Cet article a été publié sur le blogue de Republik

En cette période mouvementée, politiciens, économistes et entrepreneurs s’entendent sur un message commun : il faut encourager l’achat local. Mais acheter local, ça veut dire quoi ?

L’économie du Québec et du Canada a besoin de chacun d’entre nous, et il faut lui tendre la main, non seulement pour épauler autant que possible une économie affaiblie par la crise de la COVID-19, mais aussi pour accélérer sa relance lorsque nous pourrons sortir de nos foyers en toute sécurité.

Dans le contexte actuel, il y a certainement lieu de définir, voire d’élargir, les paramètres à considérer lors de nos décisions d’achat.

Qu’est-ce que l’achat local ?

Quand on pense achat local, on se tourne plus naturellement vers nos artisans et petits détaillants de quartier. Mais soyons également conscientisés à la contribution des grandes marques de chez nous. L’un n’exclut pas l’autre, et en nous informant davantage, nous avons le pouvoir de créer notre richesse. D’atténuer les dommages.

Acheter local, c’est acheter des entreprises d’ici. Des petites et des grandes. Acheter local, c’est aussi faire travailler des gens d’ici. C’est protéger des emplois et des familles.

Il faut souligner que l’achat local n’est pas toujours synonyme d’économie durable. Les aspects sociaux et environnementaux liés à l’économie durable sont complexes et non exclusifs à l’achat local, bien qu’ils s’y prêtent souvent. Inversement, les achats « délocalisés » ne sont pas nécessairement « non durables ».

Il ne s’agit pas de déprécier les nombreuses marques étrangères socio et/ou éco responsables (plusieurs sont dignes de mention !), mais plutôt de valoriser celles qui sont près de nous.

Ci-bas, 3 questions à se poser pour savoir si un achat est local ou non ainsi que 4 séries d’exemples pour les industries de la restauration, de l’alimentation, des achats en ligne et de la mode.

Achat local

Trois considérations pour savoir si votre achat est local

1 Où se situe le siège social de l’entreprise?

C’est-à-dire, cette entreprise génère-t-elle, même en cette période de crise, des emplois dans ma région/province/pays ? Toute entreprise qui vend ses produits au Canada crée forcément des emplois en service à la clientèle. Mais crée-t-elle des emplois à valeur ajoutée ? Tout dépendant des industries, ces emplois comprennent souvent les activités administratives, la conception et l’innovation, l’emballage, l’entreposage et la livraison.

2 Où sont transformés, fabriqués ou assemblés ces produits?

C’est-à-dire, est-ce que ces entreprises mobilisent notre force de travail, à l’un ou l’autre des niveaux de transformation ? Plus il y a d’étapes de la chaîne de valeur qui se situent au Québec ou au Canada, plus cette entreprise est dite locale.

3 D’où proviennent les matières premières utilisées pour la confection de ce produit?

Attention, c’est souvent ici que l’on observe un point de rupture pour les puristes de l’achat local.

Mettons en pratique ces questions avec des exemples concrets

Prenons quelques exemples du quotidien et appliquons les trois considérations de base aux industries de la restauration, de l’alimentation et du commerce en ligne.

Scénario #1 Lindustrie de la restauration : pour quelle chaîne de restaurants opter ?

Congé de boîte à lunch. Vous souhaitez commander un lunch à emporter et hésitez entre Subway, St-Hubert et Starbucks.

St-Hubert : il s’agit d’une entreprise canadienne qui opère via un réseau de franchises. Ainsi, la totalité de ses bénéfices est investie localement. Lorsque vous commandez votre quart-cuisse à Saint-Jérôme, c’est non seulement le franchisé et ses employés que vous encouragez, mais aussi les producteurs de poulet, de bœuf, de pain et cultivateurs de choux d’ici. Lorsque vous commandez du St-Hubert, vous soutenez sans contredit notre économie locale. Dans la même veine : Copper BranchPizzeria 900AshtonMandy’sVan Houtte.

St-Hubert, c’est oui!

Subway : il s’agit d’une entreprise américaine. Apportons toutefois la nuance qui suit. Il s’agit d’un réseau de franchises où une partie des bénéfices de l’établissement que vous choisissez d’encourager sera ainsi réinvestie dans l’économie locale. Subway fait également un effort au niveau de l’approvisionnement de certains ingrédients (par exemple pour le bœuf et le jambon 100 % canadiens).

Subway, c’est oui, mais il y a mieux!

Starbucks : il s’agit d’une entreprise américaine qui opère via des établissements corporatifs, et non via un réseau de franchises. Les bénéfices de l’entreprise ne sont donc pas réinvestis localement. L’approvisionnement (par exemple les œufs) et la transformation (par exemple la torréfaction du café) sont également majoritairement délocalisés, dans ce cas précis aux États-Unis. Il s’agit toutefois d’une entreprise qui fait un effort notable en ce qui a trait à la sélection de ses fournisseurs et aux conditions de travail des intervenants de sa chaîne d’approvisionnement (par exemple de leurs producteurs de café), d’où la nuance entre ce qui est durable et ce qui est local.

Starbucks, c’est non!

Scénario #2 Lindustrie des biens de consommation : quel jus acheter en épicerie ?

Le comptoir réfrigéré où l’on retrouve les jus frais à l’épicerie est bien rempli. Plusieurs marques d’ici, mais beaucoup d’ailleurs, se font compétition. Prenons comme exemples Tropicana, LOOP et Oasis.

LOOP : il s’agit d’une entreprise canadienne (basée à Anjou), qui transforme ses produits au Québec et qui, au surplus, utilise des ingrédients qui étaient autrement condamnés aux ordures. Faire le choix LOOP, c’est non seulement un bon choix local, mais c’est aussi un choix écologique qui limite le gaspillage alimentaire. Dans la même veine : OatboxEvive et Pur Vodka répondent à tous les critères de l’achat local.

LOOP, c’est oui, et c’est difficile à battre!

Oasis : il s’agit d’une entreprise canadienne (Lassonde), qui transforme ses produits à Rougemont au Québec. Lassonde emploie plusieurs milliers de personnes au Québec et utilise des produits locaux, comme la pomme, à travers sa chaîne d’approvisionnement. Évidemment, comme ses concurrents, les oranges de son jus ne sont pas locales (elles pourraient difficilement l’être). Oasis est un bon exemple de marque qui, même issue d’une grande entreprise, constitue un achat local. Acheter un produit Lassonde, c’est réinjecter ses dollars dans notre économie. Dans la même veine : Fontaine SantéAgropurSaputo.

Oasis, c’est oui!

Tropicana : il s’agit d’une entreprise américaine (PepsiCo), qui transforme ses produits aux États-Unis et qui s’approvisionne également en matière première aux États-Unis. Dans le contexte économique actuel, le choix Tropicana nous apparaît difficile à justifier. Dans la même veine : Minute Maid, Pepsi, Coke et FritoLay.

Tropicana, c’est non!

Scénario #3 L’industrie du commerce en ligne : quelle plateforme choisir ?

Vous optez pour la livraison d’un produit à domicile. Le produit, qu’il soit lui-même local ou non, est disponible sur plusieurs plateformes. Pour laquelle opterez-vous ?

Amazon : il s’agit d’une entreprise américaine largement utilisée à titre de vitrine pour d’autres entreprises qui distribuent les produits de différents fabricants. Ainsi, pour valider l’aspect local de la transaction, vous allez devoir analyser plusieurs facteurs. Dans bien des cas, si vous cherchez un item précis, un manteau d’hiver par exemple, vous allez réaliser que la localisation du vendeur est souvent difficile à trouver. Vous devrez ensuite investiguer sur l’article lui-même, l’entreprise (la marque), son lieu de fabrication ainsi que la provenance de la matière première utilisée. Les réponses aux trois considérations de base sont difficiles à trouver et souvent insatisfaisantes. Dans la même veine : Ebay, Walmart.

Amazon, c’est non !

Altitude Sports : il s’agit d’une entreprise canadienne qui entrepose les items disponibles sur son site transactionnel à Montréal. Eût égard au produit recherché, vous devrez faire les mêmes recherches que sur Amazon, mais dans ce cas-ci, vous vous assurez que l’intermédiaire entre vous et le fabricant sera canadien et qu’il contribuera à son tour à l’économie d’ici. Pour vous aider à faire une sélection judicieuse, notez que Altitude Sports présente une sélection de marques canadiennes via son filtre Fabriqué au Canada disponible dans l’aide à la recherche. Dans la même veine : Etsy Fait au QuébecBonlook et Simons.

Altitude Sports, c’est oui, et profitez-en pour acheter des produits d’ici !

Signé Local : il s’agit d’une entreprise canadienne qui a mis sur pied un répertoire Web regroupant plus de 450 créateurs offrant des produits conçus, fabriqués et emballés au Québec. Les trois considérations de base sont satisfaites, et même plus ! Dans la même veine : Idée Cadeau Québec, Golf Avenue et LesPAC.

Le site Signé Local, c’est un gros oui !

Scénario #4 Lindustrie de la mode en ligne : quelle marque encourager ?

Vous souhaitez acheter un vêtement ou un accessoire en ligne. Mais par où commencer ?

H&M : il s’agit d’une d’une entreprise suédoise. Elle fabrique ses vêtements et ses accessoires un peu partout dans le monde; Chine, Inde, Bangladesh, Angora mais pas au Canada. La matière première, qui provient rarement du Canada dans cette catégorie, provient elle aussi de pays en voie de développement. On pourrait penser à plein d’autres facteurs qui pourraient vous influencer à ne pas acheter H&M (à part le prix - justement). Mais au bénéfice de cet article, nous allons nous limiter au fait que votre dollar chez H&M ne fait pas beaucoup de chemin dans notre économie. Dans la même veine : Zara et Urban Outfitters.

H&M, c’est non !

Frank & Oak : il s’agit d’une entreprise canadienne. F&O ne fabrique pas ses vêtements ici. Toutefois, vos dollars font beaucoup de chemin localement, à commencer par son siège social situé à Montréal sur Saint-Viateur et leurs 21 boutiques à travers le Canada. À noter que Frank & Oak a également pris un virage vert dans la dernière année au cours de laquelle l’entreprise est devenue B-Corp. La confection, la fabrication et leur approvisionnement de matière a connu un changement radical pour le bien de la planète. Lorsque vous achetez F&O, vous encouragez une entreprise d’ici et vous vous éloignez du fast fashion. Dans la même veine : PeppermintVallierAldoDynamiteGarage.

Frank and Oak, c’est oui !

Audvik : il s’agit d’une entreprise canadienne qui fabrique ses vêtements à Montréal à partir de tissus importés. L’entreprise offre en outre plusieurs options faites à partir de matières recyclées. On encourage ainsi le local et l’environnement. Pourquoi pas! Dans la même veine : KanukQuartzNILGibouC’est BeauLa Petite Garçonne.

Audvik, c’est oui, et commencez par regarder leur collection faite à partir de matériel recyclé !

En conclusion, acheter local c’est surtout s’informer davantage

Les trois considérations de base (localisation de l’entreprise, lieu de fabrication et provenance des matières premières) sauront vous aiguiller vers des choix locaux.

Nous vous encourageons à les garder en tête lors de vos décisions d’achat, tout en vous rappelant que rien n’est parfait et qu’elles devront être jumelées au gros bon sens.

Par exemple, certaines matières premières comme les oranges et les grains de café ne se trouvent pas à l’état brut localement. La solution n’est pas d’enrayer la consommation de jus d’orange et de café, mais plutôt de se tourner vers des entreprises qui transforment les produits localement.

Mettre en perspective les alternatives pour prendre des décisions conscientes, c’est déjà un grand pas ! Si vous hésitez, sachez qu’Internet déborde de renseignements utiles qui vous permettront d’aiguiser vos réflexes de consommation. Si vous avez besoin d’un coup de main, contactez-nous !

Allez-y ! Achetez local ! Il faut penser à l’économie d’ici !

La grande majorité de nos produits de consommation, toutes industries confondues, ont une alternative locale. Profitons de cette période pour nous poser les bonnes questions.

Gardons les entreprises, les producteurs et les marques d’ici en vie !