Le Grenier est allé à la rencontre virtuelle de Dominique Villeneuve, présidente-directrice générale de l’Association des agences de communication créative, afin de prendre le pouls de l’industrie. Avant de rentrer dans le vif du sujet, on prend le temps de se demander « comment ça va ». En sourdine, le téléviseur diffuse une émission pour enfants. La réalité de bien des parents qui doivent composer avec le télétravail et la garde des enfants ces jours-ci. La PDG de l’A2C nous confirme que son équipe va bien et que le moral reste plutôt bon — malgré le contexte actuel.
« C’est déstabilisant pour tout le monde, nous confie-t-elle. L’ensemble de l’industrie est touché par la situation. Le rôle de l’A2C est d’appuyer le plus possible nos membres dirigeants pour les aider à prendre les meilleures décisions ».

Dominique Villeneuve
Dominique Villeneuve, présidente-directrice générale de l’Association des agences de communication créative

Une industrie solidaire plus que jamais

Pour Dominique et son équipe, le point crucial est de s’assurer que les entreprises puissent survivre. Comme l’information circule à foison en ce moment, l’association s’est donné pour mission de colliger l’information pertinente pour ses membres. Elle tente d’être le plus utile possible par le biais de multiples infolettres, le partage et l’explication des mesures les plus justes. Jusqu’à présent, l’A2C a déjà fait deux rencontres virtuelles avec les dirigeants et une troisième est prévue au calendrier dans la prochaine semaine. « Bien qu’ils soient compétiteurs, dans une situation comme celle-ci, il faut aussi se montrer extrêmement solidaire en tant qu’industrie, car l’objectif est de s’en sortir plus fort et le moins affaibli possible, poursuit Dominique. Les conseils de tous sont les bienvenus pour pouvoir sauver les entreprises et les emplois. On a aussi offert des webinaires sur la gestion de crise, les RH, et la santé mentale, notamment avec le BEC ». Porte-voix de l’industrie, l’A2C est également en relation avec les instances gouvernementales sur différents enjeux.

Le travail continue malgré les ralentissements

Dominique affirme que toutes les agences sont en télétravail, et que les activités se poursuivent. « Certaines équipes sont extrêmement actives et certaines vivent des ralentissements — car il y a des comptes qui ont été arrêtés ou reportés — mais globalement, toutes les équipes travaillent encore dans chaque agence ». L’A2C estime qu’en marketing, vaut mieux continuer plutôt que d’arrêter. « Il faut surtout penser à l’après-crise. Les multiples recherches prouvent qu’en temps de crise, il vaut mieux poursuive ses investissements (et les repenser). Les entreprises qui continuent d’investir s’en sortent beaucoup mieux par la suite ». Dominique estime aussi que c’est le travail des agences : « il y a énormément d’agences qui en discutent avec leurs clients pour les aider dans cette réflexion-là pour ressortir plus forts de la crise ».

« Notre travail initial est d’aider les dirigeants, mais il faut aussi penser aux êtres humains au sein des entreprises. Plus que jamais, il faut prendre soin de nos gens. Être isolé en confinement, c’est dur pour le moral. Il faut qu’il y ait des ressources psychologiques accessibles, nous dit-elle. Cela fait partie de nos préoccupations que l’industrie soit bien desservie et nous sommes extrêmement chanceux de pouvoir compter sur le BEC ».

Achats locaux et médias

Dans la foulée de l’achat local, l’A2C croit que dans notre industrie, il faut penser aux médias locaux. « Depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, la discussion était déjà entamée au sein de l’industrie. Je pense que c’est une responsabilité des annonceurs d’ici de repenser leurs plans média dans le contexte pour encourager les médias d’ici ». Dominique considère que l’industrie a une part de responsabilité de penser à des achats locaux de biens, mais aussi de médias : « les agences sont extrêmement sensibles à la situation et recommandent des plans à leurs clients ».

Subvention salariale à 75 % : un soulagement ?

À la fin mars, le gouvernement Trudeau avait annoncé une subvention de 75 % des salaires des employés des PME touchées par la pandémie. Une mesure rétroactive au 15 mars, et pour un maximum de trois mois. « Cette annonce vise à éviter de faire des mises à pied temporaire — c’est le souhait du gouvernement. Mais les critères annoncés sont vraiment trop restrictifs présentement », affirme Dominique lorsqu’on lui demande si les agences ont bien accueilli cette nouvelle. « On est en discussion avec la Chambre de commerce du Montréal métropolitain avec différents députés et ministres pour faire valoir les mesures actuelles. Selon l’information qui m’a été partagée, il y a une réflexion qui est en cours afin de rendre les critères plus flexibles. En effet, étant donné que toute entreprise en croissance est exclue de la mesure, il est légitime d’apporter certains correctifs aux critères, car le succès de la mesure n’est pas escompté, du moins pour toutes les agences membres de l’A2C ». L’association suit de près l’évolution des informations dans les prochaines heures ou les prochains jours.

L’après-crise

Actuellement en gestion de crise pour sauver les entreprises à court terme, l’A2C pense aussi à « l’après », et planifie déjà l’automne. Les galas du concours Idéa, qui devaient avoir lieu en mai, ont d’ailleurs été reportés. « On va être extrêmement présents. Nos ressources seront encore plus accessibles et nos services seront revus. Certains éléments seront différents pour s’adapter à la situation, mais l’objectif est de revoir l’ensemble de services et des initiatives de l’A2C avaient mis en place pour bien accompagner les agences. On entend jouer ce rôle-là assez sérieusement dans toutes les phases de cette crise et surtout dans l’après-crise, qui, on l’espère, arrivera le plus vite possible ».

L’objectif, nous mentionne Dominique, est que la crise dure des semaines, et non des mois au niveau global. « On incite tout le monde à respecter les mesures de confinement et les directives gouvernementales ! », termine-t-elle.  

A2C