Au-delà des likes et des publications arborant le mot-clic #pub, les créateurs de contenus sont de véritables entrepreneurs possédant une base de clientèle déjà acquise.

Quand on pense à « créateur de contenus », la première idée qui nous vient à l’esprit est un fil Instagram dont toutes les photos sont léchées, avec des contenus publicitaires çà et là qui se fondent — ou pas — aux autres publications. Mais derrière le compte se cache bien souvent une personne à l’esprit entrepreneurial aiguisé. Car le métier de créateur de contenus ne se résume pas uniquement à prendre une photo et à attendre une pluie de mentions « j’aime » — que la personne en soit arrivée là volontairement ou par hasard.

En discutant avec Cindy Cournoyer, Lucie Rhéaume et Tanya Kupelian, toutes trois créatrices de contenus, force est de constater que ce travail demande de la ténacité, de la créativité et de l’assiduité — qualités que l’on associe aussi aux entrepreneurs plutôt « traditionnels ».

Sachant cela, il n’est donc pas étonnant de voir le nom de certains influenceurs à la tête d’entreprises de toutes sortes. C’est d’ailleurs le cas des trois créatrices : Cindy Cournoyer et Lucie Rhéaume ont fondé Girl Crush Gang en 2019, alors que Tanya Kupelian et sa sœur sont à l’origine de Old Sport Society, deux marques de vêtements de type « loungewear », soit des pièces confortables en coton ouaté biologique et écoresponsable.

Old Sport 1
Photo : Courtoisie de Old Sport Society

Une étape naturelle

Mais comment passe-t-on d’influenceur à propriétaire d’entreprise ? Pour plusieurs, il s’agit d’une étape naturelle, en continuité avec leurs activités de création de contenus.

« Déjà quand j’étais toute jeune, je me partais des petites business pour vendre des trucs à gauche et à droite, ça a toujours été un intérêt pour moi. Quand je me suis rendue compte qu’on pouvait profiter de ce qu’on avait créé sur les réseaux sociaux, d’utiliser ça comme levier pour concrétiser le rêve de partir une entreprise, j’ai sauté à pieds joints là-dedans », raconte Lucie Rhéaume.

Et cette passion commune qu’elle partage avec Cindy Cournoyer leur a permis de bâtir une solide relation d’affaires qui leur sert bien pour Girl Crush Gang, mais aussi pour leur autre entreprise de formation et de coaching en marketing d’influence, E-Influence.

Girl Crush Gang
Photo : Courtoisie de Girl Crush Gang

De leur côté, l’idée du projet germait dans les têtes de Tanya et de sa sœur depuis au moins deux ans. « On se disait qu’un jour, ce serait intéressant d’avoir notre propre marque, de lancer quelque chose en marge de nos activités quotidiennes », précise Tanya Kupelian.

En tant que créatrice de contenus, elle souhaitait également se renouveler sur Instagram, trouver une nouvelle façon d’y relever un défi. La perte de leur emploi pour cause de pandémie est finalement la poussée qu’il leur fallait pour que se concrétise le projet. Résultat : leur marque Old Sport Society est née officiellement en septembre dernier, après plusieurs mois de travail en coulisses.

Le choix de se lancer dans le domaine de la mode est logique : toutes trois ont bâti leur communauté respective en partageant notamment des photos de leurs tenues. « Et en confinement, on porte du loungewear 95 % du temps ! », ajoute Cindy Cournoyer.

Girl Crush Gang 2
Photo : Courtoisie de Girl Crush Gang

Un levier intéressant

Pour une entreprise en démarrage, le nerf de la guerre est de se faire connaître afin d’acquérir une clientèle fidèle et d’assurer sa pérennité. Avec leurs dizaines — voire même centaines — de milliers d’abonnés, les créateurs de contenus ont une longueur d’avance à ce chapitre.

« On a déjà une certaine notoriété, et celle-ci se transfère sur notre produit lorsqu’on le met de l’avant sur nos plateformes personnelles. Ça permet de le faire connaître rapidement et d’assurer une certaine croissance de l’entreprise. On a aussi plusieurs amies qui sont aussi créatrices de contenus avec qui on fait des échanges de services. On leur envoie nos vêtements pour qu’elles en fassent la promotion, et lorsque ce sera leur tour de démarrer une entreprise, on le fera aussi avec grand plaisir », explique Cindy Cournoyer.

Mais la taille de sa communauté n’est pas nécessairement garante de succès. Tanya Kupelian relate le cas d’une amie qui a une centaine de milliers d’abonnés, mais dont le projet d’entreprise, soit l’impression de ses dessins, n’a pas connu le succès escompté.

« Ton produit doit être tendance, pour lequel il y a une demande. Sinon, je ne pense pas que ton projet va décoller. Ce n’est pas parce que tu as un bon following que ce que tu vas lancer va fonctionner », conclut-elle.

Old Sport 2
Photo : Courtoisie de Old Sport Society