, quelques nouveaux visages se sont greffés à la team, mais le noyau est là. La meilleure façon de garder une culture d’entreprise, surtout en pleine croissance ?

« Ç’a été de miser sur les humains, révèle Jean-Daniel Petit. La communication est de mise. » L’hyper transparence et la communication sont si essentielles pour l’organisation que des formations comme la psychométrie et la dynamique communicationnelle sont offertes à l’interne. Et le mot d’ordre ? « Bienveillance. Envers soi-même, avec nos collègues, envers nos collaborateurs, nos partenaires et notre communauté. »

Après 5 ans à travailler avec des collaborateurs de tous azimuts pour apporter de la nuance, et un magazine en pleine santé, BESIDE est parvenu à acquérir un bel équilibre, à sentir que la communauté l’épaule et continuera, on l’espère, de grandir. C’est un peu ça, BESIDE. Une histoire de cœur qui avait besoin de trouver la balance entre la ville et la campagne, sur notre planète.

« Ça fait longtemps que le discours cinématographique et romanesque nous dicte qu’on ira sur Mars. C’est un peu fou de penser qu’un jour on quitterait la planète sur laquelle on vit pour se rendre à une autre – on a de la difficulté à prendre soin de la nôtre et de changer les choses, questionne Jean-Daniel Petit. Est-ce qu’on est capable de créer de nouveaux récits ? »

Bonne question.