Aussi embêtant que le confinement puisse être, les aventures de Biscuit et de son petit frère Cassonade ne sont pas terminées pour autant. Ayant coutume de voyager, les moutons globe-trotters en peluche de Caroline Munger ont dû se résoudre à l’idée qu’ils ne reprendront pas l’avion de sitôt. Sympathique discussion avec une éternelle enfant qui est allée jusqu’au bout de ses rêves.

Tout plaquer pour des toutous

Occupant autrefois une profession en vente et marketing qui lui permettait de cumuler des voyages d’un continent à l’autre, Caroline Munger trimbalait ses moutons en peluche qu’elle prenait plaisir à photographier entre l’Europe et l’Asie. « Quand on est en voyage d’affaires, on n’a pas vraiment de sujets — comme des amis ou un conjoint — à faire prendre la pose devant les belles scènes que l’on voit (RIRES) », plaisante Caroline au bout du fil.  

Puis, l’épiphanie.

C’est en 2015 que l’entrepreneure quitte son emploi payant pour se consacrer à la publication de livres jeunesse aux Éditions de la Bagnole. Caroline fera de Biscuit et Cassonade ses personnages clés, qu’elle mettra en scène aux quatre coins de la planète. S’adressant aux enfants de 3 à 7 ans et à leurs parents, les peluches sont de véritables rockstars du préscolaire et du premier cycle.

2020, tout va bien, ou presque.

Sur leur carnet de route, Biscuit et Cassonade peuvent cocher le Mexique, Londres, Paris et New York. 11 livres plus tard et des spectacles à l’agenda entre mars et juin, tout s’effondre pour Caroline et ses attachants compagnons, qui s’apprêtaient à faire la tournée des écoles et aller à la rencontre de près de 5000 jeunes.

Avec la perspective d’une fermeture des frontières et du confinement, l’entrepreneure ne tarde pas à s’atteler à la tâche pour venir en soutien aux enfants. « Je devais trouver quelque chose pour les rassurer », se remémore-t-elle.

Caroline Munger 1
Caroline Munger et ses acolytes Biscuit et Cassonade 

Au nom des tout-petits

En conversant avec la créatrice, on s’aperçoit qu’au-delà de se réinventer en temps de crise, celle-ci avait réellement à cœur le bien-être des enfants, qu’elle côtoie souvent dans le cadre de son passe-temps devenu emploi à plein temps. « C’est particulier, car les enfants croient que les peluches sont vivantes. Je pensais à tous ces jeunes qui étaient confinés à la maison et qui ne comprenaient pas ce qui se tramait, raconte Caroline. Puisque Biscuit et Cassonade ont une vie à l’extérieur des livres à leurs yeux, je me suis dit que je pouvais leur montrer comment ils vivent le confinement ».

En moins de deux semaines, le coloré livre « Ça va bien aller ! » voit le jour. Imaginée à partir de clichés dans ses archives et quelques nouvelles photos, l’histoire à la fois ludique et éducative vient en renfort aux familles avec enfants en bas âge pour mieux comprendre la situation et leur montrer des gestes sanitaires à adopter. En échange d’une adresse courriel, l’album de 25 pages était offert gratuitement. Le succès inattendu – 15 000 téléchargements en 8 jours et 50 000 visites sur le site web – lui a même valu une lettre du premier ministre Legault pour la remercier de son initiative. Avec toute cette ampleur, l’auteure se rend vite à l’évidence que son site Internet ne pouvait répondre à un tel afflux.

François Legault

L’univers 2.0 de Biscuit et Cassonade

Encore ébahie, Caroline nous résume que son histoire qui met en vedette ses acolytes en confinement a répondu à un réel besoin. « C’est comme si l’univers que j’avais créé depuis 5 ans était devenu un refuge pour les gens. Ils se sentaient bien quand ils entraient dans mon univers de peluche, de mise en scène et de photos », dit-t-elle, touchée. Au quotidien, la photographe recevait des messages de familles exprimant gratitude et reconnaissance d’avoir suscité autant de bonheur entre quatre murs pendant le confinement.

Face à cette popularité croissante, Caroline a entamé une refonte complète de sa plateforme, pensée pour que les fans de Biscuit et Cassonade puissent s’imprégner de leur univers, en trois volets. Une section pour les enfants (où on retrouve des jeux et des vidéos), une section boutique pour les parents (où on peut se procurer les tomes précédents et les peluches) et enfin, une section pour les enseignants proposant des activités scolaires. « C’est bizarre à dire, confie l’auteure, mais je crée du temps d’écran pour éloigner le jeune de l’écran. Je l’inspire à l’écran pour qu’il puisse revenir dans sa chambre créer. » Ainsi, une section « fan-club » a été ajoutée pour les tout-petits, qui sont invités à se prendre en photos avec les peluches ou à créer eux-mêmes des mises en scène avec les sympathiques personnages. Ce nouveau site web n’est donc qu’une suite logique de complémentarité entre le monde réel de l’enfant et de l’adulte et du monde numérique.   

Biscuit et Cassonade

S’amuser, la clé du succès 

La clé du succès ? S’amuser et poursuivre ses rêves, aussi inusités soient-ils. « Mine de rien, mon projet est assez simple, énonce la créatrice. Je n’utilise pas de moyens technologiques extraordinaires. » Caroline estime que le succès de Biscuit et Cassonade dans les écoles repose sur les livres, puisque ceux-ci traitent de valeurs pédagogiques. « Chacun des thèmes des livres permet aux enseignants d’élaborer sur des thèmes pédagogiques qu’ils ont à traiter durant l’année. » Comme mentionné plus tôt, Caroline et ses acolytes devaient faire la tournée des institutions au printemps dernier. Présentation scolaire qu’elle a coutume de faire depuis maintenant 3 ans, l’auteure a décidé de l’offrir en formule visioconférence. « L’offre est encore plus complète, puisque je propose des activités à faire pour se préparer avant et après la présentation », mentionne-t-elle. Déjà, la tournée de ce nouveau format est sold out pour l’automne ! Et des places sont encore disponibles au printemps prochain — il n’est jamais trop tôt pour prévoir. Les places partent comme de petits pains chauds ! 

L’auteure-photographe au cœur d’enfant révèle que son projet peut être empreint de nostalgie pour les parents d’enfants en bas âge. « La génération de jeunes adultes ont déjà fait ça eux aussi quand ils étaient jeunes. Ça nous rappelle plein de souvenirs. Ça fait autant du bien pour le jeune que l’adulte, qui se prête au jeu également. C’est très décomplexant de voir une femme adulte jouer avec des peluches — aussi sérieusement et tout en s’amusant ! » termine Caroline

Pour découvrir l’adorable univers de Biscuit et Cassonade, c’est par ici.  

Caroline Munger 2