Jeffrey Vietz
Jeffrey Julio Vietz, Maître es art (M.A.), Designer UX Senior (Banque Nationale)

  • Une cause qui te tient à cœur : La santé physique et mentale sont des causes qui me tiennent à cœur. Ayant décidé de faire des changements dans ma vie depuis quelques années, je vis par le mantra « un esprit sain, dans un corps sain ».
  • Qu’apportes-tu sur une île déserte : Ma fiancé, mon chat, des semences pour mon jardin et ma boite à outils... et peut-être ma PS4 aussi.
  • Si tu étais une plante/un livre/une œuvre d’art/un évènement historique, tu serais : Un plant de piment fort (Scotch Bonnet), How Not To Die de Dr. Michael Greger, Crown par Jean-Michel Basquiat, la révolte haïtienne et la déclaration d’indépendance d’Haïti, le 1er janvier 1804 par Jean-Jacques Dessalines, que je me remémore chaque année avec la soupe « joumou » traditionnelle.
  • Ton mot favori : « L’Éternel Dieu !!! » Ce n’est pas un mot, mais c’est clairement l’expression que j’utilise le plus souvent, lorsque je n’en crois pas mes oreilles, ou lorsqu’une situation me dépasse complètement. Ex. Le confinement est repoussé de 2 semaines encore ? L’ÉTERNEL DIEU !

« Docteur. Avocat. Ingénieur. »
Si tu es de la deuxième génération d’Haïtiens à Montréal, tu as probablement lu cette première phrase avec l’accent prononcé de tes parents. C’est le plan qu’ils espéraient pour toi, afin de te sécuriser un avenir prometteur.

Cependant, ce n’était pas un plan pour moi. Je me suis donc retrouvé dans un parcours atypique, pour un jeune haïtien de mon époque, où j’ai souvent été le seul noir dans mon cheminement.

Seul noir de ma cohorte au CEGEP et seul noir dans mon premier emploi. Puis dans le deuxième et le troisième aussi. Et dans chaque emploi, j’en ai profité pour faire découvrir ma culture à mes collègues. Je me sentais respecté, et intégré, mais toujours un peu seul.

Un retour aux études à 29 ans m’a ensuite dirigé dans une nouvelle ville, où je n’ai presque jamais croisé d’Haïtiens en 4 ans.

Dans cette ville, j’ai vécu, pour la première fois, de la discrimination raciale, exclusivement en milieu de travail.

Très souvent, du racisme « ignorant », comme lorsqu’un collègue te dit que « tu n’es pas pire pour un noir, tu sais… ». Mais aussi du racisme « volontaire », comme lorsque mon collègue dit à la cliente que je sers : « Moi, je calculerais bien mon change si j’étais vous. On sait jamais avec ces gens là, tsé ! ».

Bref, j’en ai vécu beaucoup, des situations comme ça.

J’avais toujours vécu auparavant dans des environnements multi ethniques accueillants, mais j’ai vite réalisé que le racisme n’était pas seulement qu’à la télé.

Je suis finalement revenu à Montréal en 2016, avec deux diplômes et une nouvelle sensibilisation face aux enjeux discriminatoires de notre société.

Aujourd’hui, j’ai un emploi où je me sens inclus et considéré, et je suis content de collaborer dans des équipes multiethniques. Je ne suis plus le « seul ».

Les temps ont changé, et plusieurs employeurs québécois, comme La Banque Nationale, offrent de plus en plus d’opportunités d’emploi pour des gens comme moi sur le marché de travail. Et cela me donne de l’espoir, pour un monde meilleur.

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