Une exposition urbaine portée par le visuel des photographes du studio Shoot, par la poésie de David Goudreault et le design du Studio dans le bois prend d’assaut les rues de la métropole. Une série de visuels poétiques influencés par l’air du temps. Discussion sur une surprenante œuvre (présentée à hauteur d’humains) en compagnie de Martin Girard.                                             

Résumer l’air du temps. En extirper du beau. Cristalliser de façon concise et artistique, l’instant de quelques vers, de quelques images, cette étrange époque™ que nous traversons. Tel est l’improbable défi que se sont donné neuf photographes de chez Shoot en collaboration avec l’auteur David Goudreault, le tout dans le cadre d’une exposition éphémère présentée du 23 novembre au 11 décembre 2020 dans les rues de la métropole*. Une expérience artistique insolite née l’été dernier d’un urgent besoin de créer. « On se rappellera de l’été 2020 comme de celui de tous les impossibles, nous dit d’entrée de jeu Martin Girard, photographe et associé chez Shoot. Cet été où, entre espoir et prudence, beaucoup d’artistes se sont cherchés, où beaucoup de projets ont pris forme de façon spontanée. Ce fut le cas pour huit de mes collègues de chez Shoot et moi-même. Nous réfléchissions à une façon de capturer ce que nous traversions en tant que communauté, que société. La COVID et ses répercussions auront tristement réussi à mettre plusieurs de nos aspirations collectives sur la glace ; elles auront aussi réussi à s’immiscer dans des recoins insoupçonnés de notre inconscient. Il nous fallait trouver une façon de mettre en images ce grand tableau absurde et vivant que représente l’année 2020. »

ESPOIR SANS COMPLAISANCE

Un devoir de mémoire qui s’est métamorphosé en une œuvre conceptuelle. « Nous étions à ce moment quelques photographes en train de dévorer l’excellente trilogie La bête de David Goudreault, poursuit Martin Girard. L’idée de proposer à David une collaboration dans laquelle nous pourrions arrimer sa poésie et nos images a fait surface dans nos esprits. David s’est rapidement entiché de l’idée et nous nous sommes amusés, dans un premier temps, à piger au hasard neuf phrases écrites spécialement par David autour de cette thématique élargie de la pandémie – des phrases que nous devions par la suite illustrer en photo. Nous avons par la suite, dans un deuxième volet de l’exercice, attribué à David neufs autres images pour lesquelles il devait créer du texte. Ç’a donné des amalgames extrêmement intéressants. Les mots de David sont forts. Ensuite, avec le concours de nos amis du Studio dans le bois, un design autour des mots et des images a été créé, donnant ainsi une rythmique aux paroles sur les photos. Les résultats sont vraiment puissants. Nous souhaitions, par ces différentes œuvres, faire réfléchir et véhiculer un message percutant ; une missive en quelque sorte chargée d’espoir, mais livrée sans complaisance, sans le côté rose bonbon de la bonhomie. Je crois que c’est réussi. »

CAPTURER LE BEAU

Les passants qui s’aventurent aux confins du Plateau Mont-Royal peuvent apprécier les dix-huit œuvres pendant encore deux semaines. « Il y a quelque chose d’excitant dans le fait de vivre un vernissage où l’affichage est à l’honneur, poursuit Martin Girard. C’est quelque chose qui est non seulement de plus en plus rare, mais qui appartient aussi à une époque quelque peu révolue. Il y a dans cette expérience déambulatoire une approche poétique, un feeling muséal qui me plait beaucoup. L’expérience utilisateur, si je puis dire, est vraiment le fun, car les œuvres demandent qu’on prenne le temps de les découvrir, de les comprendre. Ce n’est pas du junk food artistique. Ces visuels interpellent les gens sur bon nombre d’enjeux qui ont marqué l’année en cours, tant sur les enjeux écologiques, raciaux que pandémiques. L’époque en cours est un déversoir unique de réflexion et la démarche que nous avons empruntée avec David Goudreault et la gang de Dans le bois nous procure un immense terrain de jeu. Ce fut un partenariat fantastique et l’expérience méritera d’être répétée aussi souvent que nécessaire. Personne ne prétend que nous avons réinventé la roue, au contraire, mais nous avons néanmoins été en mesure d’offrir une expérience à hauteur d’humains au public. C’est un cadeau que de capturer le beau à travers cette ère d’isolement, de tourments. Il y a beaucoup d’amour et de plaisir à travers ces œuvres. »

*Les œuvres du collectif de photographes de chez Shoot, de David Goudreault et de l’équipe du Studio dans le bois sont présentées au coin des rues :

  • Laurier/Papineau
  • Ontario/Saint-Thimothé
  • Rosemont/Saint-Hubert
  • Saint-Denis/Des Pins
  • Saint-Laurent/Fairmount

Shoot Studio 1

Shoot Studio 2

Shoot Studio 3

Shoot Studio 4

Crédit : David Goudreault et le design du Studio dans le bois