On parle beaucoup des aspects négatifs de la COVID-19. Avec raison. Mais comme le dit un haïku japonais, parfois « d’un tas de fumier jaillit une fleur. » Voici la belle histoire d’une planificatrice média numérique qui a « profité » du confinement pour lancer un projet personnel qu’elle chérissait depuis un bon moment.

« I can see in the morning when you go to school. » Désolé les plus vieux pour ce ver d’oreille. Je ne peux m’empêcher de fredonner les paroles de cette chanson suite à ma conversation avec la souriante Audrey Racine, fondatrice du site scool.ca.

Audrey Racine
Audrey Racine, fondatrice | scool.ca

C’est qu’au cours des sept derniers mois, notre bon vieux système scolaire québécois a été drôlement affecté lui aussi par la pandémie. École à la maison, directives vagues pour contrer la vague, école à l’école, mais à deux mètres du maître, sympathiques jeunes hommes en jupettes carreautées et tutti quanti. Dont do this. Don’t do that, chantait Supertramp. You're just another brick in the Wall, renchérissait Pink FLoyd.

Chercher une école, quel aria !

L’offre académique s’est énormément diversifiée au cours des dernières années.

Même les écoles publiques offrent des programmes afin de compétitionner les écoles privées. Et que dire des écoles alternatives qui poussent comme des pousses de sorgho biologique ici et là en ville (40 nouveaux projets déposés cette année seulement !) ?

Cet éclatement de l’offre académique et une petite chauve-souris asiatique allaient changer la destinée d’Audrey en avril 2020.

« Ce printemps, je devais m’envoler pour Paris afin de cocher un item important de ma bucket list de vie : travailler à l’international. » Mais avec le confinement, Audrey allait plutôt devoir se tourner vers « un maudit beau projet de résilience », scool.ca, projet qu’elle germait depuis 2017.

scool.ca, une plateforme de recherche d’écoles secondaires

Sur le site, Audrey explique la raison d’être de son bébé. « Chaque adolescent est unique, a des besoins particuliers, des intérêts propres. Que ce soit une école secondaire publique, privée ou internationale, régulière ou alternative, toute commission scolaire confondue ayant un programme de sports-études, une chorale ou un programme orienté sur les sciences, vous pourrez trouver la parfaite école secondaire à Montréal à partir de notre plateforme. »

Quand la planificatrice met la main à la pâte numérique

Développer, lancer et nourrir une plateforme numérique n’est pas donné au premier venu. Mais comme Audrey travaille également à temps plein (!) chez Dialekta, une agence numérique montréalaise, ce monde lui était déjà familier.

« Je suis planificatrice média. Le contenu, le référencement, les influenceurs, je connaissais ça, mais dans mon quotidien, je n’avais pas à créer de contenu. scool.ca me permet d’aller plus loin professionnellement en expérimentant avec le blogue et le podcast du site. Ça me nourrit énormément ! », explique Audrey, des étincelles plein les yeux.

Car nourrie par l’aspect technique du projet, oui, mais aussi, et surtout, par la nature du contenu lui-même. « En faisant mes recherches, j’apprends énormément sur le monde de l’éducation. Mon réseau augmente rapidement. »

Et la demande aussi ! Pour le moment, le site répertorie 126 écoles secondaires montréalaises. Mais d’ici la fin de cette chère année 2020, scool.ca ajoutera les établissements de la Rive-Sud de Montréal et ceux de la ville de Québec. « Des mamans de Québec m’avaient écrit pour me dire qu’elles étaient fâchées qu’on ne liste pas les institutions de cette ville », raconte-t-elle, hilare.

Comment ça se passe depuis le lancement de la plateforme ? « Très bien ! Les gens passent plusieurs minutes sur le site et on est rendu à un millier de visiteurs uniques par mois. »

D’où provient ce trafic ? « Organique. Référencement, intégration à l’écosystème académique et établissement de liens avec des professionnels du secteur. Quand une sommité comme la Dre Nadia Gagnier partage un épisode de notre balado, on voit immédiatement le trafic augmenter. »

Vivre du contenu ?

« Je savais qu’il était possible de faire de l’argent avec du contenu. Mais je savais aussi que ça ne serait pas une fusée qui générerait des millions du jour au lendemain. » Ça demande de l’huile de bras. Et de bonnes amies sur qui l’on peut compter.

« Pour agréger les informations, j’ai organisé des laptops partys avec des amies ; je leur payais la bière, le vin et la pizza ! Et sans l’aide d’une amie professeure et d’une amie productrice, je n’aurais jamais pu développer le podcast. Je leur en suis tellement reconnaissante ! »

La suite des choses ? « Les idées ne manquent pas. Contenu commandité, publicité nichée (déjà un premier client !), monétisation de la carte interactive comme SAAP (software as a product). La seule limite est le temps que j’ai à consacrer à la plateforme, c’est-à-dire 15-20 heures par semaine. Mais c’est sûr qu’on regarde déjà du côté de l’Ontario et du reste du Canada. »

Ça va te coûter cher de pizzas, ma belle ! (RIRES) 

Et la France ? Je lui fais remarquer qu’avec un nom anglais comme scool, ça devrait pogner là-bas et qu’elle devrait inviter ses bests à Paris pour six mois afin d’y développer le marché.

« J’aimerais trop ça !!!, répond-elle. Un jour peut-être. Mais de fait, c’est déjà un marché intéressant pour rejoindre les Français qui veulent venir s’installer à Montréal. »

Alors, du coup, j’ai trouvé que c’était là une idée vachement bonne. Suffit d’acheter le mot-clé « Plateau » ;)

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scool
Via scool.ca