En 2020, la première édition du concours Idéa de l’Association des agences de communications créatives (A2C) était particulière, car elle a dû se transposer en ligne pour les raisons que l’on connaît. Une fois de plus, l’événement se répète en mode virtuel en juin prochain. Pour l’occasion, le Grenier reprend ses « Brin de jasette » avec chacun des présidents et présidentes des jurys des disciplines Création publicitaire, Design, Craft/Production, Produits et expériences numériques, Résultats d’affaires et stratégies et Média pour vous donner un aperçu des délibérations en vue de la soirée de la remise des prix.

On entame le bal avec la discipline Création publicitaire, présidée par Julie Desrochers, Directrice de création, Sid Lee. Après 2 journées de débats, dont une séance « Zoom la plus longue dans l’Histoire du Québec », dixit la présidente, on recueille ses commentaires à vif. 16 heures, le Zoom. Au cas où vous vous demandiez !

Julie Desrochers

Le jury était composé de :

  • Julie Desrochers, Directrice de création, Sid Lee;
  • Alex Béland, Directeur de création associé, TAXI ;
  • Jean-François Bernier, Président et directeur de création, Alfred ;
  • Jean-Charles Bullot, Concepteur, Innocean Worldwide Canada ;
  • Camille Gagnon, Conceptrice-rédactrice et associée, lg2 ;
  • Carolane Godbout Isabel, Directrice de création, Acolyte
  • Alexandre Jutras, Directeur artistique, Cossette ;
  • Vicky Morin, Directrice de création et conceptrice-rédactrice à la pige ;
  • Nicolas Quintal, Associé et directeur de création, Rethink
  • France Wong, Vice-présidente, directrice générale, Bleublancrouge.

Jury Création publicitaire

Grenier aux nouvelles : Salut Julie, comment avez-vous aimé votre expérience en tant que présidente du jury dans la discipline Création publicitaire ?

Julie Desrochers : Vraiment le fun ! J’étais fébrile au début, car Idéa c’est un gros concours, mais aussi parce que ce sont des pairs qui regardent le travail des pairs. C’est sensible — on ne juge pas le travail d’une personne qu’on ne reverra jamais de sa vie. C’est un petit milieu ! Je voulais être sûre de bien faire ça et je n’ai pas une tonne d’expérience de jury concours non plus. Je suis tellement contente du parcours ! Les 2 jours ont semblé durer 2 semaines tellement on a discuté. En fait, davantage les jurés. Moi je cadrais les discussions et je gardais l’œil sur la balle. Ce sont eux qui ont tout fait le travail. J’avais le beau rôle (RIRES). On a travaillé vraiment fort. No stones left unturned!

GAN : Quelles directives avez-vous données au jury ?

JD : Mon objectif était de parvenir à bien dormir et à sentir qu’on a fait un travail avec intégrité, professionnalisme, diligemment et que le palmarès final reflète le vrai effort et le juste portrait de ce que nous sommes et de ce que nous faisons le mieux. Et je suis convaincue qu’on y est arrivé. Mon mot d’ordre ? C’est impossible dans notre industrie d’être le master chief de chacune des disciplines et de tout connaître. Ça a fait en sorte que l’intelligence collective est ressortie. Les gens se sont appris des choses, ont fait changer d’idées, de la bonne façon, et ce, de manière super respectueuse. Pour vrai, c’était vraiment cool.

Faire partie d’un jury publicitaire, c’est comme faire partie d’une classe de maître chaque fois. On apprend énormément des commentaires de ses collègues. Il n’y a pas une seule vérité écrite dans la pierre : c’est tout du ressenti, selon la perspective de chacun. Parmi le jury, on avait une belle variété de candidatures allant de très expérimentée à talent émergent. Les points de vue étaient articulés, rafraîchissants. Je pense que les gens se sont sentis respectés dans leur intelligence et ouverts à apprendre, ce qui est réjouissant.

GAN : À travers les projets présentés cette année, voyez-vous se dessiner une tendance particulière en publicité ?

JD : Depuis 2 ans, le Québec s’est réveillé. Auparavant, certaines catégories comme Contenu de marque étaient très faibles ou éclectiques. Et là, il y avait des pièces de taille dans cette catégorie et celle des médias sociaux. Par exemple, on pouvait voir des wins dans des contextes particuliers, comme tirer profit d’un contexte négatif et le virer en positif, ou encore s’immiscer dans un débat public et le contourner ou le pirater. Ce genre de truc intelligent et opportuniste, quoi. J’ai aussi l’impression que les créations sont de plus en plus stratégiques. Les gens ne se font pas que plaisir à eux-mêmes. Les pièces sont bonnes pour de vrai, autant pour un jury que dans leur contexte. Donc on n’a pas vu de « pièces à concours », c’était du vrai beau travail. En termes de tendances, tout ce qui est médias sociaux, contextuel, créer du média, être présent dans des plateformes de jeux, utiliser de la donnée pour créer, s’approprier une technologie, etc. sont ressortis.  

GAN : Quelle partie de votre travail de présidente est la plus gratifiante pour vous ? Et la plus difficile ?

JD : Le plus gratifiant a été d’être capable de créer un safe space pour que les gens soient à l’écoute, humbles, et aient envie de participer à la conversation. C’est gratifiant parce que ça a fonctionné. Il y a eu des désaccords, mais il n’y a pas eu de gens fâchés (RIRES). Tout a été fait dans le respect. Et évidemment, c’est comme une classe de maître, autant à la présidence que chez les jurés. On apprend énormément à regarder la création en concentré pendant 2 jours commenté par des experts. Le plus complexe est le détachement émotif, puisque tu entends les gens parler de ta pièce (ou d’une autre pièce que tu voudrais défendre) et tu ne peux RIEN dire. C’est tout un défi, mais ça te fait réaliser des choses et prendre du recul. C’est vraiment intéressant.

GAN : Et pour finir ?

JD : On avait tous l’appréhension que ça allait être une année faible en raison de la Covid-19. Finalement, on ne sentait pas de compromis dans les pièces comme telles. C’est donc une super bonne nouvelle pour l’industrie. Ça prouve que les gens ont vraiment bien travaillé parce que ce n’est tellement pas facile de le faire à distance. Je suis franchement impressionnée par la qualité du travail. Peut-être qu’il y aura des remises en question sur le palmarès final, mais ce n’est pas un 100 mètres. Ça reste que c’est l’interprétation humaine. Le plus important, c’est qu’on se sente bien avec le palmarès présenté. Je peux tout l’expliquer ! (RIRES)

On a bien hâte de voir. Merci Julie, à bientôt !