Née de l’appréciation de la nourriture et du trop peu de représentativité de personnes aux traits asiatiques dans les médias, l’initiative Sticky Rice est à la fois un e-zine et un organisme à but non lucratif axé sur l’exploration de l’identité. Avec une volonté de promouvoir le pluriculturalisme, de célébrer les différences et la richesse des cultures, la plateforme se positionne aussi comme antiraciste et dénonce la discrimination sous toutes ses formes, aussi subrepticement qu’elle puisse se manifester. Agréable causerie en compagnie de Viet Tran, fondateur, et de Marianie Tô-Landry, chargée de projets.

Des récits sans censure

Que ce soit à travers des écrits, de l’art et de la photographie, Sticky Rice souhaite offrir l’opportunité aux voix — souvent muettes — de s’épanouir et de raconter leurs histoires dans un espace qui leur est pleinement dédié. Avec authenticité et sans censure, le magazine numérique a dévoilé le 17 juin dernier son premier volume ayant pour thème central le mythe de la « minorité exemplaire ». 

Résident en médecine psychiatrique, Viet s’étonne encore de la vague de support de la communauté créative montréalaise, lui qui n’œuvre pas du tout dans l’industrie ! Le médecin en devenir prête d’ailleurs sa plume empreinte de sensibilité au cœur des « pages » du magazine numérique, puisqu’il désirait exprimer son côté créatif. « En médecine, on écrit en abrégé et en bullet point. Parfois, on ne comprend même pas l’écriture (RIRES), plaisante-t-il. Je suis vraiment sorti de ma zone de confort. »

Un collectif soudé

Même si le concept a germé dans son esprit il y a près de deux ans, ce n’est que depuis une année que Viet s’est entouré d’une équipe émérite de l’industrie pour l’appuyer à cristalliser le projet.

Sticky Rice, c’est aussi :

  • Olivia Chan, designer, Baillat studio ;
  • Cathy Ma, stratège de produit pour une compagnie techno spécialisée en sécurité ;
  • Minh Nguyen, directrice artistique, Forsman & Bodenfors (ex- CloudRaker) ;
  • Jérôme Ponss, planificateur de contenu, SSense (ex-CloudRaker et Groupe Aldo) ;
  • Marianie Tô-Landry, coordonnatrice de production, Les Enfants (ex-conseillère chez BRAD et Ogilvy) ; 
  • Diane Kim Lim, développeuse front end, WANT Les Essentiels ;
  • Claudel Rhéault, recherchiste en design, Element AI (ex-Havas Montréal) ;
  • Reatchy Legros, étudiant en communications et mannequin ;
  • Minhly Nguyen, éditrice et recherches juridiques ;
  • Viet Tran, médecin résident en psychiatrie.

Sticky Rice équipe

Marianie souligne l’extraordinaire multidisciplinarité de l’équipe Sticky Rice, qui réunit des artisans d’ici et des professionnels issus du milieu financier, juridique et médical. Des grappes se sont naturellement formées selon les forces et les intérêts de tout un chacun afin de ciseler le contenu, développer le branding et, ultimement, lancer l’OBNL et le faire rayonner sur les médias sociaux.

« On est comme une mini agence à l’interne (RIRES) », dit Marianie. Petite agence, certes, mais où la prise de décision ne se fait pas de manière hiérarchique — l’horizontalité y est préconisée. Afin de s’assurer que les idées et les opinions soient partagées et adhérées autant que possible par l’ensemble du collectif, tous les membres sont consultés.

Soucieux de livrer une tribune qui résonne non seulement au sein de la communauté asiatique canadienne, mais aussi au-delà, Sticky Rice est avant tout l’aboutissement de l’union entre collaborateurs devenus amis partageant les mêmes valeurs.

L’amour passe à travers la nourriture

Pourquoi avoir favorisé Sticky Rice, qui se traduit littéralement par « riz collant », comme nom de e-zine ? Viet nous révèle qu’il voulait une appellation qui relierait plusieurs personnes — quoi de plus rassembleur que de la nourriture s’était-il dit. Qui plus est, en Asie, la nourriture revêt une symbolique souvent liée à l’amour. Ainsi, les formules comme « je t’aime », « as-tu faim ? » ou « viens manger » peuvent aisément se substituer. Sticky Rice ne pouvait mieux coller à ce projet qui vise à explorer le lien émotionnel à l’identité.

À présent que le projet a pris son essor, qu’aspire le collectif pour le futur ? « On a beaucoup de rêves et d’ambitions, partage Marianie. On aimerait étendre nos canaux de communications. Maintenant qu’on a une voix, on veut l’utiliser au maximum et peut-être faire du contenu vidéo, un podcast, organiser des conférences. Qui sait où cela nous mènera ? »

« Lorsque cuits à la perfection, les grains de riz collant prennent de l’ampleur et s’unissent entre eux. » L’objectif avoué de Sticky Rice, c’est un peu ça. Avec la bonne énergie, le bon environnement et un entourage propice, on ne peut que s’épanouir et bâtir une communauté.

Pour parcourir le premier volume de Sticky Rice, c’est par ici. Retrouvez également l’organisation sur Instagram et Facebook.

Sticky Rice
Crédit photo : Lian Benoit