Gaïda Ali-Ahmad
Gaïda Ali-Ahmad
Productrice chez Akufen et Co-fondatrice de Gaida&Steph.
Crédit photo : mon iPhone

Une cause qui te tient à cœur : La lutte contre le racisme et les discriminations. Ce virus, car je pense que c’en est un, qui touche beaucoup de gens, aussi éduqués ou friqués soient-ils, qui empêche de voir les autres pour ce qu’ils font ou sont. Ce virus qui rend les gens ignorants, qui leur permet le jugement gratuit, qui laisse naître des préjugés, des clichés, une hiérarchie entre les groupes humains. On parle de biodiversité pour les espèces vivantes, on comprend qu’il faille la maintenir pour la survie des espèces sur Terre. Et bien je pense que c’est la même chose pour les cultures, les groupes sociaux et les sociétés en général. C’est en préservant cette diversité entre les humains qu’on crée la beauté et l’équilibre du monde.

Qu’apportes-tu sur une île déserte : Ma famille ! Ma moitié et mes 3 enfants : je les prendrais au bout du monde. Je prendrais aussi sans doute de l’antimoustique et de quoi dessiner.

Si tu étais une plante/un livre/une œuvre d’art/un événement historique, tu serais : Une plante : Un tournesol. Cette fleur géante est impressionnante. Une œuvre : La place des Terreaux à Lyon (France) de Daniel Buren. Un livre : Sous l’arbre à palabres, mon grand-père disait de Boucar Diouf. Un événement historique : La Marche pour l’égalité et contre le racisme (rebaptisés La marche des beurs par les médias français) du 15 octobre 1983 en France. Malheureusement les choses n’ont pas beaucoup changé depuis…

Ton mot favori : Crépuscule ou Carabistouille. Des sonorités, plus que des mots, que j’aime bien.

Une multitude de casquettes

Issue d’une double immigration, je suis française, d’origine libanaise, avec plein de cheveux noirs et bouclés. :)

À défaut d’être diplômée en communications, je suis architecte et urbaniste. J’ai étudié à l’ENSA de Lyon en France, puis à l’Université de Genève, en Suisse, en Urbanisme. Autant dire que rien ne présageait pour moi un emploi dans le monde des agences à Montréal.

J’ai eu une dizaine années d’expériences en France et en Suisse, avant de venir m’installer au Québec pour rejoindre celui qui est maintenant mon mari et papa de mes 3 enfants. En arrivant ici, j’ai trouvé un emploi comme architecte dans une agence montréalaise en quelques jours. Sauf que ça n’a pas duré bien longtemps : je me suis fait remercier une fois mon premier projet livré.

Suite à ça, et à l’annonce de ma première grossesse, nous avons décidé de repartir vivre en France. Et là... 18 mois de galère à ne trouver AUCUN employeur qui voulait de moi. 500 CV envoyés, une seule réponse : négative.

Malgré mes diplômes et mes expériences, ça tombait pendant la période des attentats du journal Charlie Hebdo, et autant vous dire que mon nom de famille n’était pas très populaire.

Après cette dure période en France nous voilà revenus à Montréal avec un bébé et une deuxième grossesse en cours. J’ai donc décidé de changer de nom. (Joke !). J’ai décidé de changer de carrière et de me tourner vers les agences de communication et de web.

Je trouve un stage en quelques semaines chez ZA communication (anciennement Zoum Armada). Je les remercie encore de m’avoir accueilli à bras ouverts malgré mon manque d’expérience dans le domaine et mon nom de famille.

Ça fait maintenant 5 ans que je suis dans le monde des Internet. Je suis présentement chez Akufen comme productrice et j’ai même monté ma boîte de programmation web avec mon mari, Stephane Demotte, Gaida&Steph.

Certes, je suis un peu minoritaire à la job avec mes cheveux bouclés et mes lunchs au hummus, mais je ne me suis jamais sentie autant accueillie pour mes compétences, plutôt que pour ma couleur de peau, que depuis que je suis en agence à Montréal. C’est une belle victoire pour moi. J’ai 37 ans et ça fait seulement 5 ans que ma culture ou mes origines ne regardent que moi dans ce monde des agences. Je n’ai pas de diplômes en communications ni de parents nés au Québec, mais c’est comme si d’un coup les gens ne voient plus tout ceci, mais me voient juste moi, Gaïda, avec les multitudes de casquettes que je peux avoir.

Bien que je salue cette initiative du Grenier, j’espère que mes enfants et petits-enfants grandiront dans un monde où nous n’aurons plus besoin de parler de tout ça, et que l’inclusion et la diversité seront juste normales, voire banales.

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Afin que toute notre industrie se fasse davantage voir et entendre, le Grenier aux nouvelles souhaite présenter des modèles inspirants issus de la diversité culturelle, de sexe, d’identité de genre, d’âge et en situation de handicap dans sa série « Dans l’œil de… ». Cette série vise à donner l’espace à des talents cachés de l’univers de la communication – publicité, production, côté agence et côté client, et à nous faire découvrir des personnes qui auraient lancé une initiative pour favoriser l’équité, la diversité et l’inclusion dans leur organisation. Si vous souhaitez soumettre votre portrait, ou connaissez une personne qui serait intéressée, écrivez-nous à [email protected].