Rosa Hamadouche
Rosa Hamadouche
Gestionnaire, Society (Media Experts)

  • Une cause qui te tient à cœur : Deux sujets/causes : l’équité hommes/femmes, mais aussi celle entourant la diversité culturelle, religieuse et sexuelle à tous les niveaux. Un autre sujet qui mérite davantage l’attention des milieux professionnels est la santé mentale — surtout la lutte contre la stigmatisation des problèmes reliés à la santé mentale. Il est aujourd’hui plus important que jamais de soutenir la santé mentale et le bien-être de divers groupes et communautés au Canada.
     
  • Qu’apportes-tu sur une île déserte : De quoi écrire ! Sur une île déserte on risque de se sentir seul et de s’ennuyer. Sur une île déserte on pourrait aussi avoir besoin de mettre sur papier nos angoisses afin de mieux les visualiser. Un livre permettrait de nous divertir, mais une fois terminé il ne sert plus vraiment, de quoi écrire nous permettrait d’écrire le monde.
     
  • Si tu étais une plante/un livre/une œuvre d’art/un événement historique, tu serais : Si j’étais une plante, je serais un oignon égyptien ! L’oignon est un ingrédient de base dans la majorité des cuisines du monde, ingrédient indispensable dans la cuisine algérienne ! Pourquoi l’oignon égyptien ? Il est vivace, rustique au Québec et surtout s’adapte facilement à n’importe quel terrain ou condition ! En plus, il se multiplie tout seul s’il n’est pas cueilli.
     
  • Ton mot favori : Voyage ! Puisqu’on ne peut plus le faire en ce moment, mais qu’on peut le faire différemment à travers la cuisine, les livres et les films !

L’équité est une trajectoire qu’on se doit de prendre

Concrètement, mon histoire d’immigration a commencé à l’âge de 2 ans quand mes parents quittent l’Algérie pour l’Arabie saoudite à la suite du déclenchement de la guerre civile.

Du coup, j’ai toujours été différente, l’immigrée d’un bord et l’émigrée de l’autre. De fait et depuis mon plus jeune âge, je n’étais jamais vraiment d’un pays ni d’un autre. Ma deuxième immigration a été plutôt choisie que subie. À 14 ans, mes parents me proposaient de déménager au Canada, sans eux, avec mon frère de 18 ans. Cette immigration vers le Canada je l’avais choisi avec un objectif de liberté en tête, car oui à ce moment en Arabie saoudite, être femme n’était pas simple !

C’est vraiment par hasard que je me suis retrouvée dans le monde des agences média. Lorsqu’une personne que je venais de rencontrer m’a proposé un poste en tant que coordonnatrice/technicienne, il a fallu tout apprendre « sur le tas » et vite : les CPMs, la programmatique, les pixels, SEM… Un Nouveau Monde s’ouvrait à moi (du haut de mes 22 ans, je pensais tout connaitre !).

Je n’ai jamais vraiment connu ou vécu de racisme/discrimination directement. Je suis ce qu’on pourrait appeler en anglais « white passing » par mon prénom « occidental » et ma couleur de peau. Mais un jour on m’a dit en parlant d’une candidature reçue : « Mais tu comprends on ne peut pas vraiment accepter la candidature d’un maghrébin par exemple pour un post en relation avec les clients. Un peu comme toi quoi, tu es dans le back-end ! »

Et c’est là que j’ai compris le problème de notre industrie au Québec… Nous voulons plaire en évitant de choquer, nous essayons d’uniformiser pour ne pas perturber nos habitudes. Et en essayant d’éviter de nous confronter à notre réalité multiculturelle, nous avons mis de côté plusieurs communautés !

L’équité n’est pas une case qu’on peut juste cocher dans notre liste ! L’équité est une trajectoire qu’on se doit de prendre si nous voulons que notre société évolue en cohésion et si nous voulons offrir à tout un chacun l’opportunité de contribuer à la société (qu’elle soit de naissance, de nationalité ou d’adoption !). L’équité c’est aussi de normaliser la différence.

Je suis fière aujourd’hui de travailler au sein d’une agence qui reflète concrètement la diversité de notre société, et surtout de faire partie d’une équipe hyperdiversifiée. Nos potlucks des Fêtes d’avant COVID nous permettaient réellement de voyager sans prendre l’avion de l’Inde au Vénézuela en passant par la Chine et l’Italie.

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Afin que toute notre industrie se fasse davantage voir et entendre, le Grenier aux nouvelles souhaite présenter des modèles inspirants issus de la diversité culturelle, de sexe, d’identité de genre, d’âge et en situation de handicap dans sa nouvelle série « Dans l’œil de… ». Cette série vise à donner l’espace à des talents cachés de l’univers de la communication – publicité, production, côté agence et côté client, et à nous faire découvrir des personnes qui auraient lancé une initiative pour favoriser l’équité, la diversité et l’inclusion dans leur organisation. Si vous souhaitez soumettre votre portrait, ou connaissez une personne qui serait intéressée, écrivez-nous à [email protected].