Alors que de nombreuses organisations se préparent à clôturer leur exercice financier et à évaluer les répercussions de la COVID-19 sur leurs activités, la principale question n’est pas de savoir si on accordera des augmentations ou des promotions salariales, mais plutôt si le gel de salaires s’avérera nécessaire pour rester à flot.

Selon la 38e « Enquête sur les prévisions salariales annuelle » de Morneau Shepell, plus d’un tiers (36%) des organisations canadiennes ont gelé les salaires de leurs employés en 2020, en comparaison à une prévision réalisée avant la pandémie qui s’élevait à seulement 2%. Il est fort probable que cette tendance se confirme également l’année prochaine, car près de la moitié (46%) des employeurs hésitent entre augmenter ou geler les salaires, et 13% ont déjà pris la décision de n’accorder aucune augmentation en 2021. 

Pour la première fois depuis la crise financière de 2008, l’enquête a permis de relever une augmentation moyenne prévue des salaires de base à l’échelle nationale inférieure à 2,0%, causée par les répercussions conjointes des gels de salaires et de l’instabilité économique. En 2019, l’augmentation moyenne des salaires, incluant les gels, s’élevait à 2,4% par rapport à l’année précédente, soit un résultat considérablement plus élevé en comparaison à l’augmentation réelle des salaires de base de 1,6% en 2020.

Pour 2021, les employeurs au Canada s’attendent à une légère reprise, en prévoyant une augmentation moyenne des salaires de base de l’ordre de 1,9%, incluant les gels. Si on omet les gels salariaux et les rajustements attribuables aux promotions, les employeurs prévoient une hausse des salaires correspondant à 2,5% en 2021 – soit une diminution par rapport aux 2,6% enregistrés en 2020, excluant les gels. 

« L’incertitude est devenue une expression à la mode en 2020; il est toutefois extrêmement important de regarder au-delà de ce terme afin de mieux comprendre les répercussions importantes de l’instabilité des employeurs sur notre économie et les employés au Canada, et de chercher à atténuer ce phénomène dans la mesure du possible », explique Anand Parsan, vice-président, Services-conseils en rémunération. Les résultats de cette année font partie des données les plus préoccupantes que nous avons connues depuis la création de cette enquête, qui remonte à 1982. Alors que pratiquement la moitié des employeurs appréhendent l’année 2021, il est important que les Canadiens soient conscients des conséquences éventuelles sur leur bien-être financier et s’attendent à vivre une autre année difficile. Les employeurs devraient revoir leur stratégie de rémunération globale et songer à ce qu’ils peuvent faire pour soutenir leurs effectifs dans une période comme celle-ci, y compris l’accès à de la formation dans le domaine financier, à des ressources et à du soutien sur le plan émotionnel, étant donné que le stress financier a une forte incidence sur le bien-être global, la résilience et le rendement de la main-d’oeuvre. » 

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