Peut-être avez-vous vu circuler sur les médias sociaux la plateforme ultra léchée (et glauque) Trump Body Bags, tout juste dévoilée le 25 avril dernier. Peut-être même aviez-vous déboursé 500 $ pour obtenir un (vrai de vrai) sac mortuaire estampillé Trump 2020 faisant allusion aux élections présidentielles prévues à l’automne prochain. Véritable pied de nez envers le président américain qui a mis fin au financement de l’OMS puisqu’elle aurait « mal géré » l’épidémie, les sommes récoltées seront destinées au Fonds de solidarité COVID-19 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

« Une idée à la con » porteuse d’un message réfléchi

C’est aux détours d’une conversation sur Slack avec ses comparses Alexis Caron-Côté et Alexandre Pellerin que Xavier Blais leur a révélé qu’il s’était procuré le lien URL trump2020bodybags.com, matérialisant ainsi le projet dont ils projetaient de faire depuis peu. « J’ai dit aux gars qu’on n’avait pas le choix de le faire (RIRES) », raconte Xavier, associé et directeur de création chez Rethink. « On s’est dit c’est good, on va partir la machine », enchaîne Alexis, concepteur-rédacteur. Le troisième mousquetaire, Alexandre, directeur artistique dans la Ville Reine, ne pouvait malheureusement pas se joindre à notre entretien Zoom.

Alexis Caron Côté_Xavier Blais_Alexandre Pellerin
Alexis Caron-Côté, Xavier Blais et Alexandre Pellerin

Espérant sans doute que les électeurs se souviendront de lui une fois aux urnes électorales, Donald Trump fera apposer son nom sur les chèques d’aide envoyés aux dizaines de millions de contribuables américains. Cette décision inédite ayant provoqué une polémique chez les critiques de Trump risquerait de retarder les envois. Pour nos trois créatifs, c’était la goutte qui a fait déborder le vase. « Il est d’un égocentrisme inégalé, s’insurge Xavier. S’il met son nom sur les chèques, alors mettons-le sur les cadavres aussi ».  

Ce qui a commencé par une « idée à la con » – comme le réitèrent nos interlocuteurs — est en fait un message qui se veut sérieux. C’est simple, les gars veulent que le discours ne passe pas inaperçu. Alexis et Xavier avouent qu’ils jubileraient si leur projet on the side parvenait jusqu’à Trump et qu’il en soit irrité. Ils convoitent même une mise en demeure ! Pourvu que le message soit vu et entendu au-delà de nos frontières.

« On souhaite cimenter ça dans le temps avec un produit qui représente l’ampleur de la crise. Guys, remember, il y a ça qui est en train de se passer, soulève Alexis. Ça prend souvent un symbole pour ce genre de situation et on pense que le sac fait ce job-là parce qu’il y a eu des morts. Il vient cristalliser ce message ».

« La raison pour laquelle on a préféré le logo de la campagne à la signature de Trump sur les sacs est la tenue des élections en novembre, poursuit Xavier. La population des États-Unis représente 4,6 % de la population mondiale et les morts dans ce pays représentent 32 % des morts totales de la COVID. Cette administration-là va essayer de downplay son rôle », déplore-t-il.  

Une collaboration « funky » entre amis

Alexis, Xavier et Alexandre ont voulu « rentabiliser » leurs 5 à 7 Zoom. Outre boire du vin, ils partageaient le désir d’avoir un projet commun pour connecter. « On vit tous quelque chose d’étrange en ce moment et on trouvait ça intéressant de travailler entre humains et amis », stipule Alexis. Ils ont donc profité du temps passé ensemble — à distance — pour développer des projets « funky ».

« On est chanceux ici. Qu’on soit d’accord ou pas avec les actions du gouvernement, ça été géré rapidement. On a la chance d’être dans ce système-là. Notre quotidien, ce sont des photos Instagram de notre pain et des caisses de vin, alors qu’il y a des communautés moins fortunées, marginalisées et racisées aux États-Unis qui n’ont pas cette chance », affirme Xavier.  

Ayant pris goût à leur collaboration, les publicitaires affirment que d’autres projets ressortiront de leurs séances de camaraderies-remue-méninges. « Ce ne sera pas toujours aussi glauque que ça, promis ! », assure Xavier.

Se sont joint au trio l’ami et collaborateur de longue date d’Alexis, Gabriel Grenier (SHED) pour effectuer un rendu 3D mirifique, et Simon Laliberté (BangBang), garant de l’impression.

Un appel aux artistes

Très conscients que l’utilisation première des sacs mortuaires n’allait pas se manifester, les trois publicitaires ont tendu des perches aux galeries alternatives. « Si quelqu’un du Ausgang lit cet article, appelez-nous ! lance Xavier. C’est le genre d’objet qui peut être le “fun” à faire circuler ».

« On aimerait collaborer avec un artiste pour le remplir afin de donner l’impression qu’il y a un corps à l’intérieur plutôt que de simplement exposer un sac », exprime Alexis.   

« Peut-être chiffonner des headlines de journaux dénonçant le management de la crise ? », s’aventure Xavier.

Pour eux, la plateforme Trump Body Bags est une première étape d’entamée, vouée à évoluer différemment, collectivement.

Vous désirez faire un don ? Cliquez ici. Vous êtes un artiste souhaitant collaborer ? Envoyez un courriel à Alexis, Xavier et Alexandre en cliquant juste ici.

Trump Body Bags 1

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Trump Body Bags 3

Trump Body Bags 4