L’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) était en voie de connaître une saison 2019-2020 record. Mais la pandémie a frappé.

L’Orchestre symphonique de Montréal s’attendait à vivre « une année record », selon Catherine Ferland-Trudel, sa chef de la direction financière et administrative. Mais la pandémie a freiné ses ardeurs.

C’est que la saison précédente, 2018-2019, avait été marquée par des ventes impressionnantes à la billetterie et par de « très beaux résultats au niveau des dons ». En plus de poursuivre sur cette lancée, ce qu’il y avait de particulier avec la saison 2019-2020, c’est qu’elle marquait aussi le départ de Maestro Kent Nagano. «Son départ venait avec un peu de mélancolie, mais en même temps, nous allions le souligner. C’est dommage parce qu’on n’aura jamais la conclusion de tout ça », ajoute Catherine Ferland-Trudel.

Or, c’est plutôt la pandémie qui a frappé l’organisme de plein fouet à la mi-mars — comme tout le reste du secteur culturel d’ailleurs. « On a écouté les consignes, on a fermé, on a annulé tous nos événements. Finalement, si on inclut les activités estivales, ce sont 85 concerts qui n’ont pas eu lieu », relate-t-elle.

Catherine Ferland-Trudel
Catherine Ferland-Trudel, chef de la direction financière et administrative, OSM
Crédit photo : Antoine Saito, OSM 

La musique en ligne

Après avoir encaissé le choc de cette nouvelle, l’OSM s’est rapidement mis en mode solution. À peine trois jours plus tard — dès le 15 mars —, un premier concert déjà capté a été mis en ligne.

Le besoin d’adaptation a fait en sorte que, rapidement, l’organisme a trouvé des idées afin de faire vivre la musique classique aux gens en ces temps difficiles. Parmi les initiatives numériques, notons entre autres les capsules vidéo Les musiciens en confinement, les apéros et brunch virtuels avec l’OSM, et l’émission Jamais trop classique, animée par André Robitaille.

En plus de cela, l’Orchestre a tout de même fait vivre des concerts en personne, dans le respect des mesures sanitaires, notamment avec ses quartiers d’été, avec lesquels 88 concerts ont été offerts dans les 19 arrondissements de Montréal. Il y a aussi eu l’envolée classique OSM, qui s’est déroulée à l’aéroport de Montréal, où les spectateurs étaient invités à écouter le concert-bénéfice dans leur voiture. Pas moins de 500 voitures étaient sur place.

Plusieurs de ces événements étaient d’ailleurs gratuits, ce qui a contribué à la démocratisation de la musique classique, espère Catherine Ferland-Trudel. « C’est sûr que le prix est plus abordable qu’en salle, et c’est peut-être aussi moins rébarbatif. On entend parfois des gens dire que lorsqu’on va voir de la musique classique, on ne sait pas trop comment se comporter, on ne sait pas trop quoi faire en salle. Dans le confort de son foyer, les gens sont plus à l’aise. »

À ce chapitre, l’OSM peut se targuer d’avoir accompli cette mission : les statistiques démontrent une augmentation de l’achalandage sur son site web et ses médias sociaux. Plusieurs des contenus numériques ont été vus des centaines de milliers de fois — la vidéo de l’œuvre Sicilienne de Fauré s’est même valu un partage sur Twitter de la part du premier ministre du Canada, Justin Trudeau.

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Andrew Wan
Crédit photo : Antoine Saito, OSM 

Une meilleure intégration du numérique

Malgré toutes les embûches que la pandémie a mises sur le chemin de l’OSM, elles ont fait en sorte que l’organisme a beaucoup avancé en matière de numérique. S’il s’agissait auparavant d’un axe qu’il avait de la difficulté à intégrer dans sa programmation, c’est maintenant un volet qui va rester à l’OSM, dit Catherine Ferland-Trudel. « Évidemment, ce qui nous fait vibrer, ce sont les concerts en salle, le contact avec le public et l’échange qu’il y a entre lui et les musiciens, mais on pense que le numérique peut maintenant être complémentaire à cette expérience. »

Les circonstances ont aussi amené l’OSM à communiquer davantage avec ses clients, en exploitant évidemment encore plus le côté numérique de sa stratégie. Les infolettres, les médias sociaux et le site web en étaient déjà une partie intégrante, mais l’organisme a trouvé le moyen d’ajouter une touche un peu plus humaine à ses communications en envoyant des messages signés par la chef de la direction de l’OSM, Madeleine Careau, et par Maestro Kent Nagano.

La culture en renfort

En dépit de tout, l’Orchestre est content de la façon dont s’est déroulée l’année, conscient que c’est grâce au soutien des gouvernements, de ses clients et des donateurs qu’il a pu accomplir tout ce qu’il a fait au cours des derniers mois.

« Le défi était colossal, tant d’un point de vue financier, humain, qu’organisationnel, mais on pense fondamentalement que les produits culturels, que ce soit le nôtre ou celui d’autres organismes culturels, contribuent au bien-être et à la relance de Montréal. Ce que fait le milieu de la culture — en salle ou sur une plateforme numérique — est important, parce qu’il fait vivre la ville et le centre-ville », conclut Catherine Ferland-Trudel.

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Envolée Classique
Crédit photo : Antoine Saito, OSM