« Un partage pour un jouet » : telle était la devise du Ritz-Carlton de Montréal, dimanche dernier sur les réseaux sociaux, alors que le luxueux hôtel mettait en place une campagne qui visait à faire un don de jouets à des enfants isolés et hospitalisés pour le Temps des Fêtes. Bien que sur le coup très applaudie, cette campagne a toutefois été vite remise en question par le public, alors déçu de voir que le Ritz-Carlton ne tiendra pas sa promesse et remettra un don qui ne tiendra pas compte des partages, le 20 décembre prochain.

Lorsque le luxueux hôtel a changé les conditions de la campagne et donc les modalités du don, plusieurs se sont indignés sur Instagram, par exemple, Audrey Monette, une experte en criminologie, et ont crié à la capitalisation de l’empathie du public pour avancer l’agenda capitaliste du Ritz-Carlton Montréal

«Tandis que l’initiative peut sembler tout à fait louable, explique la criminologue, il est important de se rappeler que la motivation première des grandes entreprises est presque toujours l’avancement d’un agenda capitaliste et que les initiatives de charité organisées par ces entreprises sont avant tout profitables d’un point de vue économique… sinon elles n’en feraient tout simplement pas.»

En réponse à ces critiques, Katia Piccolino, directrice des relations publiques au Ritz-Carlton Montréal, affirme que le partenariat entre la Fondation du CHU Sainte-Justine et le Ritz-Carlton est en place depuis 2012 déjà et que des collectes de fonds se font annuellement. La formule n’est donc pas étrangère à la Fondation et à l’hôtel, et contrairement à ce qu’on leur reproche, l’initiative se veut honnête.

Cela dit, le contexte de pandémie étant ce qu’il est, l’hôtel aurait voulu mettre les bouchées doubles cette année en livrant des cadeaux directement aux enfants pour le Temps des Fêtes, ajoute madame Piccolino. Or, l’enthousiasme du public envers la campagne a bel et bien dépassé toute attente, obligeant par le fait même l’équipe du Ritz-Carlton Montréal à revoir les modalités mêmes du don original. En effet, la vidéo aurait été partagée plus d’un million de fois, a tenu à préciser Katia Piccolino, ce qui engendre son lot d’inconvénients. Il est vrai que le nombre d’enfants confinés au CHU Sainte-Justine n’est pas supérieur à 100 000, nous affirme-t-elle. En entrevue au Devoir, elle répond même que « l’hôpital ne pourrait pas recevoir cette quantité de cadeaux », et espère profondément que cette campagne sensibilisera malgré tout le public à faire des dons cette année.

Il apparaît clair que madame Piccolino tient à défendre cette cause noble et les bonnes intentions de l’entreprise, or, et comme le souligne Audrey Monette : « nulle part dans sa publication le Ritz-Carlton n’indique un hyperlien pour la Fondation du CHU Sainte-Justine (mais il y en a un pour le magasin de jouets). On croirait qu’avec la visibilité qu’ils désirent obtenir, l’idée serait de rediriger les gens vers la fondation CHU Ste-Justine, mais ça ne semble pas faire partie de leur objectif de marketing. »

Il devient alors bien difficile de juger de la bonne foi de l’hôtel, quand on arrive clairement à lire les rouages marketing sous l’action médiatique. Pour finir, si vous souhaitez faire une bonne action pendant la période des Fêtes, nous vous invitons à faire un don directement au CHU Sainte-Justine, don qui permettra assurément à financer la recherche et à faire avancer l’hôpital dans la médecine pédiatrique. 

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