L’arrivée des beaux jours miroite un semblant de vie qui flirte moins avec la dystopie. Et pourtant, les bourgeons qui se ragaillardissent et les oiseaux qui gazouillent cui-cui jurent avec la réalité pandémique. En avril dernier, le Grenier a sondé plusieurs figures du milieu de la communication pour connaître ce qu’elles avaient vraiment sur
le « chest » depuis le début du confinement. Les échos de l’industrie oscillaient entre espoir, fatigue et incertitude. Gratitude aussi, de savoir que quelqu’un, quelque part, lui demande « comment ça va pour vrai ». L’univers de la comm est peut-être petit, mais on n’a pas pu échanger avec tout le monde ! On a donc répété l’exercice. Une fois de plus, revue en toute transparence sur ce que vit l’industrie : petites boîtes, plus grandes boîtes et freelancers.

Chaque semaine depuis mai, le mardi et le jeudi, le Grenier diffuse sa série « Comment ça va pour vrai chez... ».

Un vendredi 13 pas comme les autres  

Franceska Dion, présidente et fondatrice de l’Agence FDM, était en plein préparatif pour un voyage de presse à Banff lorsque la crise a éclaté. C’est ainsi que le vendredi 13 mars, toute l’équipe avait la capacité de travailler à distance. « Comme les annonces des mesures gouvernementales ont été annoncées ce week-end-là, le lundi suivant, plusieurs de nos clients nous ont donné un coup de fil pour mettre pause sur nos contrats. Le mardi, on a fait des mises à pied temporaires ». Franceska se considère tout de même chanceuse puisque les mises à pied n’ont duré que 10 jours. « Heureusement, on a été en mesure de rappeler tout le monde et les clients nous ont rapidement rappelés pour reprendre certaines parties de leurs mandats avec nous ».  

Franceska Dion
Franceska Dion, présidente et fondatrice, Agence FDM

Rina Marchand, directrice principale, contenus et innovation au Réseau Mentorat, affirme que ça va bien. « Le cœur qui bat vite, de par nos nombreuses activités qui, malgré la COVID, n’ont pas cessé. Le cœur qui bat vite, car nous lancions le 9 juin notre nouvelle image de marque. Notre service de mentorat existe depuis 20 ans et nous souhaitions dire haut et fort ce que nous sommes devenus. Donc adieu Réseau M, bienvenue Réseau Mentorat. Adieu aussi à la marque de la Fondation de l’entrepreneurship, qui existe depuis 1980 et qui a créé et soutenu le Réseau M depuis l’an 2000 ». Rina nous assure que l’équipe demeure en place.

Rina Marchand
Rina Marchand, directrice principale, contenus et innovation, Réseau Mentorat

Tout comme l’Agence FDM, dès le 13 mars, tout le groupe s’est mis en mode télétravail. « Sans savoir que ce serait une réalité quotidienne pour aussi longtemps, se rappelle Rina. Au début, notre défi était d’abord de savoir comment nos partenaires allaient, ensuite faire savoir que le réseau allait bien et qu’il continuerait à soutenir les entrepreneurs québécois ».

Par le biais de plus de 50 organismes partenaires partout au Québec, le Réseau, qui comporte près 4000 mentors et mentorés, offre également du mentorat pour entrepreneurs. « Les mentors bénévoles se sont mis à l’œuvre pour contacter les mentorés actuels comme anciens, pour leur dire “on est là”. Les rencontres en personne se sont transformées en séances Zoom et autres outils de visioconférences. Et nous, l’équipe de gestion du réseau, avons aussi voulu soutenir nos mentors, mentorés et partenaires avec des rencontres et des contenus orientés vers les grands défis que vivent en ce moment les entrepreneurs ».

Des difficultés à surmonter

Comme beaucoup d’autres organisations, le Réseau a eu ses moments de découragement. « Beaucoup de projets ont été annulés ou reportés. Mais en regard de la situation, nous nous sentons vraiment privilégiés, car nous avons pu continuer nos activités et toute l’équipe est en bonne santé ».

La présidente de l’Agence FDM admet que c’était une période vraiment intense. « On avait plus de travail qu’à l’habitude. On a dû revoir toutes les annonces, les médias sociaux, les infolettres et les communiqués de presse, car on ne pouvait pas faire abstraction de tout ce qui se passait dans l’actualité. C’était beaucoup de travail de revoir toutes nos campagnes de A à Z ».

Comme plusieurs des clients de l’agence sont dans les industrie touchées par la crise, Franceska ne cache pas que c’était un coup dur pour ses clients. Difficile, certes, mais plus que jamais, elle a l’impression de faire équipe avec eux à travers cette période. « J’ai l’impression que ceux qui ont été présents pendant la crise vont être un méchant bout à travailler avec nous parce qu’on s’est rapprochés ».

Franceska était grandement impressionnée par la résilience, la persévérance et l’attitude de ses clients. « Certains de nos clients n’avaient jamais fait de commerce en ligne et maintenant ils en font. C’est un gros revirement de situation ! On les a supportés dans toute la logistique – non seulement pour la vente en ligne, mais aussi pour les envois, à savoir comment respecter les mesures sanitaires ».

Une autre difficulté qu’Agence FDM a dû surmonter est l’esprit d’équipe. « Le team spirit à distance n’était pas évident. On a quand même travaillé fort pour garder la même énergie et folie. Les premières semaines étaient si occupées qu’on n’avait pas eu le temps de faire des happy hour ou faire du small talk », raconte Franceska. Puis, quand le nouveau rythme s’était installé, l’équipe organisait des soirées thématiques via Zoom.

Un futur plus consciencieux

Pour l’après-COVID, Franceska estime que l’agence va garder ce qu’elle a appris, notamment le télétravail, qui était tout nouveau pour Agence FDM. « Ça nous a permis d’équilibrer la qualité de vie et de sauver du temps en déplacement ». La présidente de l’agence se dit fière du savoir-faire et de la capacité d’adaptation de son équipe. 

« On dit souvent qu’on est aussi bons que nos clients le sont. Donc, si nos clients ont confiance en nous et acceptent nos folles idées, et bien, il n’y a rien de plus beau, poursuit Franceska. La crise a changé des choses importantes de notre côté et chez tout le monde, je crois. On veut miser sur le côté humain, le local, le bio, le slow living ». La présidente de l’agence nous confie qu’un événement majeur a changé le cours de sa vie l’été dernier. Franceska et sa famille ont déménagé en campagne en raison de ce « wake-up call ». « J’étais déjà dans ce mindset que la vie est précieuse et qu’il faut se concentrer sur les choses qu’on aime, sur des campagnes et des mandats qui nous passionnent ». La pandémie est venue renforcer cette prise de conscience là.

Du côté de Reseau Mentorat, Rina est plutôt optimiste pour le futur. « Nos partenaires financiers continuent de soutenir notre cause, et nos mentors sont plus que jamais mobilisés pour aider les mentorés. Et pour porter ce message, nous avons décidé de lancer, malgré tout, notre nouvelle image de marque. À l’heure du déconfinement progressif, à l’heure des pas prudents vers un retour à la normale. À l’heure de la vie qui continue ! », termine-t-elle.