Une équipe créative belœilloise spécialisée dans le marketing et la publicité numérique mise sur une approche stratégique (et sportive !) tactique pour répondre aux besoins d’une clientèle en pleine effervescence. Portrait de MOBUX (et discussion sur la bientôt célèbre technique Moneyball) en compagnie de Marco Bérubé.

Marco Bérubé
Marco Bérubé, Président, MOBUX

L’attrait du proverbial coup de circuit. Ou, en d’autres mots : cette irrésistible envie de mettre un pactole de fric sur la création de contenus numériques percutants, de les voir vivre et devenir viraux sur les réseaux sociaux en un claquement de doigts. Boum ! L’appât de millions de views et de likes : tel est le chant de sirènes qui a jusqu’ici caressé bon nombre d’entreprises désireuses de faire rayonner leur présence numérique sur Facebook et autres RS. Une démarche ô combien remplie de promesses... « Mais qui ne vaut pas son pesant d’or en matière de résultats, affirme d’entrée de jeu Marco Bérubé, président et fondateur de MOBUX. L’univers des réseaux sociaux est une arène dans laquelle des millions de marques plus riches les unes que les autres aspirent à trouver leur place au soleil. C’est un milieu où il n’y a pas de commune mesure. Comme petite, moyenne ou grosse entreprise, même, ça ne te sert à rien de mettre une fortune pour tenter de frapper un grand coup en créant des contenus dits “viraux”. Je répète toujours à mes clients que l’important est de faire son chemin petit à petit. D’y aller intelligemment, et ce, à coup de microvictoires et de publications stratégiques pertinentes. C’est comme ça qu’on grandit, qu’on arrive à des résultats. »

L’INFLUENCE DE BILLY BEAN
Bref retour dans le passé. MOBUX, c’est l’acrostiche derrière Marc-Olivier Bérubé User eXperience. Et le type en question n’est pas banal, à l’instar de son parcours entrepreneurial, qui débute quant à lui quelque part en 2015. « Je venais de me séparer et j’habitais dans le condo de mon frère, se remémore-t-il. J’avais derrière moi plusieurs années d’expérience en développement des affaires et j’aspirais cette fois à démarrer ma propre entreprise en marketing numérique. Mais je n’avais rien, ou presque, pour me lancer. J’avais mon ordinateur portable, mon cellulaire et une couple de mille piastres de disponibles sur une carte de crédit. J’étais loin de pouvoir compétitionner avec les autres gros joueurs du milieu. Mais je me rappelle aussi que j’écoutais à ce moment le film Moneyball (avec Brad Pitt, inspiré du livre de Billy Bean**), et que le propos du film m’aura frappé de plein fouet : dans une game aussi injuste, qui avantage toujours les plus riches, il faut jouer avec ce que tu possèdes comme matériel, et surtout jouer intelligemment. J’ai appliqué cette pensée à mon business, et je l’ai d’emblée inculqué à mes clients. »

UN COUP SÛR À LA FOIS
Une démarche qui demande temps et patience. « Si tu veux le faire en respectant tes moyens, il faut viser le long terme, poursuit Marco Bérubé. Je ne crois pas aux modèles qui disent que tu peux faire 30K$ en 30 jours en suivant 8 différentes étapes. C’est n’importe quoi. Je préfère rappeler l’importance du fameux triangle d’un projet, dont les trois pointes sont : la qualité, le temps et l’argent. Si tu n’as pas ou que peu d’argent, ça va prendre du temps. Et c’est normal. Et même si tu es une business qui a pour 400K$ dollars d’achats médias par année, je vais m’arranger pour que tu ne jettes pas ton argent par les fenêtres en l’utilisant à bon escient. Comme au baseball, ça ne sert absolument à rien de viser le coup de circuit ; ce qu’il faut, c’est d’y aller un coup sûr à la fois et de marquer le plus de points possibles. Même si ton entreprise est bien nantie, il y en aura toujours des plus riches que toi. Personnellement, je m’en fous des 250 K commentaires sous la publication d’untel : ça ne m’impressionne pas. Je préfère de loin que les 25 likes du contenu savamment ciblé que tu as publié aient été faits par des gens d’intérêt, des gens qui ont pu avoir un impact direct sur ton commerce. Des gens, même, qui ont pu devenir des ambassadeurs de ta marque tellement ton contenu était bien ciblé. »

POUR UNE GESTION MESURÉE DES RESSOURCES
La technique Moneyball, c’est aussi l’évaluation interne des ressources. « Nombre d’entreprises possèdent déjà plus de matériel promotionnel qu’elles ne le croient, affirme Marco Bérubé. C’est pour cela qu’avant de même de dépenser pour créer de nouveaux contenus, je dis à mes clients d’aller fouiller dans leur matériel existant. Un article de blogue qu’on peut morceler en citations, des photos, un quinze secondes filmé lors d’un événement : tout cela peut devenir pertinent — si bien utilisé, évidemment. C’est ce qui s’appelle la gestion mesurée des ressources. » Plus de six ans après avoir commencé à appliquer ces règles à sa propre entreprise, MOBUX possède aujourd’hui une dizaine d’employés à temps plein… en plus d’une pléthore de projets à venir. « J’ai une liste de clients très diversifiés, qui me suivent depuis nos débuts, conclut-il. Je suis aussi un vulgarisateur qui adore parler de mon expérience en conférences, donner des trucs et des conseils aux entrepreneurs qui veulent se faire voir sur les réseaux sociaux. Je le dis avec un peu d’humour (et beaucoup de sérieux à la fois) : je veux devenir le Ricardo des réseaux sociaux. Je veux peaufiner mes recettes et les donner. Je suis même en train d’écrire un livre sur le sujet, qui paraîtra à l’automne prochain, en plus de confectionner un balado qui paraîtra sous peu. Les projets ne manquent pas. »

**NDLR : Moneyball raconte l’improbable saison des A’s d’Oakland de 2002, équipe de baseball qui, malgré une petite masse salariale (41M$), a réussi à être aussi compétitive que les équipes les plus riches du circuit (125M$). Le tout grâce à un système d’évaluation novateur de joueurs sous-estimés mis en place par leur directeur général de l’époque, Billy Bean.